, Chevalier de la Légion d’Honneur, est décédé à Holzminden en Allemagne le 22 janvier 1917, Médaille militaire mle 11642, soldat au 165e régiment d'infanterie, compagnie de mitrailleuses: bon soldat, zélé et plein d'entrain. A été très grièvement blessé dans l’ accomplissement de ses devoirs, le 23 février 1916. Amputé de la jambe gauche. Epoux de Laure Jeanne Ernoult, petite fille de Jean François Ernoult, 1797-1868, maire de Roubaix en 1860 qui reçut l’ Empereur Napoléon III dans sa ville .
Journal de Madame Edmond Masurel, otage (documents Ferdinand Cortyl)
*
Jacques Prouvost tué en 1915 en Alsace
Les deux autres blessés, l'un d'eux très brièvement deux fois, croix de guerre, deux citations.
La fille de Louise Prouvost, Madeleine Ernoult, née le 21 avril 1890, Roubaix (Nord), décédée le 13 mars 1913, Roubaix (Nord) (à l'âge de 22 ans).
Mariée le 14 novembre 1910, Roubaix (Nord), avec
Gaston Outters, né le 21 mars 1887, Steenvoorde (Nord), tué le 24 février 1916, Verdun (Meuse),
inhumé, mort pour la France
(à l'âge de 28 ans).
Le petit fils de Charles et Marie Prouvost,
Jean Lepoutre,
né le 28 février 1893, Mouvaux (59, Nord), décédé le 16 septembre 1916, Ambulance 18/13 à Guesnel (Somme) (à l'âge de 23 ans), canonnier au 62e régiment d'artillerie.
Madame Charles Prouvost-Masurel
Initiatives de soin des malades de Madame Charles Prouvost-Masurel
pendant la première guerre mondiale. (documents Alain Prouvost)
Eugène Maurice Antoine Prouvost
né le 31 juillet 1895,
Roubaix . Il s'engagea volontairement dans le RI 43 à Lille, puis blessé
à la jambe au Chemin des Dames près de Berry-au-Bac en 1916,
s'engagea dans
l'aviation et descendit 3 avions allemands entre juin 1917 et 1918 ;
ce qui lui
valut la médaille militaire et la croix de guerre avec palmes.
Jacques Desurmont,
sergent au 33° d’infanterie. Automobiliste au 1° corps, envoyé en mission de Londres en 1915. Rappelé sur sa demande, entra dans l’aviation, passa pilote et envoyé au front. Au retour d’une reconnaissance, son appareil capota près de Moreuil (Somme). Cité à l’ordre de l’armée. Mort pour la France le 27 mai 1916.
Le beau frère
de Pauline Sophie Prouvost,
Auguste
II Lepoutre, 1861-1932,
refusa de fabriquer du tissus aux Allemands et fut déporté à Gustrow en 1915 puis Holtzminden en 1916 . Il avait 14 enfants.
Jean Lepoutre-Prouvost,
fils d’André Lepoutre et Pauline Sophie Prouvost né le 28 février 1893, Mouvaux , décédé le 16 septembre 1916, ambulance 18/13 à Guesnel (Somme) (à l'âge de 23 ans), canonnier au 62e régiment d'artillerie.
Parlons parmi les cousins :
" Trois frères Masurel et trois frères Tiberghien;
François, Alfred, Jean et Raymond Motte morts au champ d'honneur en 14-18
et nos vingt oncles et cousins, morts au champ d'honneur en 14-18,
39-45 et en Algérie" nous dit Jacques Toulemonde, petit
fils d'Amédée 2 Prouvost.
