Vision et génie international
des "familles du Nord"
Au XIXe et
une partie du XX° siècle, Roubaix a été une capitale mondiale du textile, abritant même la bourse de la laine
(aujourd’hui située en Australie). « L’
Europe a un axe majeur
d’échanges entre l’ Italie et l’ Europe du Nord; Les Flandres méridionales
en font partie. Comme le montre Braudel, on trouve dès le Moyen Âge des
premières manifestations du capitalisme commercial en Italie et aux Pays-Bas.
Le commerce maritime avec l’ Orient, a enrichi les cités italiennes à la suite
des croisades, tandis que les Pays-Bas, à l’ embouchure du Rhin, font le lien
entre l’ Italie et l’ Europe du Nord dominée par la ligue hanséatique. Dans les
grandes cités, les marchands de draps et de soieries adoptent des méthodes de
gestion capitalistes. Ils effectuent des ventes en gros, établissent des
comptoirs et vendent leurs produits dans l’ ensemble des grandes foires
européennes. Ils se fournissent en matières premières aussi bien en Europe
qu'au Levant. Dans cette époque troublée du Moyen Âge, ils règlent leurs paiements
par lettres de
change, moins dangereuses
que le transport de métaux précieux. C'est donc
logiquement que se développeut,
en parallèle du capitalisme commercial, les premières
activités bancaires du
capitalisme financier : dépôts, prêts sur gage,
lettre de change, assurance
pour les navires. Venise est le centre d'une «
économie-monde » à la fin du
Moyen Âge. Ces capitalistes s'enrichissent si bien qu'ils
étendent leur emprise
économique sur l’ ensemble de l’ Occident
chrétien, créant ainsi ce que Braudel
appelle une « économie-monde ». Dans son analyse,
Braudel distingue l’ «
économie de marché » du capitalisme, ce dernier
constituant une sorte de «
contre-marché ». Selon lui, l’ économie de
marché (c’est-à-dire l’ économie
locale à cette époque) est dominée par les
règles et les échanges loyaux, parce
que soumise à la concurrence et à une relative
transparence, le capitalisme
tente de la fuir dans le commerce lointain afin de s'affranchir des
règles et
de développer des échanges inégaux comme nouvelles
sources d'enrichissement.
Dans les grandes villes spécialisées d'Europe, l’
artisanat, tourné
essentiellement vers l’ exportation, est dominé par les
grands négociants et
drapiers, si bien que les rapports économiques entre artisans et
marchands
s'apparentent à du salariat. Les négociants
contrôlent à la fois l’ apport de
matières premières en amont et la vente des produits
finis en aval. La
population urbaine se différencie déjà en
plusieurs classes économiques
distinctes, riches pour certaines, pauvres pour d'autres . La ville de
Florence
en est le parfait exemple : on y trouve très tôt des
banquiers qui développent
des succursales à travers l’ Europe et asservissent
l’ industrie à leur
recherche du profit. Parmi eux de grandes familles , telle celle des
Médicis,
créent les premiers rapports « privilégiés
» entre le monde des affaires et le
monde politique. »
Tôt dans l’ Ancien Régime, les négociants nordiste commerçaient avec l’ Europe, par les mers et par le grand axe européen Flandres-Italie: au XVII° siècle, Urbain Virnot, ancêtre des Prouvost-Virnot, famille lilloise venue du val d’Aoste par ce même axe européen, commandita Jean Bart pour accompagner ses deux navires : « la Sorcière « et « la Serpente » ; le corsaire eut raison de pirates barbaresques ; puis il se mit au service du Roi.
Urbain Dominique Virnot, dans la 2° partie du XVIII ° siècle, commerçait avec des destinations lointaines le sel et les épices.
et son gendre, François Barrois-Virnot, futur maire de Lille et député, voyageait pour ses affaires; il raconta un voyage d’affaire en Italie dans ses mémoires « le Caducée et le Carquois».
Roubaix fut capitale mondiale de la laine
Concernant Roubaix, " depuis
Charles Quint, les mêmes familles dominent la Fabrique Roubaisienne : Pollet,
Mulliez, Prouvost, Van Reust (qui devient Voreux), Leclercq, Roussel,
Fleurquin, Florin, Malfait. Elles assurent la majorité de la production."
Hilaire -Trénard: Histoire de Roubaix".
Mais le Nord industriel prit une importance
économique de premier plan au XIX° siècle qu’a exposé avec brio Pierre
Pouchain dans sa magistrale somme « les Maîtres du Nord ».
Les grands fondateurs d’industries sentent le monde nouveau apparaître : Amédée I Prouvost, 1820-1885, « fut dans sa jeunesse un infatigable voyageur : la lente et banale diligence lui déplaisait : un beau jour, il monta à cheval, il partit, il parcourut toute la France, s’extasiant devant les paysages, s’arrêtant à la porte des usines, mêlant dans son carnet des impressions d’artiste et des notes d’affaires, exemplaire inédit du roubaisien à la fois aventureux et positif. Se horizons se sont élargis dans ce contact avec le monde et les industries diverses. Il est revenu, l’ âme accueillante à toutes les initiatives, fidèle aux traditions du passé, mais incapable de les confondre avec la routine. Il crée à Roubaix le peignage mécanique de la laine. »
« La Lainière de Roubaix était une entreprise française du secteur du textile qui a ouvert en 1912 pour fermer le 17 janvier 2000. Elle était un fleuron de l’empire Prouvost. Évolution du nombre d’employés : février 1957 : 7 800; janvier 2000 (à sa fermeture) : 212. Usine annexe à Cambrai comptant jusqu’à 1 300 ouvriers. Bâtiments à Roubaix et Wattrelos sur seize hectares. Produits lancés (entre autres) : la pelote de laine Pingouin en 1926 ; les chaussettes Stemm en 1948 (avec parrainage du groupe de rock Les Chaussettes Noires en 1961). Anecdotes :À son apogée (années 1960), le fil produit par l’entreprise en une journée aurait suffi à faire quarante fois le tour de la Terre.L’entreprise fut visitée par Élisabeth II et Nikita Khrouchtchev. La Lainière crée en 1975 la revue Mon Tricot, mensuelle, vendue jusque dans dix pays. Le groupe d'Eddy Mitchell, Les Chaussettes Noires, initialement baptisé Five Rocks, a vu son nom modifié parce qu'Eddie Barclay (leur producteur) avait conclu un accord commercial avec la Lainière de Roubaix. Bibliographie : article Le fil rompu in La Vie no2838 de la semaine du 20 janvier 2000.
Jules Paul Masurel 1841-1925,
" Par ses voyages a travers le monde, il
créa de nombreux comptoirs d'achat de laines et vécut des aventures
extraordinaires. Car à cette époque - en 1860 - on voyageait a cheval et il
parcourt de cette façon la pampa argentine et les déserts d’Australie. Il s'y fit, peu a peu, une situation
prépondérante et avait étendu son action a la planète entière car il achetait et vendait des laines, non seulement
d’Amérique du Sud ou d’Australie mais aussi de Nouvelle Zélande et d’Afrique du
Sud à tous les lainiers du monde, achetant des haciendas en Argentine, des
propriétés en Afrique du Sud, créant des comptoirs en Australie, en Nouvelle
Zélande, Bolivie. Sa maison, Masurel fils , était l’ une des plus grandes
firmes du négoce international. Dès
1889, la maison Masurel-frères obtenait une médaille d’or à l’ exposition de
Paris Commissaire général de la section française de l’ exposition de Chicago,
Vice-président de la caisse d’épargne de Tourcoing,
Jacques Henri Masurel-Lepoutre, frère
d’Eugénie Prouvost-Masurel était adjoint au maire de Tourcoing, administrateurs des établissements François
Masurel frères, vice-président de la foire commerciale de Lille et vice-président
de la foire Internationale textile , président de nombreuses sociétés
régionales et locales et fondateur des amis de Tourcoing.
Le voyage se développa, souvent lié à l’ agrément : « En 1890,
Albert et Marthe Prouvost s'étaient liés d'amitié, à Vichy, avec le général
russe Annenkov. Celui-ci les invita à venir visiter ses propriétés d’Asie
centrale. Le couple Prouvost, accompagne d'Edmond Ternynck et de son épouse, de
Mme Jean Scrépel et de sa fille , et de deux neveux, tous s'en allèrent donc,
par la Turquie et la Géorgie, vers le Turkestan. Ils visitèrent les cités
mythiques de Boukhara et Samarkand, et retrouvèrent le général Annenkov dans
ses terres, proches de la frontière chinoise. C'est la qu'Annenkov montra plus
que le bout de l’ oreille: leur présentant ses immenses troupeaux de moutons, il fit valoir à ses hôtes tout l’ intérêt que
présenterait pour eux la possession de terres sur lesquelles paitraient les
ovins dont la laine alimenterait leurs usines roubaisiennes. Les voyageurs,
conscients de leur devoir de déférence envers leur hâte, consentirent à acheter
certaines de ces terres. Mais le Tsar refusa de ratifier le contrat, estimant
que la terre russe ne pouvait être cédée à des étrangers. Peut-être en furent-ils
secrètement soulagés? « Pierre Pouchain Les Maîtres du Nord, Perrin page 167
« Voyage d’Albert, Rita, Marguerite,
Albert-Auguste Prouvost et Madame Vanoutryve : visite du chantier de l’
usine de Woonsocket,chutes du Niagara, Detroit et les usines Ford, Chicago et
les abattoirs, Colorado Springs et Buffalo Bill, Denver et le Pikes Peak, le Grand Canyon de l’ Arizona, Salt Lake City
et les Mormons, San Francisco, Santa Barbara, et son tremblement de terre deux
jours avant de passer, Hollywood et ses studios (Marguerite obtient un
autographe de Charlie Chaplin), le Texas, la Nouvelle Orléans, Washington et la
Maison Blanche, Philadelphie et New-York, Manhattan, l’ ascenseur de l’ Empire
State, retour par « l’ Ile de France » au Havre. Chaque année de 1924
à la guerre, nous allions par mer pendant
trois semaines à Woonsocket et Boston, profitant de l’ été indien. »
Industriel,
Charles II Prouvost « créa avec
François Motte , mais aussi avec Victor Dazin, Floris Lorthiois, Léon
Vernier-Leurent, quatre sociétés : l’ une d’elle, la Société Industrielle de
Pologne, ne se limita pas aux activités pétrolières ; elle prit aussi des
participations dans une filature à Sosnowiec, dans un domaine agricole à Brody
(ville natale de l’ écrivain Joseph Roth), dans la banque industrielle de
Pologne etc. Les trois autres gérèrent
des concessions et prirent d’autres
participations, centrées sur les gisements galiciens. Mais la Société
industrielle de Pologne fut mise en veilleuse en 1925 » MN
Louis Motte ,
né en 1817, fils aîné du couple Motte-Brédart, disposant
des fonds venus de son père et de la dot de sa femme, est plein d’ambitions.
Il ne veut pas continuer la filature traditionnelle avec les mule-jenny.
En 1841, il fait un long voyage d’étude
en Angleterre, patrie de la révolution industrielle. Il découvre les fabriques
de Manchester et de Bradford. Les Motte s’établirent en Pologne, Russie avec leur
cousin Gillet, à Lodz en Pologne, Odessa, Haute Silésie, Roumanie Allemagne. De
même pour les Gratry en Russie.
« La famille Pollet
crée en
1831-32 un tissage de coton, puis de
laine, à Roubaix; c’est au 20° siècle que la vente par correspondance remplaça
la production textile jusqu’à l’ OPA
amicale: le Printemps détient plus de 50% du capital de La Redoute. 1991.
Rachat du vépéciste britannique Empire Stores. 1994. Fusion-absorption de
Pinault-Printemps-Redoute. 1995. Livraison gratuite et garantie en 24h chrono.
Création du premier catalogue Somewhere sur CD-Rom et du site Internet
(http://www.redoute.fr). 1997. Rachat du vépéciste scandinave Ellos Gruppeu. »
Louis Auguste Joseph Tiberghien, 1781 – Tourcoing, 1863 –
Tourcoing, 81 ans, continua le commerce de la laine, achetant des toisons en
Flandre, en Picardie, en Hollande ; au retour avec cinq ouvriers, il trie, lave et peigne la laine que les fileuses,
chez elles, tournent au rouet. Il
s’associe avec Monsieur Libert et s’intéresse au machinisme : deux
chevaux entrainent les douze métiers de cent broches de la filature ; que les
chevaux fassent défaut et c’est la
manufacture qui s’arrête. Il fut le
premier industriel de la famille et
réalisa son ascension sociale; mais divers évènements dont la Révolution de
1848 l’ empêchèrent de réussir jusqu’au moment où son fils Charles lui prouva
le contraire.
