Distinctions
de membres de la famille Prouvost

durant la guerre 14-18

Légion d'Honneur et médailles militaires


Branche ainée:
Henri IV Edmond Prouvost 1861-1917

Henri-IV-Prouvost-1861-1917-epoux-Laure-Ernoult

,  Chevalier de la Légion d’Honneur, est décédé à Holzminden en Allemagne le 22 janvier 1917, Médaille militaire mle 11642, soldat au 165e régiment d'infanterie, compagnie de mitrailleuses: bon soldat, zélé et plein d'entrain. A été très grièvement blessé dans l’ accomplissement de ses devoirs, le 23 février 1916. Amputé de la jambe  gauche. Epoux de Laure Jeanne Ernoult, petite fille de Jean François Ernoult, 1797-1868, maire de Roubaix en 1860 qui reçut l’ Empereur  Napoléon III dans sa ville .

Prouvost-Henri-Madame-Edmond-Masurel

Journal de Madame Edmond Masurel, otage  (documents Ferdinand Cortyl)

Hotzminden-Prouvost

Holtzminden*

Holtzminden

Les fils d' Edmond Prouvost, né en 1863

Prouvost-Eloy

Prouvost-Edmond

Jacques  Prouvost tué en 1915 en Alsace

Les deux autres blessés, l'un d'eux très brièvement deux fois, croix de guerre, deux citations.

La fille de Louise Prouvost, Madeleine Ernoult, née le 21 avril 1890, Roubaix (Nord), décédée le 13 mars 1913, Roubaix (Nord) (à l'âge de 22 ans).
Mariée le 14 novembre 1910, Roubaix (Nord), avec Gaston Outters,le 21 mars 1887, Steenvoorde (Nord), tué le 24 février 1916, Verdun (Meuse), inhumé, mort pour la France (à l'âge de 28 ans).

Le petit fils de Charles et Marie Prouvost,

Jean Lepoutre

le 28 février 1893, Mouvaux (59, Nord), décédé le 16 septembre 1916, Ambulance 18/13 à Guesnel (Somme) (à l'âge de 23 ans), canonnier au 62e régiment d'artillerie.

Madame Charles Prouvost-Masurel

1914%2008%2011a%20prefet%20ambulances1914%2008%2011a%20prefet%20ambulancesProuvost-Masurel-1914

Initiatives de soin des malades de Madame Charles Prouvost-Masurel pendant la première guerre mondiale. (documents Alain Prouvost)

 Georges-Louis-Joseph PROUVOST 

né en en 1894, époux de Marthe Virnot, cousin germain de Charles Prouvost

Croix de guerre 14-18

Georges-Prouvost-Virnot

Maurice Prouvost
Maurice-Prouvost-Motte

Eugène Maurice Antoine Prouvost

Prouvost-Crepy-Eugene

le 31 juillet 1895, Roubaix . Il s'engagea volontairement dans le RI 43 à Lille, puis blessé à la jambe au Chemin des Dames près de Berry-au-Bac en 1916, 
s'engagea dans l'aviation et descendit 3 avions allemands entre juin 1917 et 1918 ; 
ce qui lui valut la médaille militaire et la croix de guerre avec palmes
.


Marie Flipo-Prouvost
Infirmière major de la Croix-Rouge française

Son fils Charles Romain Flipo
-Prouvost,
 le 16 août 1884, Tourcoing (Nord), tué le 24 février 1916, Beaumont (Marne), inhumé (à l'âge de 31 ans), filateur

Son autre fils Georges Flipo-Prouvost,
fut blessé à Wailly le 15 septembre 1915; décoré de la Croix de guerre.

Le beau frère de Marie Prouvost , Romain Flipo
eut l'honneur le 5 mai 1922 de présenter au Maréchal Foch la délégation des 7151 familles qui ont donné tant de fils pour la défense de la patrie. Il reçut du Monsueur le Maréchal le trémoignage de sa plus profonde gratitude. Son fils Romain est mort pour la France à Hardicourt. Son autre fils  André eut une conduite d'exception.