Branche des Amédée:
Les allemands internèrent en Allemagne 150
otages roubaisiens issus des grandes familles .Au sujet d’Amédée II
Prouvost : "C'est pendant la guerre de 1914 que grand-père donna le plus bel
exemple de sa foi patriotique et religieuse. Le 1er mars 1916, il était emmené
par les Allemands avec tout ce que Roubaix comportait de notabilités politiques
et économiques, comme otage au camp d'Holzminden. Cette captivité, écrit
grand-mère dans un petit opuscule « In Memoriam », fut extrêmement dure
pour lui à cause de sa santé précaire, de l’infirmité de sa jambe récemment
soumise à une intervention chirurgicale. J'ai eu des échos de l’admiration
qu'il suscita en se rendant à pied, au lieu de rassemblement. La captivité -
elle devait durer 6 mois bien que dure pour un homme de 63 ans (hiver terrible,
couchage sommaire, promiscuité) ne semble pas avoir altéré sa bonne humeur et
dans ses lettres grand-père ne se plaint pas. Il remercie des photos de famille
qui lui ont fait un immense plaisir. « Odette Lesaffre, sur la photo, m'a
semble très jolie et très grande, Claude est-il toujours aussi diable? Merci
des lettres de ma chère Betsy et de ses envois, de la photo de Simone, je ne
connais pas ma dernière petite-fille. Henry me ferait plaisir en me rassurant
sur mon Assurance Vie, je ne puis payer les primes. Solange a été bien gentille
pour moi, j'ai vu les photos de ses
enfants, le bon sourire de Georges annonce un heureux caractère
». En se
prolongeant, la captivité lui devenait de plus en plus
pénible. Son cousin et
compagnon de captivité, Henri Prouvost, était mort dans
ses bras et cela
l’avait beaucoup affecté. Rien ne manqua a son angoisse,
il fut hospitalisé six
semaines au lazaret du camp, a cause d'une grande dilatation de
l’aorte, qui
donnait des complications cardiaques. Il fut en grand danger.
Grand-mère
poursuit dans l’opuscule déjà cité : «
Après six mois de captivité, le retour à
Roubaix fut une meurtrissure pour son cœur, trouvant une maison
vide de toutes
ses affections et pleine d'Allemands installés en maîtres.
En outre, par suite
d'information erronée, tant à Roubaix qu'à
Holzminden, on s'attendait à ce que
les otages libérés fussent dirigés vers la France
libre. Grand-mère et Mimi
partirent, en conséquence, pour la France libre, vers laquelle
les Allemands
organisaient parfois les trains via la Suisse, et quand
grand-père revint à
Roubaix, la maison était vide; il semble d'après les
documents que m'a
communiqués Hubert Dubois et dont grand-mère a
donné lecture a ses enfants avec
un admirable courage au lendemain des funérailles de son mari,
que grand-père
ait été a nouveau inquiète par les Allemands
après son retour de captivité. On
lit en effet en date du 12 novembre 1917 :
« En partant au tribunal de guerre, «je ne cesse de penser à toi, chère compagne, â mes chers enfants, à mes petits-enfants, et à toute la famille. Si ma santé devait être ébranlée, et que je succombe dans mon cachot, je mourrai en bon chrétien et en partant vers Dieu ma dernière pensée, mes dernières bénédictions seront pour vous. J'ai le cœur qui saigne, mais j'ai l’âme en paix, je serai courageux dans mes heures de souffrance, je vous embrasse tous avec affection et tendresse. P.S. Que mes petits-enfants demeurent de bon chrétiens fideles à nos traditions familiales. « Laus Deo Semper! " C’est dans les mêmes dispositions de foi et de courage qu'il devait mourir prés de dix ans plus tard.
Beau frère de Gabrielle Prouvost, fille d’Amédée, épouse de Léon Wibaux,
Le général Achille Deffontaines
fut le premier général français tué pendant le premier conflit
mondial, le 26 août 1914 (l’Allemagne a déclaré la guerre à la France le 3
août), alors qu’il commandait sa brigade. Son fils Jean fut tué l’année
suivante, à l’âge de 18 ans. ».
Général de Division le 22.08.1914
Maintenu a titre définitif de la 5éme B.I (composée du 128éme R.I et du 72ème R.I)
en poste à Amiens à la déclaration de la guerre
Le 22.08.1914 le général REGNAULT, commandant la 3ème D.I lui indique la ferme de Herpigny - Robelmont (Belgique) comme objectif.
Avec un parfait mépris du danger le général DEFFONTAINES accompagne à pied les unités du 128ème R.I
Sous les rafales d'artillerie, il reste debout et ne pressait même pas la marche. Blessé à Virton (B)à 16h00 un obus, après tant d'autres qui l'avaient épargné, éclate près de lui, et on le voit tomber.
Blessé le 23/08/1914 à Sommethone près de Virton d'une balle de Schrapnel à la tête
Opéré à Reims
décédé suites de blessures de guerre le 26/08/1914 à l'Hôpital Auxiliaire N°101 à Reims (51) inhumé à Reims (51)
ré-nhumé à Bouvines le 01.03.1921 après que le corps ait été rendu à la famille.