Charles Tiberghien 1825-1907 réussit ; il épousera Elise Lepoutre en 1858 ; En 1860, il monte un tissage de cent métiers puis un autre de deux cents ; il met en oeuvre un procédé technique utilisé avec succès à Reims ; en 1873, l’ entreprise comprend 300 métiers à tisser et 3.500 broches à filer. On achète une usine aux Francs. Les établissements Tiberghien frères obtiennent la médaille d’or à l’ Exposition Internationale de 1878. L’ ensemble des usines devient si important -1000 métiers mécaniques, 5000 broches, un peignage- qu’on le sépare en deux. Charles et ses Fils se trouveront à la tête d’un peignage de 50.000 broches à filer, 20.000 à retordre, 1200 métiers à tisser, une teinturerie et, par surcroit, de deux navires chargés du transport des marchandises. Il prouvera toute sa vie une grande générosité. Outre sa famille, il viendra au secours de son beau-père, Auguste Lepoutre ; pour le relever, il risque la moitié de ses biens, lui envoie une partie de son personnel et de ses clients. Les ateliers de cette usine située rue Fin de la guerre couvrent une superficie de 10 ha. Il s'agit d'une société qui a pour filiation la société " Charles Tiberghien et Fils " fondée par deux frères en 1853. En 1914, la filature comptait 52000 broches, la retorderie 15000 broches, le tissage 1050 métiers à tisser. Le peignage fournissait chaque semaine 40 000 kilos de laine peignée dont la majeure partie est absorbée par les deux filatures. Les établissements Paul et Jean Tiberghien possédaient leurs propres comptoirs d'achats directes de laine aux pays d'origine (Australie- Argentine). A noter : l’ apparition des camions automobiles sur ce dessin sont le signe d'une modernisation.
French Worsted, importante société textile française établie à
Woonsocket, appartenait à la société de Charles Tiberghien et les Fils de
Tourcoing. Son Président était Charles Tiberghien. La société avait déjà des
usines en Autriche et la Tchécoslovaquie quand il a construit un grand complexe à 153 Hamlet
avenue. Avant 1910, la société employée plus de 400 personnes. Charles
Tiberghien est resté le président de French Worsted pendant 40 ans, bien qu'il ait passé très peu de temps dans Woonsocket.
Cependant, la société a fait une contribution énorme à la ville et est restée
dans l’ opération jusqu'aux années 1960
La Société Tiberghien a connu un essor considérable. Elle a la volonté de contrôler l’ ensemble de la filère laine, depuis les régions de production jusqu'au négoce. Elle disposait ainsi de bureaux d'achat dans les pays d'origine et de deux navires de flotte marchande dont le " Charles Tiberghien ", du nom du fondateur de cette Société en 1853. source : C.H.L
Félix Vanoutryve,
1834-1912, d’une intelligence et d’un jugement exceptionnel, avait créé et
développé une affaire de tissus d’ameublement qui devint la plus importante de
France. Tous lui étaient très attachés ; il connaissait presque tous ses ouvriers, les conseillait
et les soutenaient matériellement avec la plus grande largesse. Il avait fait construire une grande maison de
style 1880 qu’il avait fait construire boulevard de la République dans un parc
proche de son usine.
Édouard Agache,
né le 16 juillet 1841, Lille, décédé en 1923 (82 ans), filateur et tisseur de lin à Lille, industriel chimiste, fondateur de la S.A. des Ets Agache-Fils, administrateur de la Compagnie des Chemins de Fer du Nord, présidents des Ets Kuhlmann. Donat Agache a créé, en 1824, un négoce de lin à Lille, dans le quartier Saint-Sauveur. Quatre ans plus tard, Il s'établit en tant que fabricant dans le même quartier. En 1848, les révolutions de février et juin entraînent une crise économique. À Pérenchies, la filature Le Blan ferme. Donat Agache s'empresse de la remettre sur pied. Et Pérenchies va devenir le fief de la dynastie Agache. La ville se développe en même temps que l’ usine qui devient la plus importante entreprise française de lin. Agache, lui, fait fortune. Donat Agache a plusieurs enfants dont un fils, Édouard, qui reprendra l’ entreprise à la mort de son père. Il bâtira un véritable « empire » du lin.
qui prit la suite de ses affaires, s'avisa en
1892 (comme d'autres négociants) qu'il serait plus profitable de se procurer
les laines sur les lieux de production;
il ouvrit en 1892 un comptoir d'achats a Sydney;
ses descendants en établirent un second en 1911 en Afrique du Sud. Mais
l'irrésistible ascension de la firme Dewavrin se produira après la Deuxième Guerre
Mondiale. L'idée d'aller chercher les laines dans leur pays d'origine (et donc
de court-circuiter Londres en évitant le paiement de commissions) n'était pas
nouvelle.
Le groupe fondé par Anselme
Dewavrin, que développèrent ses descendants. Ceux-ci, en 1955, se séparèrent en
deux branches autonomes.
Jacques Dewavrin, époux de
Manette Constant, sœur d’Eugène, rachète en 1969 les Tissage Eugène Constant,
propriété de son beau-frère, puis la firme Dickson, qui fusionnent par la suite
sous le nom de Dickson Constant. Dickson était une société fondée en 1798, dans
la région de Dunkerque, par David Dickson, un Ecossais, qui se consacra, a
l'origine, a la filature du lin et au tissage des toiles destinées aux voiles
des navires. Dickson était une affaire cotée en bourse, propriété de la famille
Fremaux. Par la suite, le Groupe Dewavrin a cédé le Groupe Dickson à la firme
américaine Glen Raven Mills, propriété de la famille Gant.
Face
à la concurrence chinoise, à un euro
fort, aux contraintes environnementales et aussi aux changements de
générations
avec le cortège des droits de succession et des ISF, le Groupe
actuel a réussi
à assurer sa pérennité en s’étant
diversifié dans un pôle Lanoline / Cosmétique
/ Dermato-Pharma, animé par Christian Dewavrin et son cousin par
alliance
Ronald de Lagrange, époux de Christine Dewavrin.
Nos remerciements à Christian Dewavrin.
Daniel Dewavrin, fils d'André Dewavrin (Colonel Passy), à la parenté pas vraiment établie avec les Dewavrin, cet
ancien élève de l'École polytechnique (X 1958, SupAéro), diplômé du Centre de
perfectionnement dans l'administration des affaires et de Harvard Business
School, est ingénieur de l'Ecole nationale supérieure de l'aéronautique. Il fut
ingénieur de l'armement au ministère de l'Air avant d'accéder aux plus hauts
postes de direction de diverses sociétés, dont Ratier-Figeac, Luchaire,
Bertrand Faure et EBF.
De 1999 à 2006, il fut le président de
l'UIMM-Union des industries métallurgiques et minières, la principale
fédération de l'organisation patronale MEDEF. Un poste de première importance
dans l'univers syndical patronal français.
En 1991, Avec 2.200 salariés et 3,5 milliards
de francs de chiffre d'affaires dont les trois-quarts dans le négoce-peignage,
le quatrième groupe textile français multiplie les lauriers: numéro deux
mondial en peignés, numéro deux européen en mohair.
Il est en outre l'heureux propriétaire de Dickson
Constant, évoqué ci-dessus, numéro un mondial en toiles de stores. En 1992, A.
Dewavrin fils et Cie fêtera le centenaire de sa présence en Australie. Un
privilège réservé aux meilleurs, même si le marché de la laine est entré dans
des zones de turbulences début février.
Daniel Dewavrin est
Commandeur de la Légion d'Honneur.
Les Lepoutre ont eu un empire textile en Europe, Amérique du Nord et du Sud.
Les usines et comptoirs Lepoutre dans le Monde:
Photo Jean Pierre LEPOUTRE
Rhode
Island's connection to France and French culture dates to 1524 when French
explorer Giovanni de Verrazano explored the area around Block Island and
Newport. By the end of the seventeenth century, French colonies in the new
world extended from the St. Lawrence River to the mouth of the Mississippi
River. These colonies prospered by trading timber, furs and fish. After the
English defeated the French in the French-Indian War in 1763, "'la
survivance" - the perpetuation of French language and culture - became a
major priority for the French population in the new world.
Woonsocket had its first contact with
French culture in the late eighteenth century when the Ballous and Tourtellots,
French Huguenot families, settled in the area. The Ballous, especially Dexter and George, were pioneers in Woonsocket's textile
industry. As the textile industry in Woonsocket grew, so did the need for mill
workers. The first French-Canadian families were recruited from Quebec to work
in the mills of Woonsocket in the 1840's. Once started, this migration would
continue for almost a century.
The life of the French-Canadians in
Quebec was largely agrarian. It was a system where each household grew,
produced or bartered for everything the family needed to survive. As the
population grew and family farms could no longer support succeeding
generations, many left behind this self-sufficient life style for one based on
wage labor in the mills. Eventually, one third of Quebec's population left
Canada for mill villages in New England where they gathered in close-knit
ethnic communities. By 1900, sixty percent of Woonsocket's population was
French-Canadian and Woonsocket was the most French city in the United States.
In Woonsocket, these immigrants were
textile workers instead of farmers, but everything else remained the same.
French was the language that they spoke and life centered on family and the
Roman Catholic Church. The first French-Canadian parish in Woonsocket was
"Precieux Sang" - Precious Blood Church - established 1872. Eventually,
Woonsocket had five French-Canadian parishes - Precious Blood, St. Anne, St.
Louis, Our Lady of Victories and Holy Family. Through the church,
French-Canadian heritage and traditions were passed down to succeeding
generations and "la survivance" thrived in Woonsocket.
The French-Canadian focus on spiritual
rather than material wealth was a godsend for mill owners. Even in the best
times, life in the mills was difficult and unhealthy. The workday was long. The
air was full of flying lint particles that often caused respiratory disease. It
was cold and drafty in winter, hot and humid in summer; dirty, noisy, and
uncomfortable at all times. While labor strife was common in textile cities
across New England at the turn of the century, Woonsocket remained relatively
calm. It was not until the 1930's with the collapse of the area's cotton
industry and the arrival of skilled trade unionists from Belgium that labor unions became and active force in the
community. Even then, these workers continued to define themselves first as
French-Canadians, and second as industrial workers in American society.
Today, French-Canadians are still the
largest ethnic group in Woonsocket and the city is proud of its French-Canadian
heritage.
This page utilizes information from:
Steeples
and Smokestacks - A Collection of Essays on the Franco-American Experience in
New England edited by Claire Quintal and published by the
Institute Francais, Worcester, 1996.
A History
of Rhode Island Working People edited by Paul Buhle, Scott Molloy, and
Gail Sansbury and published by Regine Printing Co., Providence, 1983.
Triomphe
et Tragedie: A Guide to French, French Canadian and French-Huguenot Sites in
Woonsocket written and published by Robert Bellerose,
Slatersville, RI.
Woonsocket - Highlights of History
1800-1976 written by Alton Pickering Thomas, MD
and published by the Woonsocket Opera House Society in 1973.
Lafayette Mills (The mill in the back later become part of the Argonne
Company) Hamlet Avenue
The President of Riverside Worsted from
1935 until it ceased operation in 1952 was Eugene Bonte. Bonte and his family
moved to Woonsocket from France in 1928. When Riverside Worsted closed in 1952,
Bonte purchased the assets and reopened the company as Bonte Spinning Company.
The Bonte family operated the mill until 1974.