Flipo-Prouvost-Desurmont

Flipo-Leclercq-Desurmont_


Beaux-frères de Marcelle Prouvost :

Jacques Desurmont

sergent au 33° d’infanterie. Automobiliste au 1° corps, envoyé en mission de Londres en 1915. Rappelé sur sa demande, entra dans l’aviation, passa pilote et envoyé au front. Au retour d’une reconnaissance, son appareil capota près de Moreuil (Somme). Cité à l’ordre de l’armée. Mort pour la France le 27 mai 1916.

Paul Lefebvre,
sergent au 43° d’infanterie, prit part aux combats de Dinan et à la bataille de Charleroi. Mort por la France à Saint Gérard, près de Lesve, le 23 août 1914.

Desurmont-Prouvost


Le beau frère de Pauline Sophie Prouvost,

Auguste II Lepoutre, 1861-1932,

refusa de fabriquer du tissus aux Allemands et fut déporté à Gustrow en 1915  puis Holtzminden en 1916 . Il avait 14 enfants.

Lepoutre

Gustrow

Jean Lepoutre-Prouvost,

fils d’André Lepoutre et Pauline Sophie Prouvost né le 28 février 1893, Mouvaux , décédé le 16 septembre 1916, ambulance 18/13 à Guesnel (Somme) (à l'âge de 23 ans), canonnier au 62e régiment d'artillerie.

Parlons parmi les cousins : 
" Trois frères Masurel et trois frères Tiberghien
François, Alfred, Jean et Raymond Motte morts au champ d'honneur en 14-18 
et nos vingt oncles et cousins, morts au champ d'honneur en 14-18, 39-45 et en Algérie"  nous dit Jacques Toulemonde, petit fils d'Amédée 2 Prouvost.

Branche des Amédée:

Amédée 2 Prouvost

Amedee-II-Prouvost

Les allemands internèrent en Allemagne 150 otages roubaisiens issus des grandes familles .Au sujet d’Amédée II  Prouvost : "C'est pendant la guerre de 1914 que grand-père donna le plus bel exemple de sa foi patriotique et religieuse. Le 1er mars 1916, il était emmené par les Allemands avec tout ce que Roubaix comportait de notabilités politiques et économiques, comme otage au camp d'Holzminden. Cette captivité, écrit grand-mère dans un petit opuscule « In Memoriam », fut extrêmement dure pour lui à cause de sa santé précaire, de l’infirmité de sa jambe récemment soumise à une intervention chirurgicale. J'ai eu des échos de l’admiration qu'il suscita en se rendant à pied, au lieu de rassemblement. La captivité - elle devait durer 6 mois bien que dure pour un homme de 63 ans (hiver terrible, couchage sommaire, promiscuité) ne semble pas avoir altéré sa bonne humeur et dans ses lettres grand-père ne se plaint pas. Il remercie des photos de famille qui lui ont fait un immense plaisir. « Odette Lesaffre, sur la photo, m'a semble très jolie et très grande, Claude est-il toujours aussi diable? Merci des lettres de ma chère Betsy et de ses envois, de la photo de Simone, je ne connais pas ma dernière petite-fille. Henry me ferait plaisir en me rassurant sur mon Assurance Vie, je ne puis payer les primes. Solange a été bien  gentille pour moi, j'ai vu les photos de ses enfants, le bon sourire de Georges annonce un heureux caractère ». En se prolongeant, la captivité lui devenait de plus en plus pénible. Son cousin et compagnon de captivité, Henri Prouvost, était mort dans ses bras et cela l’avait beaucoup affecté. Rien ne manqua a son angoisse, il fut hospitalisé six semaines au lazaret du camp, a cause d'une grande dilatation de l’aorte, qui donnait des complications cardiaques. Il fut en grand danger. Grand-mère poursuit dans l’opuscule déjà cité : « Après six mois de captivité, le retour à Roubaix fut une meurtrissure pour son cœur, trouvant une maison vide de toutes ses affections et pleine d'Allemands installés en maîtres. En outre, par suite d'information erronée, tant à Roubaix qu'à Holzminden, on s'attendait à ce que les otages libérés fussent dirigés vers la France libre. Grand-mère et Mimi partirent, en conséquence, pour la France libre, vers laquelle les Allemands organisaient parfois les trains via la Suisse, et quand grand-père revint à Roubaix, la maison était vide; il semble d'après les documents que m'a communiqués Hubert Dubois et dont grand-mère a donné lecture a ses enfants avec un admirable courage au lendemain des funérailles de son mari, que grand-père ait été a nouveau inquiète par les Allemands après son retour de captivité. On lit en effet en date du 12 novembre 1917 :

