Voici quelques  DEMEURES de la branche 

Amédée  Prouvost :

  L’hôtel Amédée Prouvost puis Lepoutre

hotel-Amedee-Prouvost-Roubaix

à Roubaix, classé Monument Historique par arrêté du 30 avril 1999, construit vers 1880 par  Amédée Prouvost-Yon, couramment appele Hôtel Auguste Lepoutre à qui il a été loué à partir de 1902.

Il s' agit d' un hôtel d' industriel, entre cour et jardin, avec ses écuries, dont les dispositions sont encore bien conservées. Au rez-de-chaussée, trois salons côté jardin conservent des décors restés dans leur état initial, notamment des cheminées et boiseries moulurées. A l' étage, au bout du palier, existait une chapelle privée. Façade et toiture sur l' avenue des Nations-Unies ; façades et toitures sur la cour ; façade et toiture sur le jardin ; les trois salons du rez-de-chaussée donnant sur le jardin ; la cage d' escalier, y compris l' escalier (cad. BR 21, 22) : inscription par arrêté du 30 avril 1999; décor : menuiserie. éléments protégés MH : élévation ; salon ; escalier ; décor intérieur.
site protégé : abords d'un monument historique;A partir de 1940 environ, le commissariat de police s' y est installé.
Nations-Unies (avenue des) 301