Riverside Worsted Mill, Fairmount
Street, (c. 1907), Industrial
family reunites in Woonsocket |
|
Saturday, 11 July 2009, Industrial family reunites in Woonsocket By JOSEPH B. NADEAU |
WOONSOCKET — The
corner of Florence Drive and Hamlet Avenue has experienced radical change in
the past year while becoming a future entry point to the city’s new middle
school complex.Construction of the new school buildings just off Hamlet erased
most of the old mill complex that occupied the location but there are still
plenty of people who remember when the Lepoutre family helped push the city
to the height of its success in the New England textile industry. The
Lepoutres also remember their role in that city era and decided to hold a
family reunion at the Museum of Work and Culture recently while visiting
local sites remaining from the family’s role as leading textile
manufacturers. “This means a lot to be able to gather the family back
where it has its roots, it really does,” Catherine Lepoutre, one of the
returning family members said while taking a tour of the Museum. The
Museum has displays telling the story of French Canadian farmers making their
way south to work in Woonsocket’s mills and how they lived here once they
arrived. The Museum also holds information on the city’s ties to France
during the world wars with displays such as the Merci Boxcar and the arrival
of industrial investors like the Lepoutres. The boxcar, now used for multimedia
presentations, was once part of a trainload of French gifts of gratitude for
each American state France after the war ended.The Lepoutres did not
establish Woonsocket as a major manufacturing center situated on an s-curve
of the Blackstone River but they did bring a new look to its industry upon
their arrival from France at the turn of the 20th century. http://www.woonsocketcall.com/content/view/94818/1/ |
Thiriez
fut la 1ère société en France à fabriquer
les fil s pour machine à coudre et dépose un brevet pour une machine à glacer
les cotons fins inventée par un THIRIEZ, avec sa femme, dans leur cuisine, à
partir d'une sauce permettant de glacer le fil de lin. La machine à vapeur a
une puissance de 1.000 chevaux-vapeur. L’ usine d'Esquermes s'étend
progressivement sur 6 hectares, en partie sur l’ ancienne ferme Plattel. Des
bâtiments de 4 étages et 12 m de large s'étendent sur 142 m route de Béthune et
46 m rue de l’ Epinette. Les cotons sont achetés aux Etats-Unis à Andrew Law
& Co, à Savannah. Le transport pouvait prendre 5 mois. 1863 : visite de l’ Empereur
Napoléon III aux ateliers d'Esquermes.
L’ usine de Parvomaï employait 150 personnes. En 1922, DMC est cotée à la
bourse de Paris. En 1961, elle fusionne avec la société lilloise Thiriez et
Cartier-Bresson. L’ entreprise mulhousienne garde sa raison sociale mais
remplace son logo, une cloche, par celui de Thiriez, une tête de cheval. Dans
les années 1960, le groupe va compter jusqu'à 30 000 salariés. Xavier Thiriez
fonde en Colombie, en association avec la famille Médina, la filiale Satexo (Compania Textil Colombania SA), avec une usine de fil à coudre à Itagui (Médellin) et un réseau de
six dépôts régionaux. SATEXO, avec Léon Thiriez, développe ses activités
industrielles en amont et en aval. 20 ans plus tard, la société comprendra 1400
personnes et 30.000 broches, avant la crise du textile Colombien des années
1980. Dans les années 1960, Xavier Thiriez développera ses ventes au Panama et
au Salvador.
Ce sera la seule
implantation de TCB à l’ étranger.
Jules Desurmont and
Eugene Bonte, The next of the French industrialist to set up operation in
Woonsocket was Jules Desurmont. Desurmont founded Jules Desurmont Worsted
Company, later Riverside Worsted Company, in 1907. Like the Lafayette Worsted
and the French Worsted, the corporate headquarters remained in France and
Desurmont speut little time in Woonsocket. The company built a massive mill at
84 Fairmount Street, across the street from the Alice MIl l. Built of concrete with a brick veneer, the building
was virtually fire proof. Desurmont Worsted spun yarn using the french
process" and employed 350 people in 1910. The company was reorganized in
1935 and its name was changed to Riverside Worsted Company. It was still owned
and controlled by Jules Desurmont et Fils of France.
Jean François Flipo
1792-
1867, fil ateur , Conseiller général, fondateur de la fortune de la
famille qui créera pendant 140 ans des milliers et des milliers d’emplois;
crée sa filature, utilise une des toutes premières machines à vapeur, délaisse
le négoce de son père pour une filature, s’installe dans une grande maison au
99, rue de Tournai à Tourcoing, épouse
Adélaïde Cécile Holbecq,-1803-1892).
Les Charles Julien Flipo, (1859 Tourcoing 1928,
Tourcoing), filateur de coton époux 1883 avec Marie Sophie Prouvost. Dès 1882, il prend à 23 ans la succession de sa grand-mère
Holbec chez Flipo Fil s ainé (ses deux frères Romain et Joseph, créeront rue du
Touquet à Tourcoing la filature de laine Flipo frères ; il préfèrera céder toutes ses parts à ses
cousins et créera avec son frère François une autre fil ature en 1892 ; en
1912, elle comptait 500 ouvriers ; peu avant la première guerre mondiale,
son enteprise était équipée de 62.000 broches à filer et 20.000 à retordre.
A l’apogée du système, les entreprise de peignage de la laine de la circonscription produisaient 85% de la production française de laine peignée ; les étoffes vont porter la réputation de la région dans le monde entier pour ses étoffes de luxe et de pure laine peignée.
Désiré Hippolyte Wibaux 1787-1848, épouse en 1811 Félicité Hyacinthe Florin 1790-1847: « Industriel, il avait considérablement amélioré les
techniques de filature et deux ans avant sa mort, il inaugurait rue Saint-Antoine, une immense
usine qui employa jusque 1.200 ouvriers
en 1910, qui était dotée d'une salle d'allaitement, qui fut par la suite
intégrée à l’ empire Lepoutre avant de devenir l’ hôtel d'entreprises familier
de tous les habitants de la Fosse aux Chênes. Désiré Wibaux possédait également
un hôtel particulier au Fontenoy que ses descendants léguèrent à la Ville et
dont l’ emprise est aujourd'hui le parc de Cassel. Un de leurs fils , Théodore Louis Wibaux
participa à l’ évangélisation de la Cochinchine et construisit le Grand Séminaire
de Saïgon. Il est enterré depuis
1878 à Saïgon. Son neveu Théodore Wibaux, le fils de Willebaud Wibaux-Motte,
fut zouave pontifical et jésuite.
L’
Exposition Internationale de Roubaix du 30 avril au 6 novembre 1911.
L’ Exposition
Internationale du Nord de la France s'est déroulée à Roubaix du 30 avril au 6 novembre 1911. Pendant six mois, dans le Parc de Barbieux, Roubaix vivra au rythme de son exposition visitée par
deux millions de personnes. L’ historien Philippe Waret raconte.
Eugène Motte et
François Roussel.
Eugène Mathon,
Florent Carissimo et Albert Prouvost.
Edouard Roussel,
Félix Chatteleyn et Gilbert Sayet.
Le 26 février
1909, le maire Eugène Motte soumet en conseil
municipal un projet d'exposition, dans le genre de celles d'Arras,
Tourcoing, Bordeaux, sous le patronage de la Ville de Roubaix, de la Chambre de
Commerce, et sous l’ égide du gouvernement français. Ce sera une Exposition
textile et industrielle, mais elle célébrera également les oeuvres sociales,
les beaux arts... L’ opposition réagit : « Qu'en est-Il du projet de Lille ? Quel sera l’ emplacement
de l’ exposition ? Les commerçants roubaisiens en profiteront-Ils ? » Eugène
Motte répond que Lille a accepté de
s'effacer en bonne camarade, et que l’ emplacement fera l’ objet d'une étude.
Après quelques débats vigoureux, le principe de l’ exposition est adopté à l’
unanimité, fait rare dans les délibérations municipales de l’ époque.
Le 19 mars 1909,
Gilbert Sayet présente l’ avancement du projet. L’ Exposition se déroulera dans
le cadre du parc de Barbieux, bien desservi par les tramways.
Le programme prévoit quatorze groupes d'exposants, des attractions, des fêtes et des congrès, qui auront des répercussions sur le commerce local.
Contre-proposition
La minorité
collectiviste fait une contre-proposition avec les terrains de Maufait, avec un
éloge appuyé de la rue de Lannoy et de ses commerces.
Cette
proposition est rejetée. Pour Eugène Motte, le premier objectif à atteindre
c'est la réussite de l’ Exposition. « Quand la réputation de l’ Exposition sera
bien assise, vous pouvez être certains (...) que tout le commerce roubaisien en
tirera grand profit », déclare-t-Il .
Jean Lebas pose
alors la question du budget, on lui répond que le bénéfice n'est pas le but de
l’ exposition, ce serait un excellent résultat que d'équilibrer dépenses et recettes. Eugène Motte surenchérit : « les
Expositions ne sont pas des entreprises classiques, c'est l’ inconnu, c'est un
peu le jeu du tirlibibi, ou comme pour la pêche à la ligne, on ne peut avoir
une certitude absolue du succès. » Le projet est adopté à l’ unanimité, sauf
sur la question de l’ emplacement, qui fait l’ objet de l’ abstention de la
minorité.
Le 4 mai 1909,
un comité d'initiative est constitué : le Président est Eugène Mathon,
beau-frère d'Eugène Motte, et ce comité regroupe la majorité des grands noms du
textile roubaisien. Un directeur général d'expérience est nommé : Il s'agit d'E.O Lamy qui a déjà travaillé pour
les expositions internationales d'Arras et de Tourcoing. Le 27 mai 1909, une
délégation roubaisienne se rend à Paris, et elle obtient l’ appui du
gouvernement. Le mois précédent, une présentation du projet a été applaudie
lors du banquet annuel de la chambre syndicale des tissus et nouveautés de
France. Le 1er septembre, les Chambres de Commerce de Paris, Lyon, Marseille ,
Rouen, Bordeaux, Reims, Orléans apportent leur soutien aux roubaisiens. Le 29
octobre, MM. Motte, Mathon et Lamy sont à Bruxelles pour solliciter la
participation belge. Le 11 novembre, les voici à Paris, en visite chez les
personnalités du commerce de l’ industrie et des syndicats parisiens. Le 25
janvier 1910, Eugène Mathon informe la presse que « la surface prévue a déjà
augmenté, qu'il y aura des pavillons coloniaux,
un parc d'attractions, un grand palais textile de 14.000 m²... » Le 3 avril 1910,
Eugène Motte planche avec succès devant l’ union des syndicats patronaux
textile s à Paris. Il semble bien que l’ Exposition internationale de Roubaix
fasse l’ unanimité. Petit bémol, le 1er octobre 1910, le maire de Roubaix
n'obtient du Conseil Général que la
moitié de la subvention attendue. Mais cela n'altère pas l’ avancement du
projet. »
Chroniques:
Soutiens et comités
Eugène Mathon
« Le 4 mai
1909, c’est donc décidé, l’ Exposition sera implantée dans le cadre du parc de
Barbieux, auquel on ajoutera huit hectares de location. Un comité d’initiative
de quatorze membres est alors constitué. On y trouve des hommes de compétence :
le président du tribunal de commerce Eugène Mathon, les industriels Florent
Carissimo, Albert Prouvost, Georges Motte, César Pollet, les adjoints Roussel,
Chatteleyn et Sayet, le président du syndicat des fabricants Joseph Wibaux, le
directeur de l’ union des teinturiers Gaucher, le constructeur Louis Delattre,
l’ entrepreneur Henry Glorieux et l’ ingénieur Vandamme-Carissimo. On se trouve
là en famille. Soit par les liens de famille, Eugène Mathon est le beau-frère
d’Eugène Motte, Georges Motte-Delattre son cousin. Les liens du textile et de
l’ industrie, Florent Carissimo, Albert Prouvost, César Pollet sont les grands
noms du textile roubaisien, sans oublier l’ appartenance politique, les compagnons
de l’ Union Sociale et Patriotique, Roussel, Chatteleyn et Sayet.
E O Lamy
Un directeur
général d’expérience est nommé : Il
s’agit d’E.O Lamy qui a déjà travaillé pour les expositions
internationales d’Arras et de Tourcoing. Parallèlement, il s’agit aussi d’aller solliciter des soutiens
et des engagements. Le 27 mai 1909, une délégation de la municipalité de
Roubaix se rend à Paris. Elle est présentée par le sénateur du Nord Trystam au
ministre du commerce M. Cruppi. Ce dernier promet l’ appui et le concours du
gouvernement. Le mois précédent à Paris, dans les salons Marguery, une
présentation de l’ équipe des organisateurs de l’ exposition de 1911 a été
applaudie lors du banquet annuel de la chambre syndicale des tissus et
nouveautés de France.
« Le restaurant du grand
chef Jean-Nicolas Marguery fut, jusqu'à la mort de son créateur en 1910,
l'épicentre de la vie parlementaire et mondaine parisienne. Outre ses deux
vérandas sur le boulevard, il disposait d'une entrée discrète sur la rue d'Hauteville.
Des salles égyptiennes, flamandes, gothiques ou mauresques voyaient se croiser
des députés, des sociétés savantes et des mondaines dans une ambiance joyeuse.
Certains de ces salons existent encore; on ne peut, hélas, pas les voir car ils
sont occupés par une banque. »
Le 22 juillet
1909 est institué par arrêté municipal un comité consultatif pour l’
exposition, dont la mission est d’étudier les questions soumises par le comité
d’initiative et le commissariat général. Le recrutement est ciblé : le Président
est Henry Ternynck, qui est le Président de la société industrielle de Roubaix.