« En partant au tribunal de guerre, «je ne cesse de penser à toi, chère compagne, â mes chers enfants, à mes petits-enfants, et à toute la famille. Si ma santé devait être ébranlée, et que je succombe dans mon cachot, je mourrai en bon chrétien et en partant vers Dieu ma dernière pensée, mes dernières bénédictions seront pour vous. J'ai le cœur qui saigne, mais j'ai l’âme en paix, je serai courageux dans mes heures de souffrance, je vous embrasse tous avec affection et tendresse. P.S. Que mes petits-enfants demeurent de bon chrétiens fideles à nos traditions familiales. « Laus Deo Semper! " C’est dans les mêmes dispositions de foi et de courage qu'il devait mourir prés de dix ans plus tard.


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Beau frère de Gabrielle Prouvost, fille d’Amédée, épouse de Léon Wibaux,

Le général Achille Deffontaines 

fut le premier général français tué pendant le premier conflit mondial, le 26 août 1914 (l’Allemagne a déclaré la guerre à la France le 3 août), alors qu’il commandait sa brigade. Son fils Jean fut tué l’année suivante, à l’âge de 18 ans. ».

Deffontaines

Général de Division le 22.08.1914

Maintenu a titre définitif de la 5éme B.I (composée du 128éme R.I et du 72ème R.I)

en poste à Amiens à la déclaration de la guerre

Le 22.08.1914 le général REGNAULT, commandant la 3ème D.I lui indique la ferme de Herpigny - Robelmont (Belgique) comme objectif.

Avec un parfait mépris du danger le général DEFFONTAINES accompagne à pied les unités du 128ème R.I

Sous les rafales d'artillerie, il reste debout et ne pressait même pas la marche. Blessé à Virton (B)à 16h00 un obus, après tant d'autres qui l'avaient épargné, éclate près de lui, et on le voit tomber.

Blessé le 23/08/1914 à Sommethone près de Virton d'une balle de Schrapnel à la tête

Opéré à Reims

décédé suites de blessures de guerre le 26/08/1914 à l'Hôpital Auxiliaire N°101 à Reims (51) inhumé à Reims (51)

ré-nhumé à Bouvines le 01.03.1921 après que le corps ait été rendu à la famille.

Un détachement du 128ème R.I lui rend les Honneurs

1er Général Français Mort.p.l.France

sur le Monument aux Morts inscrit sur le livre d'or sur la plaque commémorative de l'église St Martin d'Amiens (80)

sur le Monument aux Morts de Bouvines (59)

inscrit sur le Mémorial, Hôtel des Invalides

Musée des Armées - Eglise St Louis des Invalides - 129 rue de Grenelle : Aux Généraux morts au Champ d'Honneur 14-18.

Chevalier Légion d'Honneur le 29/12/1890

citation O.10éme Armée N°226 - J.O du 4/03/1917

Croix de Guerre 1914-1918

Médaille Interalliée dite de la Victoire

Médaille Commémorative de la Grande Guerre

Vincennes SHD 10 Ye 1517 - A.N L.H 687.22 

 

 

 

 

Willebaud Wibaux 1819-1897
&1844 Stéphanie Motte 1823-1882

 

 

 

 

 

 

 

 

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Achille Deffontaines 1858-1914

 

 

Joséphine Wibaux 1868-1954

 

 

Léon Wibaux 1858-1910

 

 

Gabrielle Marie Prouvost 1863-1920

 

 

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Entourage familial:
8-7 Anna Thérèsa Wibaux 1854-1906,
épousa en 1876 à Roubaix, Carlos Eugène Cordonnier, 1845-1921,
 zouave pontifical ; on le trouve à Loigny et Patay.
8-12 Sa sœur Stéphanie Wibaux 1865-1928
épousa en 1889 à Roubaix, Léon Paul Cordonnier, 1861-1941, frère du précédent,
Général, Commandeur de la Légion d’honneur.
Leur frère fut l’autre  8-4 Théodore WIBAUX, Zouave pontifical à 18 ans pour la défense des états Pontificaux et Jésuite, né  à Roubaix, le 13 février 1849, dans une famille de treize enfants. Son père était directeur d’une filature. Son éducation fut pieuse. Les enfants étaient réunis tous les soirs pour la prière, dans le vestibule devant la statue de Notre Dame, appelée par eux la Vierge de l’escalier. Il fit ses études dans un institut de Roubaix, puis comme interne à Marcq. Il devint membre de la Conférence de Saint-Vincent de Paul et s’occupa d’un patronage, le dimanche en fin d’après-midi.

