Quelques illustrations de la lignée des
Mathon

Blason-Mathon 
Quelques jalons :

1° époque : Une lignée chevaleresque à Liège (1250-1400)

2° époque : Les Mathon du Lion d’or, parmi les 40 drapiers à Arras.

 3° époque : A la destruction d’Arras par Louis XI, deux branches de Mathon s’établissent à Avesne-le-Comte et à Ecoivre :

4° époque : En 1650, une partie reste à Avesnes et Ecoivres (annoblie en 1696, seigneurs d’Ecoivres ); installation au Mont Saint Eloi et à Lille (puis la Hollande) venues d’Avesnes.

Puis la branche ainée et cadette à Lille, une autre qui ira en Hollande ; la branche du Mont saint Eloi perdure ; celle d’Ecoivre s’achève avec Jeanne Mathon épouse d’Alexandre de Brandt de Galametz, comte de Marconne.

5° époque : les quatre branches actuelles :

1 Roubaix avec henri Aimé Mathon époux d’Adélaïde Lepers.

2     Lille avec Auguste Mathon avec les alliabnces Dehau, Beaussier, Rouzé, Cuvelier.

3     Hollande venue de Lille avec le général Edmond Mathon époux de Marie Hoppenbroouwers à Bréda

4     Branche du Mont Saint Eloi avec François Mathon époux de Madeleine Carton.

 

Descendants de Jehan Mathon

Jusqu'à la 12e génération.

E poque d’Arras : Jehan Mathon, né vers 1390, décédé.
Marié avec Ne N, dont

·             Philippe Auguste Joseph Mathon, baptisé le 11 novembre 1756, St-Sauveur, Lille (59), décédé le 3 janvier 1783, Lille (59) (à l'âge de peut-être 26 ans), négociant en toiles.

·             Henri Aimé Joseph Mathon, né le 29 mars 1758, Lille (St Sauveur), décédé le 22 novembre 1823, Lille (à l'âge de 65 ans), bourgeois de Lille 1782. négociant en toile..
Marié le 25 février 1783, La Madeleine (59), avec Désirée Joseph de Le Becque, née le 18 mai 1758, Roubaix, Nord, décédée le 1er juin 1815, Lille, Nord (à l'âge de 57 ans), dont

o     5° époque : Branche ainée de Roubaix : Henri Aimé Joseph Mathon, né le 20 novembre 1784, Lille (59, Nord), Saint Sauveur, décédé le 11 janvier 1862, Roubaix (59, Nord) (à l'âge de 77 ans), négociant en toiles à Lille, avec comptoirs à Bordeaux et Toulouse.
Marié le 3 janvier 1819, Roubaix (59, Nord), avec Adélaïde Louise Constance Lepers, née le 17 mai 1800, Roubaix (59, Nord), décédée le 9 novembre 1877, Roubaix (59, Nord) (à l'âge de 77 ans), dont

§    Henry Mathon, né le 7 juin 1821, Lille, Nord, décédé le 26 septembre 1897, Roubaix, Nord (à l'âge de 76 ans), négociant en laines à Roubaix, président de la Chambre de Commerce de Roubaix.
Marié le 21 octobre 1849, Béthune (62, Pas-de-Calais), avec Cécile Warembourg, née le 26 juin 1830, Béthune (62, Pas-de-Calais), décédée le 7 octobre 1917, Roubaix (59, Nord) (à l'âge de 87 ans).

§    Julie Aimée Mathon, née le 21 mai 1825, Lille (59, Nord), décédée le 16 juin 1895, Roubaix (59, Nord) (à l'âge de 70 ans).
Mariée le 16 juin 1845, Roubaix (59, Nord), avec Louis Lefebvre, né le 21 janvier 1818, Roubaix (59, Nord), décédé le 4 novembre 1875, Roubaix (59, Nord) (à l'âge de 57 ans).

§    Zoé Elisabeth Mathon, née en 1827, Roubaix (59, Nord), décédée le 21 novembre 1918, Roubaix (59, Nord) (à l'âge de 91 ans).
Mariée le 26 juillet 1846, Roubaix (59, Nord), avec Henri Joseph Lefebvre, né le 15 mars 1825, Roubaix (59, Nord), décédé le 8 mars 1867, Paris (75) (à l'âge de 41 ans).