Il est assisté par cinq vice-présidents,
eux-mêmes présidents de chambres de commerce. Les membres de ce comité sont des
professionnels, présidents de syndicats industriels, commerçants, professions
libérales. On cite également Georges Lehoucq, ancien adjoint au maire, mais
inspecteur de l’ enseignement technique.
En août 1909, le
Journal de Francfort fait une présentation assez documentée des préparatifs de l’exposition,
rappelle les relations suivies entre Mulhouse et Lille Roubaix Tourcoing,
annonce la participation allemande, et se place en concurrence directe avec l’
industrie exportatrice anglaise.
Le 1er
septembre, les Chambres de Commerce de Paris, Lyon, Marseille , Rouen,
Bordeaux, Reims, Orléans apportent leur soutien aux Roubaisiens. Le même mois,
le ministère des affaires étrangères apporte son soutien au projet, et prend
les dispositions concernant les agréments diplomatiques pour les participants
étrangers.
Le 29 octobre,
MM. Motte, Mathon et Lamy sont à Bruxelles pour solliciter la participation
belge auprès de M. Hubert ministre du travail et de l’ industrie.
Le 11 novembre, les voici à Paris, en visite
chez les personnalités du commerce de l’ industrie et des syndicats parisiens.
Lors du déjeuner à l’ hôtel Continental, Eugène Motte laisse parler son lyrisme
habituel : nous sommes de bonne race, des purs sangs et nous fournirons bon
parcours en portant vos couleurs, nos couleurs. Puis présentant Roubaix : ville
unique, où tous travaillent dès l’ âge légal, jusqu’à la tombe, où chaque
réfractaire est montré du doigt comme frappé de la lèpre, (..) où la
concurrence loyale et excitant pique de son aiguillon les flancs d’une jeunesse
jusque là intrépide, où les carrières libérales sont quasi inconnues ou
d’importation, où nul ne jette un œil d’envie ou de concupiscence sur le
fonctionnarisme, où par surcroît chacun s’accommode de familles nombreuses,
parce que chaque nouveau venu est considéré pour l’ avenir comme un capital en
bourgeon, bientôt en fleurs, et en rameaux ombragés, où viendront s’abriter des
générations laborieuses d’artisans, trouvant emploi de leurs bras, leur unique
capital, et parce que ces nouveaux venus sont de plus dans le présent pour les
parents, ferments nouveaux d’énergie et d’entreprises plus vastes.
Puis évoquant l’
Exposition : nous voulons mettre sous les yeux des artisans de ce merveilleux
essor, une vaste leçon de choses, que balbutiera la jeunesse ouvrière, que lira
avec ardeur la puissante démocratie en action dans nos centres , et qui soit
pour les vieux artisans, occasion de fierté, car ils ont été eux aussi les
collaborateurs de cette grande œuvre. Ce n’est pas une simple exposition
textile (…) c’eût été trop spécial, non nous convions toutes les forces vives
de l’ énergie de la région pour former la synthèse de nos merveilleux
arrondissements : métallurgie, houillères, fabriques de sucre, distilleries,
produits chimiques, amidonneries, sections d’électricité, constructions navales,
machines à vapeur, électricité, automobiles, alimentation, et tant d’autres ,
que j’oublie, car je ne puis réciter les litanies de l’ activité humaine.
Il annonce une façade de 500 mètres –la future avenue des Palais- et 20.000 mètres
carrés déjà adjugés à la location. Les remerciements de son début d’allocution
permettent de savoir où en sont les démarches : à Jean Dupuy, ministre du
commerce, qui poursuit l’ engagement de son prédécesseur Cruppi, aux sénateurs
et députés du Nord présents et au Préfet du Nord, M. Vincent, représentant de
l’ Etat et de la république, qui soutiennent le projet. Motte remercie
également Emile Dupont, Président du
comité français des expositions à l’étranger, les représentants de la
république argentine, M. Saint Germain sénateur d’Oran, garants de la
participation internationale et coloniale, les représentants des chambres de
commerce déjà citées sans oublier la presse. Il
poursuit son intervention en faisant appel à la participation parisienne
: apportez nous votre contingent de grâce, de lumière, d’harmonie, de justes
proportions en toutes choses….et il
termine sur un grand couplet patriotique sur la France, notre alma
mater.
Le 25 janvier
1910, il est procédé à l’ installation
officielle du comité consultatif, subdivisé en comités par groupes et par
classes. Eugène Mathon fait une communication à la presse sous la forme d’une
première description de l’ exposition, indiquant que la surface prévue a déjà
augmenté, qu’il y aura des pavillons coloniaux,
un parc d’attractions, un grand palais textile de 14.000 m². Le 3 février 1910,
est publiée la longue liste des personnalités qui formeront le comité
d’honneur. Il y a bien entendu le Préfet
Vincent, le maire Eugène Motte, le sénateur Trystam, l’ abbé Lemire, mais aussi
des représentants des grandes sociétés Agache, Kuhlmann, Compagnie Suez, Union
textile de France, des consuls et des présidents de sociétés. On y trouve aussi
les adjoints et les conseillers municipaux. Le 3 avril 1910, Eugène Motte
planche avec le même succès devant l’ union des syndicats patronaux textiles à
Paris. Il semble bien que l’ Exposition internationale de Roubaix fasse l’unanimité.
Petit bémol, le
1er octobre 1910, le maire de Roubaix n’obtient que 25.000 francs au lieu des
50.000 attendus au Conseil Général.
Mais cela n’altère pas l’ avancement du projet. L’ heure des chantiers est à
présent venue. »
« Je vous ai dit la grande amitié qui
unissait les trois frères Amédée, Albert, Edouard Prouvost. Je voudrais
souligner surtout celle qui liait étroitement mon père et mon oncle Edouard.
Assis l’ un en face de l’ autre dans le même bureau, ils échangeaient à tout
instant non seulement leurs points de vue sur les affaires, mais leurs pensée s
intimes. Cette communauté de mutuelle et chaude affection entre les deux frères
a eu un prolongement naturel entre leurs enfants.
Le cadre de vie était la Tunisie, M’Rira, Estaimbourg, Pecq, le Molinel, Pétrieux, Pampelone, les Charmettes.
Édouard Prouvost, commissaire général des
colonies de l’ Exposition,
croqué par la presse avec l’ ensemble de son
œuvre. (Extrait de la vie flamande)
La Porte Monumentale se
situe au débouché du boulevard de Paris à l’ entrée principale du parc de
Barbieux. Elle est constituée par une grille de fer forgé de style Louis XVI de
seize mètres de haut et par un portique
où sont installés les guichets d’entrée. Juste derrière cette porte démarre la
partie coloniale de l’ Exposition.
De style mauresque, le palais du ministère
des colonies est consacré à la présentation générale des colonies : dioramas,
affiches, graphiques, documentation sont proposés aux visiteurs par l’ Office
Colonial.
Le palais de l’ Afrique Occidentale française
est une construction soudanaise en pisé, dont le vaste hall présente les
produits agricoles, les matières premières et les produits de l’ industrie
extractive des pays de l’ Afrique Noire. Un diaporama reproduit les scènes de
la vie africaine.
L’ Afrique Occidentale française est composée
du Haut Sénégal, du Niger, de la Guinée française, de la Côte d’Ivoire, du
Dahomey et d’une partie de la Mauritanie. Une exposition présente les arts et
coutumes des différentes tribus de ces pays.
Le palais de l’ Algérie et
de la Tunisie est composé de deux parties reliées par une galerie. La partie algérienne présente des produits
d’exportation (liège, vins, céréales, huiles). Le visiteur peut y admirer de
magnifiques panoramas du pays : Alger, Biskra et Ghardaïa…
La partie tunisienne propose des produits
agricoles et des échantillons des minerais de son sol (fer, plomb, calamite,
galène).
On y voit des vues de la propriété proche de
Tunis de M. Édouard Prouvost, commissaire général des colonies françaises à l’
Exposition.
Le pavillon de Madagascar qui n’a rien de
typique avec son mirador original, présente beaucoup d’objets de fabrication
indigène (armes locales, sagaies, bijoux, broderies), et des produits agricoles
(céréales, cacao, manioc, vanille, café, tabac). On peut y admirer des vues de
Madagascar.
Le pavillon de l’ Indochine française
représente une pagode entourée de colonnes soutenant un toit de tuiles roses
garni aux angles de cornes de buffle et de flammes.
L’ intérieur du pavillon de l’ Indochine
française est un véritable petit musée: meubles incrustés de nacre, bois
sculptés, panneaux, tableaux, soieries, bijoux, d’un incomparable cachet
artistique.
Petit fil s d’ Henri Prouvost-Defrenne, 1783-1850, fils de Liévin et Alphonsine
Gruart, il appartient donc à la branche
puinée des Prouvost et est cousin germain d’Amédée II, Edouard, Albert I,
Charles I Prouvost.
Le jeudi 5 août 1909, la presse annonce que
le comité d’initiative de l’ Exposition va lancer un concours d’affiches avec
primes, ouvert à tous les artistes de la région du Nord. Il définit un règlement dont voici les articles
sous forme de synthèse. Il s’agit donc de produire une affiche illustrée
destinée à l’ Exposition internationale du nord de la France qui aura lieu à
Roubaix en 1911. Le format exigé est celui des affiches de gare soit 0,88 de
hauteur sur 0,66 de largeur. Toute liberté est laissée aux créateurs, néanmoins
l’ affiche devra être visible à distance, et d’une forte et expressive simplicité.
Elle devra également contenir l’ inscription Exposition Internationale du Nord
de la France Roubaix 1911, comporter six couleurs au maximum, non compris le
noir. Les projets seront déposés au bureau de l’ exposition (palais de la
chambre de commerce à Roubaix) le 15 septembre 1909 avant cinq heures du soir,
accompagnés d’un pli cacheté contenant le nom de l’ auteur, et extérieurement
un signe ou une devise reproduit sur le dessin. Une exposition publique des
projets aura lieu dans un lieu qui reste à déterminer. Le jury choisira trois
œuvres auxquelles seront attribuées les primes suivantes : 200 francs au
premier, 125 francs au second, 75 francs au troisième. Les projets resteront la
propriété de l’ exposition, qui en disposera comme elle l’ entend : cinquante cinq projets d’affiches seront présentés. Le jury se
met au travail. Il est composé d’Eugène
Mathon, Victor Champier, des artistes peintres
Rémy Cogghe et Ernest Prouvost, de l’ architecte Thibeau, des amateurs
d’arts MM Devillers, Ferlié, et Amédée Prouvost. On apprend que l’ exposition
des affiches se déroulera dans la cour d’honneur de l’ Ecole des arts
industriels à partir du jeudi 14 octobre jusqu’au dimanche 17. »
le tryptique d'Ernest Prouvost
(photo Alain Leprince musée de Roubaix)
L’ Exposition
Internationale du Nord de la France s'est déroulée à Roubaix du 30 avril au 6
novembre 1911. Pendant six mois, dans le
Parc de Barbieux, Roubaix vivra au rythme de son exposition visitée par deux
millions de personnes. L’ historien Philippe Waret raconte...
En partant de l’
avenue des attractions, l’ avenue des Palais commence avec à gauche le palais
des industries. La section italienne se trouve au coeur de ce palais, avec les
chefs-d'oeuvre de verrerie de Venise, les bronzes d'art de Naples, les marbres
de carrare de Florence. Elle présente les productions italiennes, sans oublier
l’ alimentation, avec les vins, les fromages et bien entendu, les pâtes... Suit
un stand consacré à l’ imprimerie et à la photographie, où sont présentées deux
innovations, le dictaphone et la pointeuse automatique.
L’ aéroplane de
Louis Bréguet survole les automobiles, motocyclettes, bicyclettes,
pneumatiques, et autres accessoires. Le
Touring club de France propose le guide des syndicats d'initiative, et des renseignements
sur les compagnies de chemin de fer !
Le Palais de la
Belgique accueille les visiteurs dans un salon luxueux en présence des bustes
des souverains belges. De nombreuses vitrines contiennent les produits textile
s du pays, en particulier Gand, Verviers et Courtrai. Voici maintenant le Grand
Palais, avec sa galerie d'honneur, et les créations prestigieuses de la
manufacture de Sèvres. La galerie mène à un salon des arts réalisé par Victor
Champier et ses élèves de l’ ENAI, puis à la scène des réceptions officielles.