Henri Lestienne-Prouvost
Né en 1870, Décédé en 1915 - Amiens (80, Somme), hôpital, à l'âge de 45 ans
Né d’Henri Lestienne 1845-1912 et Antoinette Marie Prouvost 1849-1924, fille 
d’Amédée I Prouvost, « fondateur des cités jardins de Lille et de sa banlieue, organisateur de nombreuses œuvres ouvrières et sociales, aumônier volontaire de la Grande Guerre dans la 51° division, cité par l’ordre du jour de la 2° armée par le Général de Castelnau, blessé grièvement le 18 juin 1915 dans les tranchées d’hébuterne, mort à Amiens le 6 juillet 1915, ayant offert sa vie pour ses soldats, pour la France, pour sa famille et pour toutes ses œuvres de Lille. Il était mystique, foncièrement artiste, philosophe, fin lettré, très bon gestionnaire ».

« En 1914, autour du 55 de la rue de la Justice à Lille, l’abbé Henri Lestienne verra fonctionner avec bonheur la cité-jardin modèle, moderne et lumineuse (soit 46 appartements et 5 magasins rassemblés autour d’une cour intérieure) qu’il vient de fonder. »
Auteur en 1907 d’une édition critique du discours de Métaphysique de Leibnitz. réédition par la bibliothèque des Textes philoshiques. Paris, J. Vrin, Petit in-8, 94 pages.
Le travail critique est admirablement mené, et semble vraiment définitif.

Henri-Lestienne-Prouvost

Les petits fils d'Antoinette Prouvost, 

Henry Lestienne,
né en octobre 1897, décédé
le 7 mai 1919 (à l'âge de 21 ans), maréchal des logis. 

Jacques Lestienne, 
né en novembre 1898, décédé en avril 1916, Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) (à l'âge de 17 ans). 

Le fils de Jeanne Prouvost, Jules Toulemonde

le 28 mai 1899, Roubaix (59, Nord), décédé le 18 septembre 1917, Talloires (74, Haute-Savoie) (à l'âge de 18 ans).

SOUVENIRS DE LA GUERRE  1914 – 1918 
de Marie-Louise Toulemonde 1874-1957 épouse de Pierre Amédée Lestienne-Prouvost