Un détachement du 128ème R.I lui rend les Honneurs
1er Général Français Mort.p.l.France
sur le Monument aux Morts inscrit sur le livre d'or sur la plaque commémorative de l'église St Martin d'Amiens (80)
sur le Monument aux Morts de Bouvines (59)
inscrit sur le Mémorial, Hôtel des Invalides
Musée des Armées - Eglise St Louis des Invalides - 129 rue de Grenelle : Aux Généraux morts au Champ d'Honneur 14-18.
Chevalier Légion d'Honneur le 29/12/1890
citation O.10éme Armée N°226 - J.O du 4/03/1917
Croix de Guerre 1914-1918
Médaille Interalliée dite de la Victoire
Médaille Commémorative de la Grande Guerre
Vincennes SHD 10 Ye 1517 - A.N L.H 687.22
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Willebaud Wibaux 1819-1897 |
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Achille Deffontaines 1858-1914 |
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Joséphine Wibaux 1868-1954 |
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Léon Wibaux 1858-1910 |
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Gabrielle Marie Prouvost
1863-1920 |
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Henri Lestienne-Prouvost
Né en 1870, Décédé en 1915 - Amiens (80, Somme), hôpital, à
l'âge de 45 ans
Né d’Henri Lestienne
1845-1912 et Antoinette Marie Prouvost 1849-1924, fille d’Amédée I Prouvost, « fondateur des cités jardins de Lille et de sa
banlieue, organisateur de nombreuses œuvres ouvrières et sociales, aumônier
volontaire de la Grande Guerre dans la 51° division, cité par l’ordre du jour de la 2° armée par le
Général de Castelnau, blessé grièvement le 18 juin 1915 dans les tranchées
d’hébuterne, mort à Amiens le 6 juillet 1915, ayant offert sa vie pour ses
soldats, pour la France, pour sa famille et pour toutes ses œuvres de Lille. Il
était mystique, foncièrement artiste, philosophe, fin lettré, très bon
gestionnaire ».
Les petits fils d'Antoinette Prouvost,
Henry Lestienne,
né en octobre 1897, décédé le 7 mai 1919 (à l'âge de 21 ans), maréchal des logis.
Jacques Lestienne,
né en novembre 1898, décédé
en avril 1916, Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) (à
l'âge de 17 ans).
Le fils de Jeanne Prouvost, Jules Toulemonde,
né le 28 mai 1899, Roubaix (59, Nord), décédé le 18 septembre 1917, Talloires (74, Haute-Savoie) (à l'âge de 18 ans).
SOUVENIRS DE LA GUERRE 1914 – 1918
de Marie-Louise Toulemonde 1874-1957 épouse de Pierre Amédée Lestienne-Prouvost
« Malgré les angoisses, on n’en réalise pas encore toutes les
horreurs.
A ROUBAIX, on craint des troubles. Comme nous habitons Rue Neuve, au centre
de la Ville, nous allons chez mes parents, 49 Rue Saint Georges, la maison ne
donnant pas directement sur la rue. Mes belle-sœurs font de même. Nous sommes
une cinquantaine : on couche par terre et les enfants dans des paniers à linge.
Le calme revient : chacun rentre chez soi.
Le 24 Août, les Allemands sont à BRUXELLES. Ici, c’est la panique. Mes
parents partent pour DINARD, avec les familles de Joseph et Pierre TOULEMONDE.
Pour moi, je ne songe pas à partir : mon mari n’étant pas mobilisable à cause
de ses nombreux enfants. Mais au début d’Octobre, les Allemands demandent
l’inscription de tous les hommes. Mon cher mari part au début d’Octobre pour la
France libre. Je reste seule, bien angoissée, attendant mon 15ème enfant.
L’Abbé part avec son père pour reprendre ses études au Séminaire d’Issy. Henry
a 17 ans, je le garde avec moi. Mais peu de temps après, les Allemands demandent
l’inscription des jeunes. Je le mets en pension chez les Jésuites au TOUQUET
(Belgique) attendant la première occasion pour le faire partir pour la France
libre. La frontière belge est bien gardée, et je dois user de stratagème pour
aller voir Henry, en trompant la surveillance des Allemands.