L’ aile droite comprend une série de salons, avec des expositions, des tableaux
et des maquettes. L’ industrie parisienne y tient une grande place. L’ aile gauche
se subdivise en cinq salons successifs : l’ industrie régionale du tapis et les
tapis d'orient. Les trois derniers sont consacrés aux tissus de Roubaix. La
fameuse charte des drapiers est en bonne place. La visite se termine avec les
dioramas sur les différentes phases de traitement de la laine. Le palais de la
chambre de commerce vient ensuite, avec dans le hall central, une allégorie des
sciences sous forme de frise. Un rappel historique, Pierre de Roubaix et la
Charte autorisant Roubaix à faire draps de toutes pièces, des tableaux à la
gloire du progrès et de Roubaix.
La visite se
poursuit avec le palais des machines qui ressemble à une immense usine où l’ on
a regroupé d'innombrables métiers et appareils pour le peignage, le tissage,
les apprêts, la teinturerie.
Le Pavillon
hollandais présente les aspects industriels, commerciaux, artistiques et
historiques du pays. Un salon de lecture, un bureau de renseignements sont à la
disposition des visiteurs. Le pavillon de l’ Australie offre des dioramas
simultanés qui montrent ses productions du sol (vins, céréales) comme du sous sol
(or), mais surtout ses célèbres mérinos appréciés par les entreprises
roubaisiennes.Voici à présent le Palais des mines et de la métallurgie, où l’
on peut voir tous les appareIls d'extraction et la gamme des produits houillers
et la production métallurgique (forges, fonderies). Un véritable puits de mine
en fonctionnement est le clou du palais, avec treuil, galeries et de véritables
mineurs ! Ensuite, le pavillon de la Nouvelle-Zélande présente ses productions
agricoles et d'élevage, dont les laines de moutons, importées à Roubaix.
A l’ autre bout
de l’ avenue, le musée pontifical a trouvé place dans la tourelle en forme de
poivrière du Palais de l’ économie sociale. Il
présente une reconstitution du défilé papal en costumes et un diorama
sur la Basilique Saint-Pierre de Rome. A deux pas de là, le petit pavillon
circulaire du Chili est au centre du village flamand.
Enfin, le
magnifique Palais de l’ Argentine se trouve au bord de l’ étang du parc de
Barbieux. L’ agencement est très moderne : une salle de conférence avec
cinématographe au rez-de-chaussée, éclairage électrique le soir. L’ Argentine y
présente toutes ses productions et ses laines. Le nombre d'exposants, la
diversité des produits font de cette exposition internationale un véritable
catalogue de l’ innovation et du progrès technique et industriel.
En 1911, Roubaix n’a pas voulu que les Arts soient oubliés dans son
Exposition internationale. Il y aura
donc une exposition d’art rétrospectif, dont sera chargé Victor Champier, qui
la pensera, la montera de A jusqu’à Z. Il
a comme idée de montrer l’ évolution de l’ art dans la partie des
Flandres soumise à l’ influence française par les conquêtes de Louis XIV, de la
fin du XVII e et pendant tout le XVIII e
siècle. Son argument est historique : l’ incorporation des villes comme
Lille, Cambrai, Arras, Saint Omer ou Valenciennes à la France, se manifeste par
un changement d‘orientation artistique. Quantité de monuments s’élèvent, hôtels
ou châteaux dans le style français, des fabriques de tapisserie, et de
céramique se créent, les arts du meuble, de la ferronnerie, de la dentelle se
développent, des peintres et des
sculpteurs locaux accèdent à la notoriété. Il
va donc chercher à recomposer un inventaire d’objets d’arts significatif
de cette évolution. Cette exposition fournira une très originale contribution à
l’ étude de la période. Un appel est lancé aux collectionneurs, aux amis
fervents de l’ histoire et de l’ art, aux municipalités des villes. Un exemple de
ses démarches : le 24 mars, il
écrit au Préfet pour obtenir le prêt d’objets d’un intérêt capital pour l’ exposition rétrospective. Deux
tapisseries lilloise de 1703, un banc en bois daté de 1654, et une horloge
qu’il est allé lui-même repérer à l’
hôpital St Sauveur de Lille. Il en
profite pour demander au une peudule Louis XIV genre « Boulle » en
écaille rouge et cuivres signée Vandersteen qu’on lui a signalé dans le bureau
même du Préfet. Et il joint un
formulaire pour l’ assurance.
Son
opiniâtreté et son efficacité lui permettront de
réunir un nombre
considérable d’objets, auprès des
municipalités, des collectionneurs et des
amateurs d’art. Le 27 mai, on annonce que l’ exposition
rétrospective est
installée dans la salle des fêtes de la rue de l’
hospice, dite annexe de l’
Exposition. Un prix d’abonnement est proposé de 20 francs
par personne pour
toute la durée de l’ exposition, réduit à
cinq francs si on est déjà abonné à
l’ Exposition internationale. L’ inauguration se
déroule le 9 juin à trois
heures de l’ après midi. Cependant M. Dujardin-Beaumetz,
Sous Secrétaire d’Etat
aux beaux arts étant retenu par le deuil
gouvernemental. c’est Eugène Motte qui inaugurera en
présence des sénateurs et députés du nord et des maires de Lille, Dunkerque,
Douai, Valenciennes Cambrai, Arras.
Champier prend la parole le premier pour
marquer l’ importance des arts dans une ville telle que Roubaix, remercier le
maire de lui avoir confié l’ organisation, rendre hommage à la société
artistique qui a renoncé à faire son exposition d’art contemporain cette année.
Il retrace les phases successives de la
préparation, les soutiens, les appuis..Il
conclut en ces termes : faire
connaître à la foule nos vieilles provinces leurs traditions et leur gloire
d’autrefois, n’est ce pas honorer la France et la faire aimer davantage ?
A son tour, Eugène Motte prend la
parole, regrette le deuil
gouvernemental, et associe aux remerciements Madame Champier. Il dit : cette exposition mérite plus que des éloges, elle est un acte de foi en
l’ idéal, elle est une occasion de ravissement. Puis il fait l’ éloge de Champier et déclare l’
exposition rétrospective ouverte.
La seconde partie est spécialement
consacrée à l’archéologie régionale et aux arts somptuaires particuliers aux
Flandres françaises. Chaque ville dispose de salons où sont réunis des objets
d’art et des souvenirs historiques, iconographies, des productions des
fabriques locales…
L’ exposition rétrospective fonctionne à
partir du 11 juin, elle est ouverte tous les jours de 9 heures à 19 heures, et
l’ entrée est de 1 franc, sauf le vendredi 2 francs. Les tickets de l’
Exposition concèdent le droit d’entrée à l’ exposition rétrospective avec une
réduction de 50%.
Il
faudra d’autres annexes de l’
Exposition pour les Arts. Le salon d’art moderne se tiendra à l’ hôtel de ville
de Roubaix, où il utilise les deux
salles du rez de chaussée pour accueillir d’un côté le 39e
salon de
l’ œuvre des artistes de Liège et de l’ autre
une sélection d’œuvres d’artistes
français, parmi lequels Carolus Duran, Cogghe, Paul Steck,
Lucien Jonas. Le
maire Eugène Motte entouré de ses adjoints, inaugure
lui-même ce salon.
Puis en juillet, Victor Champier
consacre une exposition au peintre Pharaon de Winter à l’ ENAI. Cet ancien élève des écoles
des Beaux arts de Lille et de Paris, est un portraitiste de talent. En 1889, il obtient une médaille de bronze à l’
Exposition universelle de Paris. Selon le journal L’ Echo du Nord, il exposera à Roubaix des portraits et
compositions de type religieux.
Un splendide album de cent planches hors texte sera consacré à l’
exposition rétrospective de Roubaix, comprenant les gravures des œuvres les
plus importantes des collectionneurs du nord de la France, avec un texte
historique sur l’ art dans les Flandres au XVIIe et XVIIIe de Victor Champier.
Une souscription est lancée au prix de 50 francs, par l’ administration du Nord
illustré, au 12 rue Esquermoise à Lille.
Jusque dans les années 1960, le textile se maintint à un niveau international. « l’ académicien Maurice Schumann constate : Albert Prouvost « avait une vision planétaire de l’ économie ; il avait compris que l’ avenir du Nord était indissociable de celui du monde en pleine métamorphosé; il n'était dépaysé nulle part; mais, qu'il fut en Afrique du Sud ou en Amérique du Nord, il pensait aux chances nouvelles que donneraient un jour à Roubaix le courant des échanges futurs, l’essor des techniques de pointe, le développement et la diversification des moyens de communication. »
10-2-2-1 dont un fils Cyril Wibaux né à Glendive le 23 septembre 1885 meurt
vers 1920 sans descendant.
Éleveur de bétail aux USA, fondateur à Miles City de la State National
Bank, né en 1858 – Roubaix et décédé en 1913 - Chicago (USA) : on était 12
miles au nord de la ville de Wibaux et là il s'est étendu 60,000 tête de
bétail. Après un début échoué, son bétail s'est finalement étendu sur la terre
de 1883 à 1886. Après sa mort en 1913, homesteaders coupe (diminution) dans ses
tenues de terre et champs (domaines) de blé énormes établis et
agriculture(élevage) déplacée en avance d'élevage de bétail.
Il y a une statue de neuf pieds consacrée à lui à son gravesite.
Photos Ferdinand Cortyl
Issus d'une tradition catholique que fixa la Contre-Réforme, d’innombrables missionnaires,
religieux, prêtres, religieuses, militaires ont dévoué leur vie à l’international.
Citons quelques exemples : Théodore Louis Wibaux participa à l’évangélisation de la Cochinchine et construisit le Grand
séminaire de Saïgon.Il est enterré depuis 1878 à Saïgon.
Son
neveu, Théodore WIBAUX, Zouave
pontifical à 18 ans pour la défense des états Pontificaux et Jésuite, né
à Roubaix, le 13 février 1849, dans une famille de treize enfants. Son père
était directeur d’une filature. Son éducation fut pieuse. Les enfants étaient
réunis tous les soirs pour la prière, dans le vestibule devant la
statue de Notre Dame, appelée par eux la Vierge de l’escalier. Il fit ses
études dans un institut de Roubaix, puis comme interne à Marcq. Il devint
membre de la Conférence de Saint-Vincent de Paul et s’occupa d’un patronage, le
dimanche en fin d’après-midi.
D' après un récit de Louis Dumoulin, paru en
1902 in Les Contemporains « En 1865, le gouvernement de Napoléon III
décida de retirer ses troupes des Etats pontificaux, cédant aux instances du
royaume du Piémont qui voulait unifier l’Italie. Il ne resta plus qu’à Pie IX à
faire appel aux Zouaves et aux troupes volontaires venant de France, de
Belgique, de Hollande et d' autres pays. Le Pape ne voulait être démis de
ses Etats comme un fait accompli.
Théodore se sentit appelé au combat ; mais son père, d’abord inquiet puis fier
de la résolution de son fils, lui demanda d’attendre encore un an, afin de
se préparer moralement et physiquement.
Théodore écrivit à Louis Veuillot qui lui répondit dans une lettre enthousiaste
:
" Saint Pierre n’a pas maintenant besoin de soldats. C’est nous qui avons
besoin de lui en offrir, qui devons désirer que notre sang coule pour racheter
l’abominable défection de la France (...). Le terrible écroulement qui se
prépare à Rome pour le châtiment du monde sera-t-il honoré du dernier combat ?
Aurons-nous un second Castelfidardo qui nous ménagerait une rançon future
?
Je n’ose l’espérer. Nous avons affaire à des sages qui redoutent de jeter les
fondements de leur édifice dans le sang des martyrs et qui aiment mieux
construire avec la boue des apostasies. Ils se sentent assez forts pour
atteindre leur but, et peut-être avons-nous assez péché pour que Dieu ne nous
permette plus le glorieux rachat du
sang.
Je ne peux donc vous donner un avis décidé ; néanmoins, je penche pour que vous
alliez vous offrir. C’est quelque chose d’avoir fait acte de bonne volonté. Une
bénédiction rayonnera sur toute votre vie...Je me recommande à vos prières.
Louis Veuillot. "
Théodore Wibaux entra dans Rome le 8 décembre 1866, jour de l'Immaculée
Conception. Une trentaine de volontaires français, belges, hollandais et allemands
l’accompagnaient. A la caserne, il fit ses armes et fut vite apprécié de ses
camarades par sa simplicité et sa candeur. Il fit sa première expédition, le 15
mai 1867, à Corneto, contre une quarantaine de garibaldiens qui voulaient
franchir la frontière à coup de carabines. Ils furent mis en fuite, sains et
saufs... Malheureusement à l’été, le choléra frappa la région d' Allbano.