Lestienne-Toulemonde

« Malgré les angoisses, on n’en réalise pas encore toutes les horreurs.
A ROUBAIX, on craint des troubles. Comme nous habitons Rue Neuve, au centre de la Ville, nous allons chez mes parents, 49 Rue Saint Georges, la maison ne donnant pas directement sur la rue. Mes belle-sœurs font de même. Nous sommes une cinquantaine : on couche par terre et les enfants dans des paniers à linge. Le calme revient : chacun rentre chez soi.
Le 24 Août, les Allemands sont à BRUXELLES. Ici, c’est la panique. Mes parents partent pour DINARD, avec les familles de Joseph et Pierre TOULEMONDE. Pour moi, je ne songe pas à partir : mon mari n’étant pas mobilisable à cause de ses nombreux enfants. Mais au début d’Octobre, les Allemands demandent l’inscription de tous les hommes. Mon cher mari part au début d’Octobre pour la France libre. Je reste seule, bien angoissée, attendant mon 15ème enfant. L’Abbé part avec son père pour reprendre ses études au Séminaire d’Issy. Henry a 17 ans, je le garde avec moi. Mais peu de temps après, les Allemands demandent l’inscription des jeunes. Je le mets en pension chez les Jésuites au TOUQUET (Belgique) attendant la première occasion pour le faire partir pour la France libre. La frontière belge est bien gardée, et je dois user de stratagème pour aller voir Henry, en trompant la surveillance des Allemands.
Le 9 Décembre 1914, naissance de Marie-France : belle grosse fille que son Papa ne connaîtra que quand elle aura 10 mois. Nénette, encore bien jeune, est une bonne société et un soutien pour moi.
Je n’ai plus qu’un désir, c’est de partir en France libre. Mais comment, avec mes 13 enfants ?.. Il faut d’abord que je mette Henry en sûreté. Après bien des hésitations, je le confie à un forain spécialisé comme passeur. Il part au début d’Avril, avec Maurice PENNEL, Séminariste, ami de l’Abbé, qui sera tué quelques mois plus tard. Henry lui-même, mourra des suites de gaz asphyxiants quelques mois après l’armistice, bien triste de n’être pas mort au front. Le voyage est difficile : 80 kilomètres à pieds, trompant la surveillance des Allemands, passant la nuit dehors, se traînant sous les barbelés pour arriver en Hollande, et de là à BOULOGNE où il retrouve son Père. Je suis sans nouvelles de lui pendant plusieurs semaines et bien angoissée, car les Allemands tirent souvent des coups de feu à frontière. Grande joie de son Père. Henry s’engage à 17 ans I /2 pour ses classes dans l’artillerie et part pour le front en Avril et il est blessé au genou et hospitalisé à NORTON. Il sera gazé à la forêt d’Hothulst (Belgique) et réformé.
En Avril 1915, je commence mes démarches pour partir en France libre. Elles n’aboutiront qu’en Septembre, après bien des difficultés et des déceptions. Nénette est mon bras droit et mon ange gardien ; elle a pris ma cause en mains et se débat dans les commandanture. Ses frères et sœurs ne se rendront compte que plus tard de son dévouement.
En Mai 1915, les Allemands donnent des laisser-passer aux Français habitant la Belgique pour retourner en France libre. Par la complaisance d’une famille amie : Me LEFRANCOIS à qui je dois beaucoup de reconnaissance, j’obtiens de me faire domicilier chez elle à HERSEAUX, ce qui avait de graves inconvénients, (comme on le verra par la suite). Les Allemands font des enquêtes chez Me LEFRANCOIS. J’y laisse plusieurs enfants qui ont consigne de dire que leur mère est en courses. Je demande un certificat de malade pour partir plus facilement, et je suis appelé à BRUXELLES où un médecin allemand, bon cœur, me donne un certificat de complaisance « maladie de cœur, très grave », pour que je puisse rejoindre mon mari. Un laisser-passer en bonne forme arrive à HERSEAUX en Septembre. Je dois passer la frontière belge en fraude avec 13 enfants ; le cœur me bat, je passe la dernière. A la frontière hollandaise, fouille minutieuse. J’avais de faux papiers pour Jacques, et de l’argent français : à BRUXELLES on m’avait dit que je ne pouvais pas l’emporter. Je passe la nuit avec Nénette à le cacher dans les ourlets des robes. On le trouve, mais la femme qui visite a encore pitié de moi et de mon troupeau d’enfants, et me le rend.