Chez Amédée-Charles et Marie Prouvost 
113, boulevard de Paris à Roubaix

 « Face à la porte d'entrée, s'élevait une sorte de coupole destinée à mettre a l’ abri de la pluie les équipages et leurs passagers. Cette coupole avait reçu en famille le nom de « pâté chaud ». L'oncle Amédée, jeune, espiègle et taquin, avait peu après sa construction envoyé un télégramme à I’ architecte pour lui annoncer que le « pâté chaud» s'était écroulé, ce qui ne s'était produit que dans son imagination. » « La porte une fois franchie, il fallait monter quelques marches pour accéder à un spacieux vestibule, la première pièce sur la droite était le bureau de grand-mère dont le principal ornement était un bureau à cylindre qui avait été celui de son père, dont le portrait se trouvait accroché au mur. Le bureau a été acquis, sauf erreur, par J. Lesaffre. Dans cette même pièce se trouvait un tableau de Martin, peintre ordinaire du Roi, représentant Mme de Maintenon et les filles naturelles de Louis XIV. Ce n'est pas grand-mère qui m'expliqua le sujet du tableau, car je n'y aurais rien compris ; le tableau est actuellement dans mon salon. 
La pièce voisine était la bibliothèque, dont à  I’occasion de quelques rangements nous recueillîmes, mon frère Jules et moi, quelques épaves qui charmèrent notre enfance. Dans I’ une des armoires se trouvaient de merveilleux cigares de Havane, Henry Clay, que grand-père offrait généreusement a ses petits-fils soldats, et qui, fumés le lendemain, en acquirent une certaine célébrité à la caserne du 41me d'Artillerie a Douai. 
Les deux pièces voisines étaient deux très beaux salons, I’un donnant sur le boulevard, l’ autre le salon blanc donnant sur le jardin. Le premier salon comportait une cheminée de marbre surmontée d'un grand portrait en pied de la princesse de Conti, fille naturelle de Louis XIV, c'est du moins I’ explication que m'en donna grand-père en 1927 peu avant sa mort, et cette fois, je compris. Ce très beau tableau de C. Van Loo est actuellement chez ma sœur Jeannette. Ce qui peut donner une idée de la dimension de ce salon, c'est que deux pianos à queue étalent à I’aise. Je conserve un souvenir enchanté du jeu de grand’mère et de I’ oncle H. Dubois. C'est en l’écoutant que je connus, enfant, les noms de Debussy, Granados et Albéniz. Des tableaux, naturellement, ornaient les murs. Je me souviens notamment du portrait de son grand-père, le général Morvan, qui me faisait grande impression et qui le fit aussi sur mon plus jeune fils qui, encore enfant, me poussa à I’ acquisition dans la succession de ma mère. 
 Le salon blanc, ainsi nommé en raison des meubles et de la cheminée de marbre blanc, avait ses murs ornés de tableaux de Guardi et de portraits du XVIIIème siècle anglais, la seule grande époque, selon moi, de la peinture anglaise. 
Donnant encore sur le jardin, une grande salle à manger; la cheminée était supportée par des sortes de grands géants barbus a I’ échelle réduite, mais à la forte musculature et dont nous allions volontiers chatouiller le nombril. A gauche de la cheminée, un tableau de J. Weiss, ami de grand-père, auquel, sur sa demande, j'allais rendre visite dans sa propriété prés du merveilleux parc du Duc de Norfolk et qui m'a dit que quand il avait des cauchemars, il pensait qu'il allait vendre du tissu a Bradford et Manchester, ce qui n'était guère encourageant pour le jeune fabricant que j'étais alors. A droite de la cheminée, des tableaux de Troyon ; je me souviens d'une conversation de grand-père avec I’ historien Franz Funk Brentano qui avait des tableaux presque identiques. Tous deux étalent d'accord pour dire que leurs tableaux étaient bien du Maître et que le Louvre en possédait seulement des copies. Face a la cheminée, seule concession a la peinture moderne, deux tableaux d'H. Martin dont un au moins se trouve chez les Auger à Ville-d'Avray. Dans cette salle à manger étaient servis des repas savoureux, dus au talent notamment de Zélie. » « Parfois les repas de famille étaient bien  un peu solennels pour la jeunesse en bout de table, surtout quand Mgr Laugier, directeur de I'Oeuvre d'Orient, aux yeux de charbon et à la barbe fleure, appelait grand-père d'une voix de basse « M. Le Président ». II n'y avait qu'une ressource pour détendre I’ atmosphère en cette occasion : pousser hypocritement un jeune cousin Dubois à quelque espièglerie. » 