Théodore ne fut pas le dernier à soigner les malades et à réconforter les
mourants. A 18 ans, lui qui n’avait jamais vu souffrir, il fit son devoir. La
tactique des garibaldiens était de multiplier les attentats dans les campagnes,
afin de masser les troupes pontificales aux frontières et de faire ainsi le
vide à Rome, pour pouvoir d’emparer par la suite de la Ville Eternelle. Les
batailles se succédaient dans la province de Viterbe. Resté à Rome, dans la
garnison, Théodore est aux premières loges, lorsque le 22 octobre la révolte
éclate. La caserne Serristori, minée par les Piémontais, explose, provoquant la
mort d’une vingtaine de personnes. En même temps, Garibaldi s’est emparé
de Monte Rotondo défendu par 300 zouaves. Théodore avec une quinzaine d’hommes
s’occupe de la défense d’un bastion, près de la porte Saint-Pancrace. Il ' a
pas d’artillerie...Le 30 octobre 1867, les Français, si longtemps attendus,
font leur entrée dans Rome. Sur le champ, Garibaldi riposte à Mentana. Le 2
novembre, une colonne de 5000 hommes, des zouaves, des carabiniers suisses, des
légionnaires, sous le commandement du général de Polhès, se dirige vers
Mentana. La bataille sera affreuse. Les garibaldiens sont mis en déroute.
L’action du lieutenant-colonel de Charette fut décisive. De retour à Rome, le 6
novembre, les troupes pontificales furent accueillies en triomphe. Théodore
Wibaux eut l' honneur d' une audience particulière de Pie IX, le 3 janvier
1868. Elle dura un quart d’heure, pendant laquelle il reçut la bénédiction pour
sa famille et la décoration de chevalier de l’Immaculée-Conception. Il reçut
aussi le titre de citoyen romain... Au bout de deux années d’engagement, une
permission de quelques jours lui fut accordée pour se rendre à nouveau
dans sa famille. Mais les événements à son retour allaient se précipiter.
En juillet 1870, la guerre entre la France et la Prusse fit rappeler les
dernières troupes françaises de Rome. En septembre, 70 000 Piémontais
envahirent Rome. Les zouaves rentrèrent en France à bord de l’Orénoque,
laissant le Pape prisonnier de ses murs du Vatican dans une nouvelle Italie...
Le bataillon de Théodore se rendit à pied à Châteaudun où il arrivA
le 11 novembre. Il fut incorporé, en tant que sergent-major, dans le corps des
Volontaires de l’Ouest. Il prit part aux combats de Brou contre les Prussiens,
sous les ordres du général de Sonis ; puis à la bataille de Patay, où le
général et les zouaves devaient s’immortaliser sous les plis de la bannière du
Sacré-Coeur. Beaucoup de Français furent tués, ainsi qu’à la bataille de
Loigny, le 2 décembre 1870.
" Il n’y a plus qu’à invoquer la
religion à son secours et à se jeter à corps perdu dans les bras de la
Providence : c' est ainsi que la Foi console et fortifie ; c' est elle
qui fait de la douleur un sujet d' invincible espérance. " écrit-il à ses
parents.
Aux premiers jours de 1871, Charette fut nommé général de brigade et Théodore
sous-lieutenant. Le 13 août, les trois bataillons dont se composaient les
Volontaires de l’Ouest assistaient pour une dernière fois à la messe militaire
de l’aumônier en chef. Après la messe, ils se transfomèrent en carrés, et le
général de Charette annonça le licenciement officiel du régiment. Les zouaves
n’existaient plus ! Quelques jours plus tard, ce fut la république... Théodore
Wibaux, sur le conseil d' un cousin jésuite, fit une retraite dans le
collège de la Compagnie à Saint-Acheul à Amiens : " Je ne voudrais
pas sortir d' ici avec le désespoir dans l' âme, j’y voudrais rester ; mais je
ne me sens pas digne. " Il faiblit toutefois à l’idée de quitter le monde;
il veut entrer dans les troupes d' Afrique. La crise dura peu de temps. Ce que
Théodore avait été aux zouaves, il le fut au noviciat des Jésuites.
Ensuite il fut envoyé à Boulogne, comme
professeur au collège Notre-Dame. Avec 35 enfants de 11 ans, il développa une
émulation incroyable. Le Père Wibaux menait ses élèves comme sur un champ de
bataille et ils se prêtaient avec ardeur à ce jeu ! Il suivit ses élèves jusqu'
à la classe de troisième. La joie fut bien grande lorsqu' un jour arriva
de la part de Pie IX une magnifique gravure adressée à l’ancien zouave avec une
bénédiction spéciale pour ses élèves et toute une phrase écrite de la main du
Pontife. En 1880, les lois de la IIIème république dispersèrent les Jésuites
qui durent s’exiler à Jersey...
Le Père Wibaux fut alors un ardent zélateur de la consécration des familles au
Sacré Coeur, dans les pages du " Messager du Sacré-Coeur ". Lorsqu'
il atteint ses 33 ans, il dit à son supérieur : " Je mourrai cette année !
". A la fin du mois de mai se déclara une maladie d’entrailles, et le 10
juin1882 le sacrifice était consommé... décède à Saint Helier à Jersey le 10
juin 1882 ; Dans son testament, il avait déclaré : " Je fais le
sacrifice de ma vie au Sacré Coeur, je l’offre pour la France, l’Eglise, la
Compagnie, la canonisation de Pie IX (aujourd’hui bienheureux...), le régiment,
Charette, le Pape régnant (Léon XIII) et pour tous les miens. " D' après
un récit de Louis Dumoulin, paru en 1902 in Les Contemporains. Bibliographie :
R.P. du Coëtlosquet, Théodore Wibaux, Zouave pontifical et Jésuite. R. Billard
des Portes, Histoire des zouaves pontificaux. Le Père Wibaux est un exemple
parmi d’autres de tant de vocations du XIXème siècle empreintes de
sacrifice et d’amour de la Patrie. Je ne sais pas si son souvenir est encore
conservé. S’il n’est pas déclaré officiellement saint, puisse néanmoins sa
mémoire aider les âmes hésitantes devant les choix d' aujourd’hui !
Lien : http://www.loire1870.fr/volontaire2.htm
Autres Zouaves pontificaux apparentés, outre Théodore Wibaux et son beau-frère,
Carlos Eugène Cordonnier.
Victor Charvet
1847-1933, zouave
pontifical, aveugle à 30 ans, épouse Gabrielle Locoge; il fut zouave
pontifical à la suite d’une visite rendue par Charrette à ses parents (en
décembre 1866, Athanase de Charette de la Contrie devient lieutenant-colonel
des zouaves toujours sous le commandement d'Allet.). Il fut blessé, le 25
novembre, à Jura l’Evèque sur le plateau d’Alvain. CHARVET Victor 13-juin-97
Grenoble Isère Grenoble Isère Zouave 16-avr-17 le Godat 1917. Victor
Charvet est un cousin issu de germains de Charles I Jérôme Prouvost. |
Ubalde
Arsène Joseph Dewavrin, fils de
Philippe Auguste Joseph DEWAVRIN, né 1801 - Tourcoing, décédé 1872,
Filateur de coton, marié à
Roubaix avec Delphine Pélagie BULTEAU, né le 7 juin
1832 à Tourcoing ; Ubalde décéda le 11 juillet 1864 en Italie et
inhumé dans la cathédrale San Pietro à Frascati ; semble faire partie de
la troisième liste ("table alphabétique des sous-officiers, caporaux et
hommes de troupe français ayant appartenu aux corps des Tirailleurs
franco-belge et des zouaves pontificaux). Il est cousin issu de germain de
Charles I Prouvost-Scrépel.
Gaspar
Desurmont, fils de Gaspard
Desurmont 1823-1895 et Eugénie Motte 1825-1889, marié le 15 octobre 1913 avec Gabrielle Duchange en 1893, lui
aussi engagé sous la bannière de Charrette, tué au mans à 22 ans. Il y a
aujourd’hui la 12° génération portant le prénom de Gaspar Desurmont…
André Bernard, comte romain et Bernard (1er, 18 mars 1913), né le 3 février 1844, Lille,
décédé le 25 octobre 1913, Paris (69 ans), zouave
pontifical, marié le 27 octobre 1868, Lille, avec Mathilde
Tilloy, née le 14 juin 1851, Lille, décédée le 21 juillet 1892,
Courrières (Pas-de-Calais) (41 ans), dont
André, comte Bernard (2e), né le 27 novembre 1869,
Courrières (Pas-de-Calais), décédé le 19 novembre 1909, château
de La Mazure (Mayenne) (39 ans), officier de cavalerie, marié le 12 juin 1900,
Laval (Mayenne), avec Marie Le Marié , née le 5 janvier 1881,
décédée le 4 janvier 1923, château de La Mazure (Mayenne).
Sœur Cécile Prouvost, 1921-1983
Midelt
fut donc la dernière étape de sa vie conventuelle, avant le grand saut, chez
les nomades. Là, elle avait un poste d’infirmière dans le dispensaire,
dépendant de la Santé publique, et elle s’occupait plus spécialement de
prévention maternelle et infantile. À la fin de 1969, Cécile écrit :
Depuis deux ans, le Seigneur m’attire vers une intimité constante avec lui et
un profond désir de vie contemplative. Lors de ma dernière retraite en
septembre 1969, il me fit voir clairement que ma vie serait nomade-contemplative.
C’est
en juin 1969, au cours de l’ascension de l’Ayachi (le
deuxième sommet du
Haut-Atlas, 3735 mètres) qu’elle ressentit vivement et
douloureusement combien
les nomades étaient abandonnés au point de vue sanitaire.
À la fin de 1969,
elle présente, par écrit, son projet à la
Provinciale et à son conseil, ainsi
qu’à la Supérieure Générale et
à l’archevêque de Rabat. Elle explique :
Je
voudrais donc, dès le printemps 1970, avoir l’autorisation de passer, de temps
en temps, une nuit sous la tente, soit près d’un malade, soit chez des amis
sûrs – et j’en ai de très sûrs. Il faudrait que rapidement, le rythme atteigne
deux nuits par semaine ; tout en continuant mes activités normales au
dispensaire et en communauté. Puis mon désir serait, dans deux ans,
c’est-à-dire au printemps 1972, pouvoir vivre cinq jours sous la tente, dans la
montagne et rentrer dans ma communauté le samedi et le dimanche. Plus une
partie de l’hiver. Il me semble que là, je vivrais mieux l’imitation de Jésus
Christ, la Voie, la Vérité, la Vie de nos âmes, qui a voulu vivre cette vie de
proximité et de communauté avec les plus pauvres de son pays qui étaient si
semblables au nomades de nos régions ; nomade avec les nomades. Non sans
appréhension, ses supérieures et l’archevêque laissèrent ouverte cette
possibilité de proximité avec les plus pauvres de la montagne. Un projet qui
devint réalité en 1970, au rythme prévu. Comme « compagne », dans ces
débuts, elle eut, non pas l’une de ses sœurs, mais une femme berbère et elle
dira : Il s’est créé entre nous une amitié profonde et actuellement, nous
vivons en fraternité comme deux sœurs, heureuses l’une et l’autre de montrer à
notre entourage qu’une musulmane et une chrétienne peuvent vivre ensemble en
réalisant chacune à fond sa religion. Pour nous, ajoute-t-elle, c’est le
dialogue islamo-chrétien vécu, avec simplicité, mais dans la réalité. Très
vite, elle pourra dire : J’ai enregistré et arrive à suivre d’une manière
régulière près de trois cents familles (de nomades). Il doit en rester à peu
près cent cinquante que je n’ai pas encore touchées. Le travail est surtout de
prévention, vaccinations, visites prénatales, surveillance des nourrissons,
dépistages de tuberculose...Nous faisons aussi les soins… Ce qui est important
pour elle dans ce vivre avec,
ce sont les contacts avec les gens qui l’entourent. Entre 1972 et
1974, elle
circule dans un rayon de trente kilomètres autour de Midelt, ce
qui lui permet
de contacter un grand nombre de personnes. En 1972, elle compte 584
familles,
soit 3475 personnes. En 1974, elle compte 659 familles, soit 3833
personnes et,
en infirmière méthodique, elle établit une fiche
par famille. Elle essaie de
sensibiliser les parents à la nécessité des
vaccinations. Mais comment faire
admettre qu’on pique un enfant en bonne santé ? Elle
ne vaccine aucun
enfant sans l’accord de l’un des deux parents. Un autre
point à obtenir, c’est
l’hospitalisation quand le médecin la demande car les gens
ont peur. Elle suit
avec grand soin les enfants : les rachitiques, les
anémiés, les mangeurs
de terre. Mais elle porte surtout ses soins sur
l’éducation : hygiène,
alimentation : « Cela m’est facilité par le
fait que je vis avec eux, et,
en partie comme eux. Je suis à la disposition de ceux qui
viennent chaque jour
entre 7 h 30 et 17 h 30 ; mais pour les urgences, il n’y a
pas d’heure, je
suis à leur disposition jour et nuit. Pour se faire nomade avec
les nomades,
Cécile est vêtue d’un grand burnous d’homme,
coiffée d’une manière qui n’était
ni féminine ni masculine, et chaussée de grosses sandales
berbères, même en
plein hiver. Lorsqu’elle devait prendre le car, pour ne pas
déranger, elle
était prête à partir de bonne heure.