§    Adélaïde Mathon.
Mariée avec Charles Masson.

o     Julie Martine Joseph Mathon, née le 6 octobre 1789, Lille (59), décédée le 7 juin 1832, Armentières (80) (à l'âge de 42 ans).
Mariée le 10 avril 1809, Lille (59), avec Charles André Joseph Delangre, ...

·             Guillaume Joseph Mathon, baptisé le 16 janvier 1760, Lille (59), décédé le 1er avril 1798, Lille (59) (à l'âge de peut-être 38 ans), bourgeois de Lille 1782. négociant en toile..
Marié le 7 mai 1782, Lille (59), avec Isabelle Thérèse Joseph Baillon, née avant 15 octobre 1758, décédée le 7 juillet 1824, dont

o     5° époque : branche de Lille : Joseph Etienne Mathon, né le 16 février 1783, Lille (59), décédé le 1er août 1861, Lille (59) (à l'âge de 78 ans), négociant en vin de Bordeaux.
Marié le 7 novembre 1825, Lille (59), avec Charlotte Damesme, née le 17 mai 1803, Colmar (68), décédée le 11 septembre 1887, Lille (59) (à l'âge de 84 ans), dont

§    Achille Edouard Marie Joseph Mathon, né le 25 septembre 1827, Lille (59), décédé le 6 janvier 1907, Lille (59) (à l'âge de 79 ans).
Marié le 22 octobre 1862, Orchies (59), avec Julie Pauline Marie Cuvelier, née le 28 octobre 1842, Halluin (59), décédée.

§    Ernest Xavier Henri Mathon, né le 4 août 1829, Lille (59), décédé, officier.
Marié le 5 juin 1876, Longui, avec Gabrielle Guillain, née le 15 février 1848, Longui, décédée.

·             Marie-Ange Mathon, née en 1762, Lille (59), décédée le 1er janvier 1807 (à l'âge de 45 ans).
Mariée le 4 février 1782, Lille (59), avec Liévin-François Hovyn, né le 25 avril 1747, Menin (Belgique), décédé en 1837, Wevelghem (à l'âge de 90 ans), échevin de Menin 1789, président du comité de surveillance puis bourgmestre de 1794 à 1798
maire de 1801 à 1804..

·             Simon Adrien Mathon, né le 6 octobre 1728, Lille (Nord).

·             Edouard Mathon, né le 30 octobre 1729, Lille (Nord), décédé le 1er août 1774, Lille (Nord) (à l'âge de 44 ans), négociant et fabricant de fil à coudre et à dentelles.
Marié le 27 octobre 1754, Lille (Nord), avec Henriette Desmarescaux, née le 10 septembre 1732, Lille (Nord), décédée le 3 juillet 1790, Lille (Nord) (à l'âge de 57 ans), dont

o     Simon Mathon, né le 8 mars 1756, Lille (Nord) (parrain: Simon Adrien Mathon 1684-1757 ).

o     Henriette Mathon, née le 24 février 1758, Lille (Nord), décédée le 29 novembre 1759, Lille (Nord) (à l'âge de 21 mois).

o     Edouard Mathon, né le 14 juillet 1759, Lille (Nord), décédé le 19 novembre 1759, Lille (Nord) (à l'âge de 4 mois).

o     Marie Philippine Mathon, née le 2 septembre 1760, Lille (Nord), décédée le 13 septembre 1817, Lille (Nord) (à l'âge de 57 ans).
Mariée le 15 août 1781, Lille (Nord), avec Alexandre Beaussier, né le 26 novembre 1757, Lille (59), décédé le 6 janvier 1826, Lille (59) (à l'âge de 68 ans), officier de la monnaie de Lille, bourgeois de Lille, salineur, négociant en tabacs, président du tribunal de commerce et de la chambre de commerce de Lille, conseiller municipal de Lille, député, ...

o     Augustine Mathon, née le 6 janvier 1762, Lille (Nord), décédée le 4 octobre 1820, Lille (Nord) (à l'âge de 58 ans).
Mariée le 26 juin 1787, Lille (Nord), avec Henri Dominique Bernard, né le 5 août 1760, Lille (Nord), décédé le 15 juillet 1838, Seclin (Nord) (à l'âge de 77 ans), négociant et juge consulaire à Lille, ...