Donc, les Allemands, furieux de mon départ de ROUBAIX, où j’étais inscrite, se vengent sur ma belle-mère : A.M.LESTIENNE, âgée de 65 ans et qui habitait chez sa fille, Me Joseph TOULEMONDE.  Ils vont la réveiller le soir à 11 heures et veulent l’amener en prison. On obtient sa grâce pour le lendemain. Elle peut se défendre en montrant une lettre que je lui avait écrite lui disant que « j’étais tout à fait brouillée avec elle, que j’étais partie sans lui dire au revoir, qu’elle n’avait pas essayé de m’aider pendant cette guerre, et qu’elle ne savait pas ce que j’étais devenue ». Grâce à cela, elle a été relâchée.
J’arrive à FLESSINGUE (Hollande) vers 11 heures du soir. Nuit dans un hôtel borgne près des quais. Les enfants couchent 5 ou 6 dans le même lit, et moi, dans un fauteuil. Le lendemain, visite au Consulat où l’on me donne les papiers pour l’Angleterre. Embarquement le soir pour TILBURY. Longues formalités de douane. Les jumelles tombent par terre, endormies. De FLESSINGUE, j’envoie un télégramme à DINARD, à mon cher mari, qui arrivera à LONDRES deux jours plus tard. C’est dans la Gare de CHARING CROSS que nous nous retrouverons. Je passe sous silence la joie de revoir.
La traversée a été bonne – 36 heures – à TILBURY où je débarque, les Anglais me demandent des renseignements sur les armées allemandes qui sont à ROUBAIX. Je retrouve à LONDRES mon frère Louis et des amis. La guerre semble terminée pour moi avec le revoir de mon cher mari. Les épreuves recommenceront vite avec la mort de mon cher papa à DINARD, celle d’Henry à Paris et de JACQUES à ST GERMAIN.
De FOLKESTONE, nous partons pour DIEPPE. Le bateau est convoyé par des avions car des sous marins sont signalés. Je ne crains plus rien maintenant que mon mari est avec moi. Les Dames de St Maur à AUTEIL nous hébergent dans leur pensionnat. Tous les maris éplorés viennent me demander des nouvelles de leurs femmes et de leurs enfants restés  à ROUBAIX. Trois mois plus tard il y aura des trains de réfugiés. Je pars pour DINARD (Septembre 1915) où je revois mon cher Papa qui mourra quelques semaines plus tard. Puis c’est ST GERMAIN où Jacques sera opéré de l’appendicite et mourra le 27 Avril 1916.
ST GERMAIN est loin de PARIS ; les communications sont difficiles et mon mari ne peut revenir déjeuner. Les DOGUIN mettent à notre disposition le 56, Rue du Docteur Blanche à AUTEUIL, maison spacieuse, quartier agréable. Les enfants jouent sur la rue comme au village. L’hiver se passe tranquillement.
En Septembre 1917 commence l’idylle entre Nénette et Marcel. Ce dernier est interné en Suisse, comme grand blessé, après avoir eu une conduite héroïque pendant la guerre. Blessé très gravement en Septembre 1914, il reste plusieurs jours sur le champ de bataille ; ses plaies s’infectent et il est transporté mourant, comme prisonnier de guerre en Allemagne. Quelques mois plus tard, a lieu l’échange des grands blessés et il est dans les premiers à être interné en Suisse. Après l’enfer de la guerre, ce séjour est pour lui un paradis terrestre. Il demande la main de Nénette qu’il connut avant la guerre, revient en France : première rencontre à Notre Dame des Victoires, et ce sont les fiançailles, puis le mariage en l’église de l’Assomption : beau militaire en uniforme bleu horizon de la couleur de ses yeux, médaille militaire, légion d’honneur. Puis c’est le repas : 50 personnes à table, repas du grand traiteur de PARIS : POTEL & CHABOT; quelque noce après ces années de privations, chant des enfants composé par Père. L’hiver 17 se passe tranquillement et tristement. En Avril 18 les Allemands tirent sur Paris avec la grosse Bertha installé en secret. C’est la fuite générale. Nous partons pour le VAL ANDRE où Henry est hospitalisé, et c’est le début de la grande offensive dirigée par FOCH et qui mettra fin à la guerre. Le 12 Juin c’est la naissance de mon 16me, Louis ; baptême à PLENEUF, dragées lancées aux enfants, et le 4 Août, la joie recommence avec la naissance de Marcel Fils. Comme l’hiver sera dur au Val André où il n’y a ni charbon, ni électricité, nous refaisons des bagages pour la 10me fois et nous partons pour la BAULE, avec Henry cette fois, qui a été réformé. François et Claire y font la scarlatine et sont soignés par une bonne sœur … qui n’a de bon que le nom. Henry devenant plus malade et l’armistice étant conclu, adénite généralisée suite des gaz, nous retournons rue du Dr Blanche où Henry mourra le 7 Mai 1919. Il sera enterré dans la crypte de la chapelle espagnole, par faveur, en attendant le retour de son corps à ROUBAIX. Puis nous passons l’été au BOUQUETOT, près de Pont l’Evêque. Et c’est  le retour  à ROUBAIX en Septembre 1919. Il nous manquait Henry et Jacques, morts tous deux saintement : Que la volonté de Dieu soit faite. »