A gauche de I’ escalier d'entrée se trouvaient le vestiaire et I’ escalier de service aux larges dimensions. Je conserve souvenir surtout de I’ odeur de ce vestiaire due, je crois, à I’ essence des boiseries qui le décoraient, du merisier peut-être. Un escalier d'honneur de larges dimensions conduisait au premier étage. Les marches en étalent surmontées par un immense tableau, actuellement chez moi, représentant une apparition de la Sainte Vierge à Sainte Catherine de Sienne semble-t-il, par Alonzo Cano. Ce tableau avait été acquis par nos grands-parents, encore jeune ménage, et occupait du plancher au plafond la hauteur d'une chambre de leur maison, rue Neuve. Le premier étage comportait un vaste vestibule dont la pièce maitresse et le centre était I’ oratoire. Parfois, un prêtre ami y disait la messe et presque tous les ans la messe de minuit y était célébrée a Noël par un de mes anciens professeurs qui avait, selon certains, la mauvaise habitude de dire consécutivement les trois messes de Noel. C'était un peu trop pour la piété des fidèles qui s'égaillaient, ou pour Marcel Segard qui sommeillait malgré les chants de Noël qui émanaient du rez-de-chaussée. L'oncle Henry Dubois essayait de tirer le meilleur parti d'un orgue un peu délabré, en accompagnant la voix d'or de tante Marthe. 
En dehors des chambres le premier étage comportait, à droite, le bureau de grand-père, dont le principal ornement était de petits Corot d'Italie. Au second étage, dans deux pièces et un vestibule était logée, assez au large, la galerie de tableaux qui fut aussi I’ enchantement de notre enfance. Pour ceux de mes cousins qui ont conserve le catalogue illustre de la vente effectuée le 22 octobre 1927 à Amsterdam, je signalerai ceux de ces tableaux dont j’ai conservé surtout le souvenir. Le meilleur lot de tableaux se trouvait dans la salle de gauche en montant et consacrée à la peinture flamande. Numéro 404 : Le portement de Croix  de P. Brueghel le jeune. Grand-père m’en a fait compter les nombreux personnages. Numéro  406 : Portrait de jeune femme, de Van Cleef. Ce très beau tableau, admire par toute la famille, généralement masqué par un soierie et, après avoir fait I’ objet de nombreuses expertises et d'attributions prestigieuses, fut vendu aux enchères d'Amsterdam. Le plus haut prix semble avoir été donné pour le numéro 413, Maître de Bruges : Portrait d'une dame âgée. J'ai toujours eu beaucoup d'amitié pour le numéro 426 dont on disait en famille qu'il était le portrait de Montaigne et dont on m'invitait à compter les cheveux. J'ai conserve un très bon souvenir pour la profondeur et la transparence de ses bleus, du numéro 459, école de Y. Patiner et ai toujours beaucoup d'attention pour les tableaux de ce peintre. 
Dans une armoire ancienne était conserve le tableau le plus précieux, sentimentalement du moins, de toute la galerie. Cette crucifixion, attribuée à Van Der Weyden, ne fut pas mise en vente à Amsterdam. Grand-mère y attachait beaucoup de prix car I’ oncle Amédée avait demandé que ce tableau fut apporté dans sa chambre pendant son agonie. Mis en vente après la mort de grand-mère à l'hôtel Drouot, il fut I’ objet d'une compétition entre tante Thérèse et moi-même agissant pour le compte de ma mère. J'ignorais du reste cette compétition, qui ne me fut connue qu'au moment ou ma chère tante, qui était ma voisine, se vit attribuer le tableau par le commissaire-priseur auquel elle avait donne ses instructions. J'avais cherché sans succès à retrouver la trace des tableaux dispersés a Amsterdam, je n'ai retrouvé la trace que d'un seul, le numéro 422, un Jugement de Paris, mais il était trop tard pour I’ acquérir. II est resté à Amsterdam; je I’ ai retrouve une première fois au Rijksmuseum auquel il avait été légué par Sir Henry Deterdinf, directeur de la Royal Butch. J'ai retrouvé ce petit tableau, dont les chastes nudités étalent voilées à nos yeux d'enfants, quelques années plus tard sous le numéro 840 dans le plus beau musée du monde a mon goût, le Mauritshuis à La Haye, sous le numéro 846. 