o     Elisabeth Mathon, née le 2 février 1764, Lille (Nord), décédée le 25 septembre 1848, Lille (Nord) (à l'âge de 84 ans).
Mariée le 26 novembre 1786, Lille (Nord), avec Benjamin Rouzé, né en 1762, décédé en 1821 (à l'âge de 59 ans), banquier et président du tribunal de commerce de Lille, ...

o     Monique Mathon, née le 11 août 1765, Lille (Nord), décédée le 25 décembre 1824, Merville (Nord) (à l'âge de 59 ans).
Mariée le 2 février 1794, Lille (Nord), avec Edouard Joseph Capron, fabricant de drap.

o     Sophie Mathon, née le 6 août 1768, Lille (Nord), décédée le 14 mars 1812, Lille (Nord) (à l'âge de 43 ans).
Mariée le 31 mai 1790, Lille (Nord), avec Hyacinthe Bonnier du Metz, négociant (dont postérité). Mariée le 19 mars 1797 avec Jean François Reynaert (dont postérité).

o     5° époque : les Mathon de Lille : Auguste Mathon, né le 11 septembre 1770, Lille (Nord), décédé le 4 janvier 1831, Lille (Nord) (à l'âge de 60 ans), officier au 6° dragons.
Marié le 6 août 1797, Lille (Nord), avec Thérèse Dehau, née le 11 mars 1777, Lille (Nord), décédée le 27 septembre 1817, Lille (Nord) (à l'âge de 40 ans), dont

§    Adèle Joseph Mathon, née le 17 juillet 1798, Lille (Nord), décédée le 26 septembre 1856, Oostende (Flandre-Occidentale, Belgique) (à l'âge de 58 ans).
Mariée le 25 août 1825, Lille (Nord), avec Jules Descamps, fabricant de fils retors à Lille (dont postérité).

§    Lucie Françoise Mathon, née le 27 mai 1800, Lille (Nord), décédée en 1861, Paris (à l'âge de 61 ans).
Mariée le 2 mai 1824, Lille (Nord), avec Alexandre Fiévet, percepteur à Denain (dont postérité).

§    Auguste Simon Mathon, né le 19 janvier 1802, Lille (Nord), décédé le 23 octobre 1869, Bruxelles (à l'âge de 67 ans), fabricant de fils à coudre.

o     Séraphine Mathon, née le 19 octobre 1772, Lille (Nord), décédée le 21 mai 1825, Marquette (Nord) (à l'âge de 52 ans).
Mariée le 18 avril 1798, Lille (Nord), avec André Dehau (dont postérité).

·             Marie Barbe Joseph Mathon, née le 16 février 1733, Lille (Nord), décédée le 24 août 1760, Cambrai (Nord) (à l'âge de 27 ans).
Mariée le 3 février 1755, Lille (Nord), avec François Boulanger, seigneur de Saint-Aubin.

 

 Patron de Choc : Eugène Mathon (par M. Francis Delannoy)
eugene-Mathon

  pixpar  Nos plumes amies, du 21/11/2006 pix

                               L’auteur, Monsieur Francis Delannoy, est Président de la Société Historique de Tourcoing  et Président d’honneur de l’Association Culturelle Pays de Ferrain.

Beaucoup ont entendu parler de l'entreprise MATHON et DUBRULLE mais peu connaissent la personnalité du fondateur Eugène MATHON, un bourgeois catholique entreprenant , sorti du tableau de REMBRANDT " Le syndic des drapiers ", un homme qui a dominé l’industrie de la laine en France comme AKYO MORITA domine la firme SONY aujourd’hui. Un patron en avance sur son temps dans beaucoup de domaines et qu'il convient de resituer dans l'histoire de son époque.

Né sous le Second Empire, il en connaît la chute, puis sa vie se déroule pendant la 3ème République, parlementaire. avec ses gouvernements changeants. Il est contemporain de la Révolution industrielle, de ses transformations sociales, des idéologies nouvelles, du développement du catholicisme social; il connaît la Belle Epoque, la guerre 1914-1918, les difficultés de l'après guerre, la reprise économique, la grande dépression des années 30 et la montée des fascismes...Un autre citoyen  illustre de Tourcoing, mais peut être pas descendant de Philippe Mathon lui même dont on a perdu la trace et qui a sans doute été … massacré par les Indiens !!!. 