Albert-Félix Prouvost

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Prouvost-A-F-guerre-14

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« Notre père (Albert-Félix Prouvost) avait insisté vivement auprès de notre mère pour la décider à quitter Roubaix. Par sa position au Peignage, son titre de président du tribunal de Commerce, il  jugeait que son devoir impérieux était de rester à son poste » Albert-Eugène Prouvost
Il  avait été emprisonné comme notable puis relaché en sa qualité de Consul d’Espagne, il  avait défendu pied à pied nos usines contre les réquisitions de l’ ennemi. Il  était un des dirigeants du Comité général d’aide sous toutes ses formes à la population ouvrière très éprouvée ; il  décéda des suites d’une opération bénigne après avoir écrit des lettres  empreintes des mêmes sentiments de foi en Dieu et dans une France renouvellée par l’ épreuve. Dans les trois derniers mois, il  marque sur ses carnets ceux chez qui il  fut invité : les Emile  Masurel, Edmond Masurel, Madame Auguste Vanoutryve, Amédée Prouvost, Henri Mulliez, Ernest et François Roussel, René et Joseph Wibaux, Eugène Mathon ; le 31 mars : « dîner chez les Edmond Masurel ». Le 5 avril, il  succomba à son embolie.

Les élus socialistes prononcèrent des discours empreints  de la meilleure reconnaissance pour l’ œuvre accomplie.

Albert-Eugène Prouvost

Prouvost-Albert

Albert-Eugène Prouvost : « Comme en 14-18, nos usines furent arrêtées par manque de laine. Nous fimes le maximum de résistance passive, aidé dans toute la mesure possible l’ armée clandestine . Pendant  les quatre ans de guerre, nous avons lutté pied à pied pour faire échec à la main mise teutonne. Nos sociétés ont constamment refusés à remettre les listes nominatives réclamées avec insistance et menaces par l’ ennemi ; nous avons, au contraire, fait travailler avec de fausses cartes d’identité, de nombreux réfractaires. Des laines soustraites aux allemands ont permis à la Lainière d’équiper en chandails, sous-vêtements et chaussettes les 1200 premiers combattants du maquis de l’ Isère et d’habiller complètement 400 enfants de fusillés. On imprima plusieurs centaines de tracts à plusieurs exemplaires portant instructions de combat pour différents groupes régionaux des forces françaises de l’ Intérieur.

Durant la Seconde Guerre mondiale, alors que la France est largement envahie et à la veille de déposer les armes, Jean Prouvost devient, le 6 juin 1940, ministre de l’ Information dans le gouvernement Paul Reynaud, puis le 19 juin haut commissaire à l’ Information dans le gouvernement Pétain, poste dont il  démissionne le 10 juillet 1940, alors que Pétain reçoit les pleins pouvoirs.  Pendant  l’ Occupation, deux Paris-Soir coexistent : celui de Paris, désavoué par Jean Prouvost et ses collaborateurs soutient la collaboration, tandis qu’un autre paraît à Lyon, à la ligne équivoque, et qui finit par se saborder. Durant cette période, Jean Prouvost se fait détester aussi bien par le régime de Vichy que par la Résistance. Â la Libération, il  est frappé d’indignité nationale, mais la Haute Cour de justice lui accorde un non-lieu en 1947. Après cette date, Jean Prouvost entreprend la reconstruction de son empire démantelé à la Libération.

« Pendant la guerre furent tués Paul Lefebvre, mon beau frère Eugène Motte, Georges Florin ; en juin 1915,à Hébuterne en Artois, un de nos régiments fut particulièrement frappé : mon cousin germain, l’héroïsme Abbé Henri Lestienne, André Masurel, François Motte entr’autres tombèrent au champ d’honneur. Mon beau frère, le lieutenant Jean Cavrois avait été désigné pour faire partie du corps expéditionnaire en orient : brave parmi les plus braves, il fut tué en entrainant sa section à l’assaut sur un champ de bataille de Serbie. »

"" C’est dans les mêmes dispositions de foi et de courage qu'il  devait mourir prés de dix ans plus tard. ». Les familles du Nord eurent leurs figures de résistance. Industriel, héritier de la famille   des Motte-Bossut, ancien maire de la ville entre 1902 et 1912, Eugène Motte refuse en 1915 de fabriquer pour les Allemands des sacs destinés, une fois remplis de terre, à la protection de leurs tranchées. « Nous ne pouvons accepter le rôle de collaborateurs de l’ ennemi. Vous pouvez réquisitionner nos biens, vous ne pouvez réquisitionner nos personnes. » Cela lui vaut d’être arrêté puis interné en Allemagne avec 150 autres  otages roubaisiens."