Enveloppée dans mon burnous, je me couche
sur un banc public, on me prend pour un homme et on me laisse
tranquille. Sa
vie à la tente était partagée entre son travail
d’infirmière, la prière à
laquelle elle consacrait beaucoup de temps et l’étude, car
Cécile lisait,
écrivait et étudiait beaucoup. Elle avait même
composé un lexique
français-berbère et berbère-français. Elle
avait entrepris la traduction en
berbère de l’évangile selon saint Marc et
commencé celle de l’évangile selon
saint Jean. Elle avait traduit le « Notre
Père », le « Je vous
salue Marie » et le « Magnificat » et
composé quelques chants.
Elle suit des cours par correspondance, cours de Bible,
d’islamologie, de
théologie. On lui doit aussi un livret sur le traitement par les
plantes
qu’elle complétera au cours des années, ainsi que
des notes sur l’acupuncture.
Sa vie fut laborieuse et austère. Pour bien le comprendre, il
faut se
l’imaginer dans son contexte habituel : non au calme dans sa
chambre ou
son bureau, elle n’en a pas ; mais assise au pied d’un
arbre, ou l’hiver,
près du feu sous la tente ouverte à tous. En 1978
Cécile reçoit une sœur comme
compagne sous la tente ; mais pour que la Fraternité soit
reconnue par les
instances suprêmes de l’Institut, il faudrait une
troisième sœur, qui se fera
attendre encore cinq ans. En février 1983, Cécile est
opérée à l’hôpital d’une
occlusion intestinale. Et cette opération révèle
un cancer très avancé. Trop
avancé même pour qu’on puisse intervenir. Elle est
mise au courant par le
médecin et elle accepte dans la foi, dans la joie et dans
l’espérance. Puis,
malgré l’insistance des siens, elle exprime le
désir de finir ses jours à la
tente, puisque médicalement il n’y a rien à faire.
Elle quitte l’hôpital quand
la plaie est cicatrisée et continue de soigner les nomades par
l’intermédiaire
de la sœur qui est avec elle sous la tente. Les derniers mois,
les souffrances
physiques furent intenses ; et pareillement sa vie d’union
à Dieu. Deux
mois environ avant sa mort, Cécile commença un
jeûne, ne buvant que du liquide.
Je ne vois pas pourquoi je devrais nourrir mes cellules
cancéreuses quand il y
a tant de gens qui meurent de faim…Ce fut la veille de sa mort,
le 10 octobre
1983, qu’arriva – dernière délicatesse du
Seigneur – la reconnaissance par Rome
de cette fraternité sous la tente. C’était dans la
montagne les fêtes de
mariages et toute la nuit avaient résonné les sons des derbouka (tambours), plus
proches ou plus lointains. C’était pour Cécile, l’annonce d’un autre festin,
d’autres noces. À l’aube du mardi 11 octobre 1983, après une nuit de grandes
souffrances, entourée de ses trois sœurs, elle dit : « Je vais vers
mon Père », prononça le nom de Jésus, entra dans la lumière qui n’a pas de
déclin et dans la joie de Dieu. À ses obsèques, dans le cimetière de la Kasbah
Myriem, c’est une foule qui l’accompagnait, composée de chrétiens et de
musulmans, de prêtres et de religieuses ; mais surtout de ses frères et
sœurs de la montagne, les nomades. Témoignages : Un prêtre qui l’a bien
connue : Le but premier de Cécile a été de vivre avec les plus pauvres, de
partager le dénuement de ce peuple berbère, nomade, qu’elle aimait. Le partage
de leur vie avec tout ce qu’il y a de difficile, de dur et parfois même de
rebutant, c’était son choix et non pas une conséquence à supporter tant bien
que mal. Elle aimait les pauvres, non pas en phrases et en théorie, mais dans
la réalité des actes quotidiens. Son programme de vie : - Imitation de
Marie : surtout dans son mystère de la Visitation, puisque, comme elle, je
porte le Corps de son Fils.- Adoratrice de cette Eucharistie avec laquelle je
vis en intimité totale.- Victime, car les sacrifices ne manquent pas quand il
faut affronter les intempéries, la privation de tout ...- Missionnaire, selon
l’esprit de Mère Fondatrice, Marie de la Passion.Son faire-part de décès
composé par elle-mêmeAu nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux, Jésus a
dit : Je suis la
Résurrection. Qui croit en moi, fut-il mort, vivra ; et quiconque vit et
croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? (Jn 11, 25)
Réjouis-toi avec moi ! Le Seigneur est venu me chercher pour la vie qui ne
finit pas. Je prie pour toi et je t’attends dans la joie de la Résurrection.
Amen. Alleluia ! Cécile Prouvost Monseigneur Chabert, l’archevêque de
Rabat : Je
l’admirais et j’étais fier d’avoir dans mon diocèse une telle ambassadrice de
Jésus parmi les plus pauvres. Elle représentait bien cette option
préférentielle que l’Église demande. Et sa Provinciale : Telle que je la
connais, l’estime et l’admire, profondément dans son don total, dans ce
cheminement qu’elle a fait depuis des années et qui […] me semble une
authentique recherche du Seigneur, à l’exemple de saint François et de Marie de
la Passion.
Henri Louis Marie Joseph Prouvost(1895 - 1983), de la
lignée non rattachée des Benjamin Prouvost, naquit à Roubaix (Nord) le 1er
octobre 1895. Il fit ses études primaires et secondaires à l'Institution
Notre-Dame des Victoires à Roubaix. Il voulait se destiner aux Missions, et il
fit sa demande au Séminaires de la rue du Bac le 12 juillet 1912. Il entra au
Séminaire des Missions Etrangères de Bièvres le 9 septembre 1912. Il n'avait que
17 ans.
La grande guerre éclata en 1914. Parti pour
le front, il fut blessé en septembre 1916 et réformé temporairement en 1917. Il
fut réformé définitivement en 1919, et rejoint le Séminaire pour y achever ses
études. Ordonné prêtre le 12 mars 1921, il reçut sa destination pour la Mission
de Mysore. Il partit pour l'Inde le 26 septembre 1921. A Bangalore, ville
épiscopale de la Mission de Mysore, il se mit à l'étude des langues au Collège
Saint Joseph. Après quelques années d'étude, il devint professeur, puis recteur
de l'école anglaise en 1931. Enfin, en 1932, il devint Principal du Collège
universitaire. En l'espace de cinq ans, il fit de ce Collège l'une des grandes
institutions universitaires du pays.
En 1937, ce Collège fut confié aux Pères
Jésuites et le Père Prouvost devenait libre. Rappelé en France, il fut envoyé à
Menil-Flin pour fonder un Petit Séminaire MEP. Secondé par quelques confrères
et quelques Soeurs des Missions Etrangères, il recruta des
"postulants", auxquels il enseigna le français et l'anglais. Vint la
guerre de 1939-1945. Elle permit l'intégration plus complète à la vie du
village : prières communes dans la Chapelle de l 'école, services mutules,
hébergements fugitifs, refuge de la population dans les caves du Séminaire au
moment des bombardements. Il assurait la messe paroissiale à Ménil-Flin et ses
sermons appelant les chrétiens à la pratique d'une foi véritable étaient fort
appréciés. Il dirigea cette école missionnaire de 1937 à 1944.
En 1944, une Mission extraordinaire fut proposée
au Père Prouvost. Le Pape Pie XII demanda aux Missions Etrangères de nommer
l'un de leurs membres, pour faire la visite apostolique de toutes les Missions
francophones d'Afrique. Le Père Prouvost fut nommé à ce poste, et après avoir
reçu les consignes des autorités romaines en décembre 1944, il s'envola pour
Dakar en janvier 1945. Il fut un visiteur juste et impartial et fit un rapport
très détaillé, très apprécié à Rome. Tant et si bien que le Pape Pie XII voulut
nommer le Père Prouvost archevêque de Dakar. Mais il présenta respectueusement
ses objections au Pape, et put rejoindre le Séminaire de la rue du Bac, fin
1946.
On lui confia alors le poste de directeur l'information
missionnaire. Il multiplia alors les voyages par toute la France, fit de nombreuses
conférences pour susciter des vocations missionnaires. Il poursuivit ce travail
jusqu'en 1950.
A l'Assemblée générale de la Société en 1950, il est élu
assistant du Supérieur général. Il continua de s'occuper du recrutement, et
presque tous les dimanches, il allait prêcher des "Journées
missionnaires" dans les paroisses ou institutions. Egalement, il dut faire
la visite des Missions en tant que membre du Conseil général. Il put ainsi se
rendre compte du travail des confrères et les réconforter dans leurs
difficultés.
Avec l'élection d'un nouveau Conseil général en 1960, le Père
Prouvost devint bibliothécaire de l'importante bibliothèque de la rue du Bac.
Mais bientôt avec l'âge, il fut atteint de cataracte double. Sa vue baissa de
plus en plus et il fut déchargé de la bibliothèque en juin 1981. Pendant deux
ans encore, il continua à rendre service, assurant deux heures de confessions
chaque semaine dans la Chapelle du Séminaire.
En 1983, le Supérieur général l'invita à se retirer dans notre maison de Montbeton, près de Montauban. Il y alla à contre-coeur, mais fit preuve d'obéissance, mais aussi d'un grand sacrifice. Un jour, alors qu'il célébrait la messe avec la communauté, il fut pris de malaise, perdit connaissance et dut être transporté à l'hôpital de Purpan, à Toulouse. En plus d'une méningite maligne, il fut victime d'une infection urinaire et d'un oedème au poumon. Après avoir reçu le saint Viatique, il mourut le 28 octobre. La concélébration fut présidée par le Père Rossignol, vicaire général de la Société, qui dit au cours de son homélie : "Le Père Henri Prouvost est l'un de ces hommes qui a tout quitté pour suivre Jésus. Il s'est mis au service de Jésus avec un rare ensemble de talents et de qualités... Avec son décès, c'est une grande figure qui disparaît : une grande figure de la Société des Missions Etrangères, une grande figure du monde missionnaire."
Évêque de Dakar (1947), puis archevêque (1955) , évêque de Tulle
(1962), supérieur général de la Congrégation du Saint-Esprit (1962), fondateur
de la Fraternité St Pie-X
Évêque de Tulle
Né le 29 novembre 1905 - Roubaix
(59, Nord)
Décédé le 25 mars 1991 - Martigny
(Suisse)
À l'âge de 85 ans
Ordonné prêtre en 1929
Missionnaire au Gabon (1932-1945)
Supérieur du Scolasticat de Mortain en France (1945 -1947)
Archevêque de Dakar, (1947-1962)
Archevêque de Tulle en France (1962),
Archevêque de Synnada en Phrygie (Syrie), in partibus infidelium
Supérieur de la Congrégation des Pères du Saint-Esprit (1962-1968)
Fondateur de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X (1970)
"Tradidi vobis quod et accepi"
Populaire défenseur de la
messe en latin ou maurrassien impénitent, «athanase du XXe siècle» ou «avocat obstiné d’une théologie attardée»,
Mgr Lefebvre a suscité toute une imagerie d’Épinal. Rend-elle bien compte d’une
affaire qui eut un large écho, spécialement en France, et aboutit à un nouveau
"schisme" dans l’Église catholique ?
Né
à Tourcoing dans une
famille très pieuse le 29 novembre 1905, Marcel Lefebvre eut au
sein de
l’Église un itinéraire exemplaire. Admis au
séminaire français de Rome en 1923,
il est ordonné prêtre en 1929. Après un an en
paroisse à Lille, il rejoint son
frère René chez les Pères du Saint-Esprit. Au
Gabon de 1932 à 1945, puis
directeur du scolasticat de la congrégation, il est choisi par
Pie XII comme
vicaire apostolique de Dakar en juin 1947 et reçoit la
consécration épiscopale
des mains du cardinal Liénart en septembre. En 1955, le cardinal
Tisserant
vient l’introniser premier archevêque de Dakar.