 

Eugène MATHON un patron issu d'une famille de tradition textile

Au Moyen Age un bourgeois du nom de Jehan MATHON s'installe à Arras pour la fabrication de draps fins, que continue son fils. Ce dernier chassé sous Louis XI, s'implante à Avesnes-le-Comte en 1479 où il établit un peignage, un tissage, une filature de laine et de lin... Plus tard, le grand père d'Eugène, Henri MATHON, vient à Roubaix en 1832 après avoir épousé une roubaisienne en 1800, Adélaïde Lepers. Son père, prénommé aussi Henri est fabricant de tissus, c'est lui qui est à l'origine des écoles libres de Roubaix, il épouse Céline Warembourg.

Eugène est le 3ème fils de ce mariage, né le 21 décembre 1860 à Roubaix. Son éducation est essentiellement humaniste, à base de latin, donnée au couvent des dominicains Albert le Grand à Paris, qui reçoit surtout les jeunes gens des familles industrielles du Nord : il y côtoie Eugène MOTTE, les frères LE BLAN... Son père s'associe à un ancien officier Jean DUBRULLE. Les deux rachètent le tissage SCREPEL-ROUSSEL à Roubaix. Eugène épouse Louise MOTTE, soeur de son camarade de collège, il succède à son père, non sans avoir appris le tissage et l'anglais. En 1887, il achète un terrain Boulevard Gambetta à Tourcoing près de la voie ferrée... Il y a là 150 métiers.

Qui est-il ce nouveau patron tourquennois ? Un homme de grande taille, fortement charpenté, solide, tranquille, un industriel lettré et cultivé: c'est ÉRASME pour les idées, STENDHAL pour la prose, TACITE pour l'argumentation, un homme qui veut bousculer les routines, ennemi de la médiocrité, parfois chimérique, et ignorant des obstacles qui se dressent devant lui.

Son épouse Louise est une femme dynamique et "sociale". Du couple naissent 4 filles dont 3 meurent rapidement. Pour lui, la famille est un élément essentiel dans la société : en 1897, il fait bâtir une maison en bordure du Boulevard d'Armentières à Roubaix, au milieu des vergers et des près.

Eugène MATHON, un patron novateur dans son entreprise

A l'usine, les ouvriers apprécient "Monsieur Eugène" pour ses connaissances du métier, à la différence des autres patrons. Il a compris l'importance du bureau d'études sur le bureau de vente : sa grande préoccupation est le "sacro saint" prix de revient. Il pense aussi qu'il faut informer l'ouvrier et a l'idée de faire des conférences à l'intérieur de l'usine, il rédige même un décalogue du chef d'entreprise "le premier devoir d’un patron est de ne pas faire faillite" écrit-il.

Eugène MATHON a bien compris que l’économie est mondiale. En dehors de Tourcoing, d'abord, il possède une filature de laine peignée à Anor "les Anorelles" et un tissage à Avelghem en Belgique, mais surtout il dispose d’agences dans tous les continents: 24 en Europe. 4 en Asie, 3 en Afrique. 2 en Amérique 12 en Amérique Centrale, 12 en Amérique du Sud. 4 en Océanie.

Les établissements MATHON associés à Maurice DUBRULLE (fils de Jean) fabriquent des articles réputés pour hommes et femmes : des lainages, des doublures en tous genres : en 1899, ils font construire un important établissement de teinture et d'apprêts et une retorderie de l’autre coté du Boulevard Gambetta, soit au total 3 000 ouvriers et 1 000 métiers.

 

Eugène MATHON travaille avec son beau-fils Eugène RASSON : leur marque est Gallus symbolisée par un coq sur un globe... de l'inusable! Il s'intéresse à son personnel auquel il donne des primes de fidélité: "la prime tabac" et une participation aux bénéfices non négligeable quand les affaires marchent bien.