Un vestibule servait de passage entre les deux pièces de la galerie de tableaux. C'est là que se trouvait le « Jugement de Paris » que je viens d'évoquer. Le cardinal Charost, premier évêque de Lille et, tous les ans, invité de nos grands-parents, appréciait fort le tableau. Des colonnes en bois sculpté, une tête de vieille femme que grand-père attribuait à Rubens, les anges musiciens dans le style de Memling dont grand-père disait qu'ils avaient inspiré J.-S. Bach, sont les œuvres les plus saillantes dont je me souvienne dans cette pièce. La grande pièce voisine donnant sur le boulevard, était consacrée à la peinture généralement Française des XVII° et XVIII° siècles. Les tableaux n'avaient pas le même prestige que ceux de la galerie voisine. » 
« Cette grande maison blanche fut I’ enchantement de mon enfance et je crois bien  de celle de tous mes cousins. J'en conservé un inoubliable souvenir un peu assombri par le fait que je reçus en 1942 la procuration des héritiers pour signer I’acte de vente de cette maison pour un prix qui, selon moi, représentait à peine le double de ce qu'elle avait couté à construire en 1895. II est intéressant de noter qu'en même temps que grand-père construisit ce qui était un peu un palais, ses frères Albert et Edouard construisaient sur le même boulevard de Paris des maisons aussi prestigieuses, ce qui donne une idée assez précise et flatteuse de I’industrie du peignage à cette époque. L'architecte fut M. Liagre, ami de grand-père. » 
« Une description du 113, boulevard de Paris serait incomplète si je n'évoquais pas le jardin et les écuries. Le jardin était de dimension relativement modeste, mais il bénéficiait du voisinage immédiat de I’avenue conduisant du boulevard de Paris au château Bossu puis Cavrois. Cela facilitait les communications avec la maison de mes parents et celle d'Edouard Prouvost. A la fin du siècle dernier, toute grande maison bourgeoise comportait des écuries, mais nous n'y vîmes jamais ni chevaux, ni voitures. Par contre nos grands-parents, sans doute émus du traitement que leurs petits-enfants faisaient subir à leur mobilier, nous réservèrent ces écuries comme terrain de jeux sous le nom de « Hurlerie ». Les chevaux avalent été remplacés par les autos que grand-père avait très vite adoptées. Les marques en avaient été successivement Mors et La Buire. Si les modèles se succédaient, le chauffeur était toujours fidèle au poste. II se nommait François Depléchin, astiquait à merveille les cuivres des phares. II conduisait fort rapidement; je me souviens d'une remarque de Mimi Auger, disant que François conduisait comme un fou et faisait notamment la route de Lille en 9 minutes. Je crois qu'i1 est difficile actuellement, en raison des feux rouges, d'égaler le record. François jouissait d'un grand prestige auprès de mon frère Xavier et de Claude Lesaffre, dont il évoquait le souvenir pour moi, 30 ans après avoir quitte le service de mes grands-parents. 
Apres la guerre de 1914, la grande maison blanche du boulevard ne retrouva jamais plus le même éclat qu'aux années d'avant-guerre. Nos grands-parents y étaient seuls, une moitié au moins de leurs descendants n'était pas revenue dans le Nord après la guerre, et le ménage Auger les attirait tout particulièrement dans la capitale. ils avalent par ailleurs acquis à Mandelieu, vers 1920, une propriété où ils recevaient leurs petits-enfants avec grande générosité.
La dernière belle réception que nos grands-parents donnèrent boulevard de Paris, à l’ occasion de leurs noces d'or, eut lieu en 1925. »
Textes de Jacques Toulemonde  écrits à Roubaix en 1970-71 dans une brochure intitulée : D’un siècle à l’autre de Bretagne en Flandre : Souvenirs d’une grand’ mère présentés par son petit-fils.
L’avenue de Paris s’appelle avenue Charles de Gaulle à Roubaix.