Délégué apostolique pour
l’Afrique de l’Ouest (1948-1959), il participe activement
à l’affirmation d’une
Église africaine ; il a ordonné prêtre son
successeur, le futur cardinal
Thiandoum. L’heure du départ arrive néanmoins, en
janvier 1962, pour un homme
réticent vis-à-vis d’une décolonisation
jugée prématurée. Transféré au
modeste
siège de Tulle, il est élu supérieur
général des Spiritains dès août 1962.
C’est ainsi qu’il se rend, en octobre, à la
première session de Vatican II.
Le concile marque un
premier tournant dans ce brillant parcours. Déjà isolé par son soutien à la «Cité
catholique» de Jean Ousset et à la cause de l’«Algérie française»,
Mgr Lefebvre se range, à l’inverse des autres évêques français, dans la
minorité conservatrice. Animateur du Coetus internationalis patrum (1964), il
réclame une nouvelle condamnation du communisme et bataille contre la
collégialité assimilée au «collectivisme», l’œcuménisme et la liberté
religieuse, «apostasie légale de la société». Mais, en 1963, il vote la
réforme liturgique. Le futur censeur de la «messe de Luther» a aussi
accepté les premières modifications apportées par Paul VI, avant la refonte du missel d’avril
1969. En mai 1988, il reconnaît la validité de la nouvelle messe et la rupture
n’est pas intervenue sur ce sujet. Le contentieux entre Mgr Lefebvre et Rome ne
se réduit donc pas à la liturgie latine. Au demeurant, parmi les nombreux
textes conciliaires, le prélat contestataire a toujours déclaré n’avoir rejeté
que Dignitatis humanae et Gaudium et spes . Or l’après-concile voit se
développer une accélération du processus de sécularisation et une «crise
dans l’Église» (Paul VI). Mis en minorité dans sa congrégation, Mgr
Lefebvre démissionne le 30 septembre 1968. Pourtant il ne renonce pas à «faire
l’expérience de la tradition».
Sollicité par neuf
séminaristes, il ouvre en 1969 une maison d’accueil qui, installée à Écône
(Suisse) l’année suivante, devient un véritable séminaire. Le 1er novembre
1970, Mgr Charrière approuve la constitution d’une Fraternité sacerdotale
Saint-Pie X destinée à rassembler les futurs prêtres. Les évêques de France ne
tardent pas à s’émouvoir devant une institution concurrente et indépendante.
D’autant qu’entre 1970 et 1974 Mgr Lefebvre passe d’une vive critique de
l’application des réformes à une mise en cause du concile lui-même et bientôt
du pape. Le manifeste du 21 novembre 1974 dénonce «la Rome de tendance
néo-moderniste et néo-protestante, qui s’est manifestée clairement dans le
concile Vatican II». Ce brûlot entraîne la réaction de Paul VI: au terme
d’une procédure que Mgr Lefebvre conteste, la Fraternité est supprimée (mai
1975). En juillet 1976, passant outre à l’interdiction d’ordonner des prêtres,
le prélat est suspendu a divinis .
Devenu chef de file des
traditionalistes, l’évêque dissident développe son œuvre tout en gardant des
liens avec Rome : Paul VI (1976) et Jean-Paul II (1978) le reçoivent. Malgré la
concession liturgique de 1984, les négociations piétinent. Ulcéré par la
rencontre interreligieuse d’Assise (1986), Mgr Lefebvre menace, en juin 1987,
de consacrer des évêques afin d’assurer la pérennité de sa Fraternité. Le
cardinal Ratzinger tente un ultime compromis. Mais l’accord du 5 mai 1988 est
rompu le lendemain par Mgr Lefebvre qui sacre, assisté de Mgr de Castro Mayer,
quatre évêques le 30 juin. Le camp traditionaliste se divise : certains (le
Barroux, la Fraternité Saint-Pierre) acceptent les offres romaines.
Excommunié, le vieil
évêque, qui avait remis sa charge de supérieur en 1983 à l’abbé Schmidberger,
meurt le 25 mars 1991. Il lègue une «petite Église catholique de rite
traditionnel» (É. Poulat) d’au moins cent mille fidèles groupés autour des
deux cent cinquante prêtres d’une Fraternité qui entretient six séminaires et
un réseau de prieurés et d’écoles. Il lègue surtout un problème non résolu :
quelle peut être l’attitude de l’Église face à la modernité triomphante ?
Campant sur le refus des droits de l’homme, en particulier de la liberté de
conscience, Mgr Lefebvre rêvait de reconstruire la chrétienté: «Nos
chapelles [...], nos monastères, nos familles nombreuses, nos écoles
catholiques, nos entreprises [...], nos hommes politiques décidés à faire la
politique de Jésus-Christ». Il rappelait importunément que ce rêve fut
celui des papes aux XIXe et XXe siècles, et le proposait comme «Vérité
immuable». Répudiant cette stratégie, l’Église conciliaire a voulu
concilier catholicisme et démocratie. Elle a modernisé ses institutions et
s’est proclamée «experte en humanité». Mais de « Mater et magistra »
à « Centesimus annus » en passant par « Humanae vitae »
(encycliques) , elle souligne toujours les failles du libéralisme.
Entre l’exigence du
dialogue et l’affirmation d’une identité intransigeante, Jean-Paul II
poursuivait sur une voie que Mgr Lefebvre jugeait sans issue.
Enfin, le 21 janvier 2009,
sur mandat du Pape Benoît XVI, la Congrégation pour les évêques a retiré le
décret du 1er Juillet 1988 :
Rome, Congrégation pour
les Évêques, le 21 janvier 2009.
Card. Giovanni Battista Re, Préfet de la Congrégation des Evêques
Le Cardinal
Achille Liénard 1907-1973),
Évêque de Lille
en 1928, cardinal en 1930, il dirigea la Mission de France de 1954 à 1964 et
s'intéressa surtout aux problèmes sociaux.
Issu d'une famille de la bourgeoisie négociante de Lille, Achille Liénart opte
au début du siècle pour le sacerdoce diocésain. Il se sent proche du Sillon, de
l'ACJF et mène des études au Séminaire français de Rome. Il va s'engager comme
aumônier dans un régiment d'infanterie à Verdun pendant la Grande Guerre. Nommé
professeur au séminaire de Lille, l'abbé Liénart est aussi sollicité par sa
proximité intellectuelle et familiale avec le catholicisme social qui le mène
vers des activités autour des Semaines Sociales, des militants de la CFTC mais
aussi en direction des communautés protestantes et juives. En 1926, il lui est
alors confié l'importante paroisse de Tourcoing-Saint-Christophe qui le met en
contact avec les milieux du syndicalisme chrétien. Il n'hésite pas à prendre la
défense des « prêtres dévoyés » et accusés de communisme par les milieux
d'extrême droite. Rome l'encourage en le nommant évêque de Lille. Très vite, il
embrasse la cause ouvrière en soutenant une mobilisation syndicale à Halluin
face à un consortium qui refuse la négociation. Son engagement social lui vaut
d'être créé cardinal par Pie XI. Très populaire, il s'avère alors le promoteur
principal de toute l'Action catholique dans le Nord, aidant au développement de
la JOC mais aussi de la bourgeoisie chrétienne. Il s'avère également un
organisateur de la présence ecclésiale en milieu urbain. Il réagit fermement
dans certaines affaires dramatiques comme celle du suicide du maire de Lille et
ministre socialiste Roger Salengro, outrageusement diffamé par une presse à
scandale. À l'heure de la débâcle et de Vichy, il se veut loyal envers le
maréchal Pétain, en cela conforme à l'attitude générale de l'épiscopat
français. À la Libération, il succède au cardinal Suhard à la présidence de
l'Assemblée des cardinaux et archevêques.
Soucieux de la pastorale ouvrière, il suit de près « l'expérience » des
prêtres-ouvriers dont il va plaider la cause à Rome en 1954. Il sera nommé à la
tête de la Mission de France. Il porte également une grande attention aux
missions extérieures avec le soutien au mouvement Ad Lucem et le
jumelage qu'il entreprend avec des diocèses camerounais. Le concile Vatican II
le place sur la scène internationale avec notamment sa véhémente intervention
sur le mode d'organisation dans le choix des membres des commissions
conciliaires, lors de la première séance de travail, le 13 octobre 1962. Il est
alors passionné par l'événement du Concile et partisan de ses orientations. Il
abandonne progressivement sa tâche à partir de 1964. Son évêque coadjuteur, Adrien Gand, lui succédera en 1968. » Catherine Masson, Le Cardinal Liénart, Évêque
de Lille (1928-1968), Bruno
Dumons. Paris, Éd. du Cerf, 2001. - (23,5x14,5), 784 p, 39 €.
François Dalle,
cousin
germain d’Hélène Prouvost-Dalle , s'affirmant soucieux de ses
collaborateurs mais pour mieux leur faire partager son « obsession du supra de
qualité », il métamorphose une
importante PME française en une grande multinationale. L’ industriel a relaté
l’ histoire de l’ entreprise dans un livre intitulé "L’ aventure L’
Oréal", paru en 2001 aux éditions Odile Jacob. Narrant le développement de
ce groupe aux marques emblématiques (Dop, Elnett, Lancôme ou Gemey), François
Dalle profite de cet exercice pour évoquer ses conceptions du management et du
marketing, résumées par la maxime de Schueller « Faire, défaire pour mieux
refaire ». Révélateur aussi, les raisons du choix de son successeur, Lindsay
Owen-Jones:
« C'était le pousseur de chiffre d'affaires
dont L’ Oréal aurait besoin après moi. »
Depuis l'époque de Charles Quint, la famille Mulliez s'illustre dans le textile. En 2011, les avoirs de l’ association font que la famille Mulliez est considérée comme l’ une des plus fortunées d'Europe. Selon Benoît Boussemart, les membres de la famille totalisaient en 2010 une fortune de 30,4 milliards d'euros, ce qui les classe au 1er rang des fortunes françaises devant Bernard Arnault (LVMH) et Liliane Bettencourt (L’ Oréal).
Si le nom des Mulliez ne vous évoque
rien...Phildar, Auchan, Décathlon, Boulanger, Kiabi, Norauto, Midas, Leroy
Merlin, Tapis Saint-Maclou, Picwic, Brice, Pimkie ou encore Camaieu devenu
Jules, vous parleront sûrement plus. Ajoutons à cette liste : Maco pharma,
Kiloutou, Top office, Electro dépôt, Atac, Bricoman, Bricocenter, Déco
services, Cosily, 1000 tissus papiers peints, Cultura, Pic pain... N’oublions
pas le groupe Agapes (numéro deux de la restauration spécialisée en France,
regroupant Flunch, Pizza Paï, Amarine, Les Trois Brasseurs, et So good), la
banque Accor, les maisons de retraites « Les Orchidées », la presse catholique
qui survit grâce à eux (La Croix du
Nord, du Midi, et du Jura, La Voix du Cantal, La Vie Quercynoise, Le Rouergat, etc.).
Et ajoutons leurs 43% de participation dans le capital des 3 Suisses, et les
quelques Quick et Mac Do franchisés, et tant d’autres ... banque Accord fait exploser les compteurs des
cartes de paiement. La banque Accord de la galaxie Mulliez accompagne le
développement international des enseignes familiales.
Bernard Arnault
Photo Paris Match
est le père de cinq enfants de son premier mariage avec Anne Dewavrin (remariée à Patrice de Maistre) : Delphine, administratrice du groupe LVMH depuis 2004 et Antoine, directeur de la communication chez Louis Vuitton. De sa seconde et actuelle épouse, Hélène Mercier-Arnault, canadienne, pianiste, il a trois fil s . LVMH est un groupe international ; La majeure partie des 80 000 salariés est basée à l’ international :- 22 % en Amérique du Nord et du Sud, 6 % au Japon, 19 % en Asie-Pacifique, 22 % en Europe (hors France). De plus, 85 % du chiffre d'affaires sont réalisés à l’ international. Par aIl leurs, le groupe LVMH a établi de nombreux partenariats avec différentes écoles à l’ international. Un récent reportage montre l’attachement de Bernard Arnault pour Roubaix, la ville de sa naissance et de son enfance et de sa famille, montrant une sensibilité qui s’exprime dans son talent pianistique.