"Rester à Tourcoing, c'est brouter au piquet dit son beau-frère (le Motte), c'est pourquoi il voyage à travers le monde. On le retrouve aux Indes, au Sénégal, au Japon (nous n'avons rien à leur apprendre" dit-il des japonais), et à Honolulu. C'est là que malade en 1935, il rentre en France et décède quelques temps plus tard d'une embolie, le 23 novembre 1935, à Paris.

Eugène MATHON, un patron aux fonctions multiples

Eugène MATHON a cumulé les fonctions. Il est juge au Tribunal de Commerce de Roubaix, président du Syndicat des fabricants de tissus de Roubaix-Tourcoing, il est l'organisateur de l'Exposition internationale de Roubaix en 1911; pendant 1914-1918, il est délégué régional de la Croix Rouge.

Sa femme, elle, est infirmière. Après la guerre, il crée l'Association des sinistrés du Nord de la France, il est conseiller du commerce extérieur, en 1922, il est président du Syndicat du Syndicat des fabricants de tissus de Roubaix-Tourcoing, administrateur de la Banque de France et président de l'Union des fabricants de tapis de France.

Eugène MATHON, un patron "frondeur"

Il critique le régime parlementaire de la 3ème République et ses incapacités. Dans les banquets, il admoneste même les ministres. Il se retrouve à droite dans l’Action Française (condamnée par la papauté en 1926). C'est ainsi qu'avec les adhérent de cette dernière, il se rend à Rome en 1923 pour y rencontrer Mussolini et le Pape. Il est foncièrement anti-marxiste et hostile à toute tendance qui s'y rapprocherait, tels ceux qu' A.Cavalier évoque dans son livre: les "Rouges chrétiens". S'il admet l’encyclique de Léon XIII "Rerum novarum", il s'en prend aux Républicains démocrates et aux prêtres "sociaux".

pixEugène MATHON. un patron paternaliste et social

Son catholicisme le porte au paternalisme. Il est à la fois chef et père dans l'entreprise et estime qu'il doit assurer à son personnel des retraites, des allocations familiales, des logements: il fait construire pour ses ouvriers les maisons de la rue Pasteur à Mouvaux, reprenant une initiative ancienne, il crée les allocations familiales, donnant à l’ouvrier père de 4 enfants, un sursalaire équivalent à 5 jours de travail payés en plus.

La question sociale l'amène à créer le Consortium de l'industrie textile de Roubaix-Tourcoing en 1919, dont il confie le secrétariat à un homme qu'il a rencontré l'année précédente Désiré Ley et qui groupe, en 1921, 312 usines soit 60 000 salariés. Pour remettre en marche l'économie, après la guerre 14-18, il pense qu'il faut un accord capital travail et donc un nouveau système économique fondé sur la corporation, avec des syndicats d'entreprise, garants de la paix sociale, théorie s'inspirant de Le Play (1806-1882) et de la Tour du Pin (1834-1924), et des corporations de métiers organisées au niveau local, régional et national, sans intervention de l'Etat, comprenant la corporation économique et la corporation sociale. C'était sans compter sur la guerre, la Révolution russe de 1917 et le bolchévisme.

Eugène MATHON, un patron face aux syndicats chrétiens

Après la loi de 1884, s'étaient formés des syndicats tels CGT ou CGTU (unitaires), en 1920, se constituent les syndicats chrétiens, la CFTC par exemple, Eugène MATHON les critique parce que selon lui, ils pratiquent la lutte des classes, se font des alliés des "Rouges" et attaquent les patrons qui donnent des allocations familiales. C'est pourquoi il rédige deux rapports qu'il soumet au Pape Pie XI. Le premier fin 1923, le second en 1924, dans lesquels il critique les Syndicats chrétiens et les prêtres qui les soutiennent.

Dans les conflits sociaux de l'après guerre, notamment ceux d'Halluin: grève chez SION, grève des "Dix Sous" (1928-29), le consortium, par Désiré LEY, s'en prend plus aux syndicalistes chrétiens qu'aux unitaires ; dans ces grèves longues et dures, les grévistes ont besoin de soutiens financiers pour aider leurs membres. C'est pourquoi ils lancent une souscription à laquelle participe Monseigneur Achille LIENART, ancien curé-doyen de St Christophe à Tourcoing, devenu évêque de Lille. prenant ainsi nettement position.