Chez  Albert Félix et Marthe Prouvost

50, boulevard de Paris à Roubaix

«  En 1888, mes parents entreprirent la construction, sur le plan d'un architecte ami d'enfance de mon père, Achille Liagre, d'une grande maison à l'angle du Boulevard de Paris et de la rue Charles-Quint orientée au Midi et dont toutes les pièces étaient très agréables à habiter. Les enfants furent particulièrement bien installés : un vaste rez-de-chaussée de plain-pied avec le jardin leur était réservé. Les salons et la salle à manger étaient au premier étage, les chambres au second. 
En 1889, ce fut l'inauguration de la nouvelle demeure dans laquelle parents et enfants allaient vivre 25 années d'un grand bonheur. 
Nos parents menaient une existence mouvementée de jeune ménage: nombreux voyages a Paris, mondanités très astreignantes : tous les soirs un diner, à  l'exception du vendredi, jour d'abstinence et du dimanche consacré traditionnellement à la famille. Un dimanche sur deux était réservé au Vert-Bois, l'autre au déjeuner et au diner de la famille Prouvost chez la bonne-maman, rue Pellart. 
Vous pouvez vous en rendre compte en feuilletant l'album de famille, ma mère était une jeune femme d'une resplendissante beauté, mon père avait très grande allure; tous deux attiraient l'admiration et l'amitié par leur bienveillance et leurs gouts raffinés. Les réceptions, 50 Boulevard de Paris étaient brillantes, la table réputée. 
Mes parents consacraient dans leurs voyages à Paris une large place au théâtre et spécialement à la Comédie Française. L'un et l'autre très lettrés, ils étaient spécialement assidus aux représentations des classiques. Connaissant à fond le répertoire, ils n'allaient pas au Français entendre le Cid  Phèdre ou Bérénice, mais applaudir les acteurs qui en étaient les grands interprètes. A cette époque Rachel avait termine sa triomphale carrière, mais Sarah Bernhardt, Bartet, Mounet-Sully, les Coquelin étaient au zénith de leur gloire éphémère. Le théâtre du boulevard avait aussi de très belles troupes : les noms les plus appréciés étaient ceux de Réjane et Jeanne Granier, Brasseur, Baron, Guy, Lavallière aux Variétés. 
Le 50, Boulevard de Paris comportait au dernier étage un immense grenier inutilisé. Dans leur passion du Théâtre, mes parents eurent l'idée d'y construire une petite scène et d'y jouer la comédie entre amateurs. Naquit donc vers 1892 ce qu'on nomma par la suite « le Théâtre Albert ».  Pour l'inauguration du grenier-théâtre, des acteurs de Paris furent engagés, notamment Prince qui devait acquérir une grande notoriété de fantaisiste, les sœurs Mante, danseuses étoiles de l'Opéra. Les décors étaient charmants, la soirée fut sensationnelle.  A partir de cette date, chaque année mes parents s'ingéniaient à découvrir une bonne pièce nouvelle en un acte et s'attaquaient en trois actes aux pièces à succès du moment, le théâtre de Scribe, Augier ou Labiche. Les amateurs de notre région y furent étonnants de brio. Parmi eux, outre mes parents qui jouaient chaque année, les plus fêtés furent la belle Madame Félix Ternynck et son mari, Albert Masurel, René Wibaux. Mes parents prirent tellement au sérieux leur rôle d'acteurs improvises qu'ils demandèrent des conseils a deux célèbres Sociétaires de la Comédie Française, Le  Bargy et Georges Berr, afin de perfectionner leur technique forcement sommaire.  Plus tard, entre 1900 et 1910, de nouveaux jeunes premiers accédèrent aux planches du théâtre Albert.  Trois de mes cousins germains y furent particulièrement appréciés : Amédée Prouvost, Léon Wibaux et Charles Droulers. Ils y jouèrent la comédie, puis en association écrivirent chaque année une petite revue, dans laquelle ils montraient autant de verve que d'esprit: Ces revues étaient le clou de la soirée « théâtre Albert» du 1" janvier. L'un après l'autre tous les cousins et toutes les cousines de tous âges (y compris mon frère, mes sœurs, ma femme et moi-même) ont tenu un rôle dans ces revues ou joue la comédie. Aucun de nous n'a perdu le souvenir des joyeuses répétitions et des émotions - quelquefois du trac - de la générale et de la grande première. Ces soirées de l’An nouveau réunissaient dans la joie parents et enfants." 
Nous formâmes une société de chasse et trouvâmes un territoire de grande classe à Pétrieux, près de Tournai: 600 hectares de plaines et au centre un bois de 120 hectares et un château. Six associés : Edmond Lefebvre, Paul Cavrois, Jean Segard, Eugène Rasson, Jules Desurmont, Albert-Eugène Prouvost.De 1923 à 1937, Jules et Marcelle y présidaient merveilleusement. Nos plus fidèles invités furent Jules Masurel et Françoise, Robert Motte et Marie, Eugène Watine et Madeleine ; Paul Géraldy vint, expérience peu concluente pour lui ; en juin, les jeunes venaient avec un orchestre de jazz pour des dîners par petites tables : ce furent là que Marguerite Prouvost rencontra Jacques Segard pour la première fois. 
Ayant découvert le soleil de la Côte d’Azur après des été bretons pluvieux, nous louâmes de 1929 à 1939 la « Vierge Noire », près de sainte maxime. : nus y reçumes beaucoup dont Germaine et Jacques Prouvost, les René Toussin et leurs filles, les Paul Cavrois, les Eugène et Philippe Motte, les Jacques Boyer-Chammard, Manette Masurel, Odile Motte, Loteley Gouin.  En 1929, nous arrivâmes à Sainte Maxime avec un « despujol » : « la Pinta », 15 m de longueur qui nous obtint en 1930 le Grand Prix de l’élégance à Cannes. Paul Géraldy fut un des premiers à adopter les vacances dans le midi. : il fit construire à Beauvallon, la Colline » : nous voisinions entre Sainte Maxime et Beauvallon ; un jour lui ayant proposé du planking (ancêtre du ski nautique, il débutat très bien puis tomba et ne lacha pas la corde ce qui le rendit quasi noyé, mais il s’en sortit fort bien.  Passé la crise, entre 1929 et 1933, je louais à Lady Granart un appartement 22, rue Barbet de Jouy ; entre 1933 et 1939, j’achetais en vente à Drouot et à la galerie Charpentier, au tiers du prix d’avant 1929, des tooiles d’impressionnistes : Renoir, Pissaro, Sisley, Boudin, Redon, Bonnard, Vuillard.  Depuis 1930, le succès de Jean Prouvost fut considérable ; Albert y eut une participation, Jacques et Marguerite Segard l’ont augmentée.  Trois fois par an (fêtes de l’An, Pâques, Juillet-août) les familles se retrouvaient à Pibonson que Rita décorait touojurs plus et Au Cap Bénat qu’Albert et Anne venaient d’acquérir en 1953. ; nous avions d’excellents voiliers : l’Iska pour les Jacques Segard, la Pinta pour les Albert-Auguste. 
« 
Nous avons en commun et par atavisme le désir d’ajouter chaque année au patrimoine artistique de nos intérieurs quelques meubles de qualité, de beaux tableaux, de jolis bibelots. N’est ce pas, sur le plan sentimental, une des joies de la vie que de pouvoir retrouver chaque jour, dans un ensemble d’objets attachants, des souvenirs témoins à travers les générations, d’un beau passé ? » 
« Souvenirs de famille » Par Albert-Eugène Prouvost, 1960.