Mobilisé le 3 août 1914, je fus chargé d’utiliser ma voiture et fit pendant six mois l’évacuation de matériel. ; fin 1915, je m’inscrivis à l’école d’officiiers de beauvais et, au début de 1916, on me confiait, comme sous-lieutenant, le commandement d’une section Saniataire automobile pour chercher les blessés : je vis de près  le courage et la souffarnce.

Un roubaisien fut particulièrement à l’honneur, le commandant Bossut. Chargé du transport des malades, je fus légèrement blessé. Ma Section Sanitaire 111 reçut plusieurs Croix de Guerre : j’en reçu une : « Le sous-lieutenant Prouvost, Albert Eugène, de la SSA : pendant les deux périodes de séjour en secteur de la division, a exercé avez zèle, intelligence et dévouement, le commandement de sa section » par des routes très bombardées.

Le gouvernement français demanda à mon frère Jean Prouvost de créer à Elbeuf un peignage qui utiliserait le matériel du peignage de Reims ; Albert-Eugène reçut un ordre de mission pour se procurer de la laine brute en Argentine : en janvier 1918, il arriva à Buenos-Aires avec Rita et mes enfants. Il avait son bureau à l’hôtel Plaza avec sa secrétaire Rita.

L’immense tragédie nouos avait tous marqués pour la vie. C’en était fini de notre belle et insouciante jeunesse d’avant 1914. Nos villes et nos demeures avaient été à peu près épargnées ; notre mère décida de quitter le boulevard de Paris pour rejoindre sa mère au Vert-Bois ; elles retrouvent le fidèle Clovis et la chère Irma.

Deux amis intimes de mon père, Eugène Mathon et Joseph Wibaux fondèrent le « Consortium de l’industrie textile » avec mission de relever le niveau de vie des populations ouvrières, le soutien des familles nombreuses, avec un sursalaire par voie de compensation interprofessionnelle. : « Notre région de Roubaix-Tourcoing » peut revendiquer l’honneur de cette création bénévole qui, peu à peu, s’étendit aux autres régions de France et fut finalement consacrées par la loi sur les allocations familiales qui établit la justice sociale entre les familles et est à la base du relèvement de la natalité de notre pays».

Robert Prouvost
le 24 février 1886, Roubaix ,

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Photo Ferdinand  Cortyl « Il était officier de liaison entre deux  généraux, son cheval tué sous lui, grand blessé : on veut lui couper la jambe dans un hopital de campagne ce qu’il refuse, se fait prendre par un taxis de la Marne, est opéré et sauvé à Deauville. Il repart en Russie où les huileries de Roubaix et d’Odessa sont dirigées par lui : hélas prises par les Rouges.Les deux directeurs partent sans prendre rien avec peur.Robert fut toujours lié à l’huilerie ; stages à Marseille où il veut s’installer après la Russie : toujours en avance de deux  générations. A Verminck et Valabrègue à Marseille, deux sociétés valables mais mangées par les actionnaires.En 1937, décu d’essayer le Sénégal poursuit le projet d’allier les coopératives de production sénégalaises et celles de consommation en France avec une société roubaisienne : ce fut un succès. Il fut un génie de la construction. Il fut « un second frère » d’Albert Eugène Prouvost : « Entre la vie du Nord qui lui apparaissait trop placide et une existence lui permettant de faire preuve d’imagination et d’initiative personnelle, il  n’hésita pas. Dès 1908, il  se lança dans la grande bataille  de l’ huilerie. Des déboires l’ y attendaient, mais il  fit front avec un courage et une force de caractère qui finirent par l’ emporter. Il  a aujourd’hui la satisfaction de voir sa magnifique huilerie de Lyndiane, près de Dakar, consolider chaque année une situation de premier plan. Fondée par Robert Prouvost juste après la guerre de 14 où il loua des terres, ( il y avait aussi un port), Lyndiane est une grande réussite des Prouvost au Sénégal. : production d’huiles de 4000 à 120.000 tonnes lors de la nationalisation, les deux plus grands fabricants d’arachides du monde : Lyndiane Sodec et Lesieur.Jalousés par les sénégalais.Tous les mois trois bateaux qui livraient en vrac les distributeurs français, allemands, Angleterre qui mettaient en bouteille. Merveilleuse collaboration entre les noirs et les blancs. » Philippe Prouvost son fils en 2012.»

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