Cela entraîne une réaction d'Eugène MATHON et une réponse de l'évêque de Lille: "J'ai rempli mon devoir de charité en venant au secours de la misère physique, lorsqu'un conflit social en vient à menacer des vies et des santés humaines, la charité doit aller au secours de ces misères, elle n'a pas à se demander qui a tort et qui a raison".

C'est pendant ces conflits qu'arrive la réponse de Pie XI aux rapports d'Eugène MATHON, prenant acte de ce qu'a fait le Consortium mais critiquant les méthodes de Désiré LEY et reconnaissant l'action des Syndicats Chrétiens, réponse publiée dans la "Semaine religieuse" par celui qui devint à 46 ans le Cardinal LIENART. L'action du Consortium et de Désiré LEY se continue dans les années de crise 1930-1931, mais son attitude intransigeante amène plusieurs patrons à faire dissidence...

Eugène MATHON a donc été un capitaine d'industrie, une personnalité qui a défendu sa profession, sa région, qui a eu des idées d'avant garde. N'a-t-il pas préconisé la décentralisation? mais il n'a peut-être pas bien perçu les changements du monde de son époque.

Les établissements MATHON et DUBRULLE deviennent UTINOR en 1964, puis sont rachetés par TERNYNCK Frères en 1972. Aujourd'hui ils n'existent plus, mais il reste la mémoire de ce "patron choc" qu'a été Eugène MATHON.

Francis DELANNOY http://www.histoirederoubaix.com

stephane-mathon

Stéphane Mathon :

mathon_motte@yahoo.com

Diplomé de Sciences Po Paris et Licencié es Sciences  (Physique), membre de la Commission Historique du Nord,
      émanation des différentes sociétés historique de ce département
  Ses attaches roubaisiennes et son goût de l'histoire l'ont amené à rejoindre la SER dont il est administrateur depuis 10 ans. Son intérêt principal est le textile. Dans le cadre de la SER, il a donné une conférence intitulée "La publicité du textile du Nord dans les magazines (1925 à 1970)".  Stéphane Mathon est le petit fils de Monsieur Gaston Motte ancien Président de la SER, auteur de nombreux ouvrages : "Roubaix à travers les ages", "Les Motte", "Motte Bossut, un homme, une famille, une firme" (prix Monthyon de l'Académie Française), "Souvenirs d'un ancien petit garçon", "Aspects de la vie en Flandres au temps de Ducs de Bourgogne". "Témoins de familles, 140 témoignages sur la vie de nos ancêtres et les évènements de l'époque: la famille mathon depuis le Moyen-Âge."

En 1624, des Roubaisiens avaient exprimé leur ouverture au monde : sous la conduite de Jean de Lannoy, ils  abordèrent l’ Ile de Manhattan encore occupée par les indiens Manhatte  et Iroquois; ils naviguent  dans le navire « le « Nieuw Netherland » ; parmi eux Philippe Mathon, de Tourcoing, sa femme et ses cinq enfants ; l’ île est rachetée aux indiens 60 florins. Quelques années plus tard, d’autres  familles des Pays-Bas viennent dont les enfants de Jesse de Forest, ancêtres  de F.D. Roosevelt. Mais l’ île est bien précaire ; en 1652, une colonie hollandaise arrive. La « Nouvelle Flandre » est appelée « New Amsterdam »; en 1664, les anglais s’emparent de l’ île et la rebaptisent « New-York ». (Le duc York est le frère du roi Charles II ). En 1961, l’ Ambassadeur des Etats Unis a accepté d’être parrain du nouveau carillon de Tourcoing en souvenir du tourquennois Philippe Mathon qui fut l’ un des fondateurs de New-York. Son descendant, Eugène Mathon a bien compris que l’ économie est mondiale. En dehors de Tourcoing, d'abord, il  possède une filature de laine peignée à Anor "les Anorelles" et un tissage à Avelghem en Belgique, mais surtout il  dispose d’agences dans tous les continents: 24 en Europe. 4 en Asie, 3 en Afrique. 2 en Amérique 12 en Amérique Centrale, 12 en Amérique du Sud. 4 en Océanie.

new-amsterdam.Mathon


mathoon-decouvre-Manhattan
 

Retour