chateau-du-Vert-Bois-a-Bondues-Prouvost

Le château du Vert Bois et la Fondation Septentrion :

Le château du Vert Bois est ce que l’on appelait au XVIIIe siècle une "folie", c’est à dire un pied-à-terre campagnard pour famille fortunée. Construit en 1743, il passa entre diverses mains avant d’être acquis en 1869 par Louis Duchochois, un aïeul de la famille Prouvost. Et c’est après la Seconde Guerre Mondiale qu’Albert Prouvost vint habiter au Vert Bois avec sa jeune épouse Anne, aux côtés de ses parents. Comme son père, qui s’était enthousiasmé pour les Impressionnistes, Albert Prouvost partagea la passion de la peinture avec son épouse, rencontrant Bonnard, Chagall, Derain, et achetant leurs œuvres. Parallèlement, ils se constituèrent deux très belles collections de minéraux et de céramiques antiques. Autant de "trésors" dont Albert et Anne décidèrent un jour de faire profiter le public le plus large possible. Si Albert Prouvost était l’un de ces "capitaines" d’industrie qui ont fait la réputation du textile nordiste, il était aussi un patron social. C’est en effet lui qui fut le fondateur du CIL de Roubaix-Tourcoing, destiné à améliorer le logement social grâce à des cotisations patronales. C’est dans ce même état d’esprit qu’Albert et Anne Prouvost se "lancèrent", dans le mécénat artistique en 1967, en organisant, au château de la Vigne à Bondues, une exposition des collections privées du Nord, qui attira en deux mois près de 40 000 visiteurs ! Un succès qui les conforta dans leur volonté de créer une fondation.

Mais comme la structure est longue à mettre en place, ils ouvrirent d’abord, dans l’ancienne ferme du Vert Bois (la Ferme des Marguerites), le Centre artistique de Marcq-Bondues, qui deviendra vite La Galerie Septentrion. Et lorsqu’Anne Prouvost, à l’ouverture de la Fondation, cessa de s’occuper du lieu, celui-ci devint une galerie privée telle qu’on la connaît encore aujourd’hui. La Fondation ouvrit, en octo- bre 1975, dans la grange, le hangar et une longue étable de la Ferme des Marguerites. L’inauguration en fut assurée par Chagall, et, pendant des années, les plus grands noms s’y succédèrent : Dufy, Rouault, Bonnard, Braque, Laurens, Caillebotte, Cocteau… Mais, au fil du temps, l’augmentation du coût de transport et d’assurances des œuvres réserva ce type de manifestations aux musées publics. Le décès, en 1991, d’Albert Prouvost, accentua ce mouvement inéluctable. Et quand, la succession liquidée, Ghislain Prouvost hérita du château du Vert Bois, il donna une nouvelle orientation à l’ensemble culturel marcquois. Le château que son père et sa mère faisaient visiter eux-mêmes au public tous les dimanches, depuis 1969, fut fermé pour travaux pendant deux ans (1994-1996), et fut redécoré et remeublé dans l’esprit de son temps, le XVIIIe siècle. 

Et, surtout, Ghislain Prouvost privilégia l’aménagement du parc de 60 hectares qui entoure le château : traçage de nouvelles allées, création de pièces d’eau, plantation d’arbres… sans oublier l’installation de nouvelles sculptures. Au groupe de pierres d’Eugène Dodeigne (près de la Fondation) et au Neptune de Jean de Bologne, sont venus s’ajouter, en mai 2003, un deuxième bronze du même sculpteur, originaire de Douai, "L’Enlèvement des Sabines", et le bélier de Paul Hémery qui ornait la façade roubaisienne du Peignage d’Amédée. Quant à la Fondation, à partir de fin 2001, elle ne vivait plus que par la seule présence des œuvres de la collection Prouvost, qui finirent par être enlevées en décembre 2002. Images de Marcq Juillet-Août 2004

Château de Drée

Chateau-de-Dree-Ghislain-Prouvost          Chateau-de-Dree-Ghislain-Prouvost          Dree-jardins

Jusqu'en 1769, ce château porta le nom de La Bazolle.

Enfin, le 55, rue Royale à Lille,

entre cour d’honneur et jardin, qui fut illustré par Albert-Bruno et Corinne Prouvost.

55-rue-Royale-Lille-Albert-Bruno-Prouvost

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