Le 9 Décembre 1914, naissance de Marie-France : belle grosse fille que son
Papa ne connaîtra que quand elle aura 10 mois. Nénette, encore bien jeune, est
une bonne société et un soutien pour moi.
Je n’ai plus qu’un désir, c’est de partir en France libre. Mais comment,
avec mes 13 enfants ?.. Il faut d’abord que je mette Henry en sûreté. Après
bien des hésitations, je le confie à un forain spécialisé comme passeur. Il
part au début d’Avril, avec Maurice PENNEL, Séminariste, ami de l’Abbé, qui
sera tué quelques mois plus tard. Henry lui-même, mourra des suites de gaz
asphyxiants quelques mois après l’armistice, bien triste de n’être pas mort au
front. Le voyage est difficile : 80 kilomètres à pieds, trompant la
surveillance des Allemands, passant la nuit dehors, se traînant sous les
barbelés pour arriver en Hollande, et de là à BOULOGNE où il retrouve son Père.
Je suis sans nouvelles de lui pendant plusieurs semaines et bien angoissée, car
les Allemands tirent souvent des coups de feu à frontière. Grande joie de son
Père. Henry s’engage à 17 ans I /2 pour ses classes dans l’artillerie et part
pour le front en Avril et il est blessé au genou et hospitalisé à NORTON. Il
sera gazé à la forêt d’Hothulst (Belgique) et réformé.
En Avril 1915, je commence mes démarches pour partir en France libre. Elles
n’aboutiront qu’en Septembre, après bien des difficultés et des déceptions.
Nénette est mon bras droit et mon ange gardien ; elle a pris ma cause en mains
et se débat dans les commandanture. Ses frères et sœurs ne se rendront compte
que plus tard de son dévouement.
En Mai 1915, les Allemands donnent des laisser-passer aux Français habitant
la Belgique pour retourner en France libre. Par la complaisance d’une famille
amie : Me LEFRANCOIS à qui je dois beaucoup de reconnaissance, j’obtiens de me
faire domicilier chez elle à HERSEAUX, ce qui avait de graves inconvénients,
(comme on le verra par la suite). Les Allemands font des enquêtes chez Me
LEFRANCOIS. J’y laisse plusieurs enfants qui ont consigne de dire que leur mère
est en courses. Je demande un certificat de malade pour partir plus facilement,
et je suis appelé à BRUXELLES où un médecin allemand, bon cœur, me donne un
certificat de complaisance « maladie de cœur, très grave », pour que je puisse
rejoindre mon mari. Un laisser-passer en bonne forme arrive à HERSEAUX en
Septembre. Je dois passer la frontière belge en fraude avec 13 enfants ; le
cœur me bat, je passe la dernière. A la frontière hollandaise, fouille
minutieuse. J’avais de faux papiers pour Jacques, et de l’argent français : à
BRUXELLES on m’avait dit que je ne pouvais pas l’emporter. Je passe la nuit
avec Nénette à le cacher dans les ourlets des robes. On le trouve, mais la
femme qui visite a encore pitié de moi et de mon troupeau d’enfants, et me le
rend.
Donc, les Allemands, furieux de mon départ de ROUBAIX, où j’étais inscrite,
se vengent sur ma belle-mère : A.M.LESTIENNE, âgée de 65 ans et qui habitait
chez sa fille, Me Joseph TOULEMONDE. Ils
vont la réveiller le soir à 11 heures et veulent l’amener en prison. On obtient
sa grâce pour le lendemain. Elle peut se défendre en montrant une lettre que je
lui avait écrite lui disant que « j’étais tout à fait brouillée avec elle, que
j’étais partie sans lui dire au revoir, qu’elle n’avait pas essayé de m’aider
pendant cette guerre, et qu’elle ne savait pas ce que j’étais devenue ». Grâce
à cela, elle a été relâchée.
J’arrive à FLESSINGUE (Hollande) vers 11 heures du soir. Nuit dans un hôtel
borgne près des quais. Les enfants couchent 5 ou 6 dans le même lit, et moi,
dans un fauteuil. Le lendemain, visite au Consulat où l’on me donne les papiers
pour l’Angleterre. Embarquement le soir pour TILBURY. Longues formalités de
douane. Les jumelles tombent par terre, endormies. De FLESSINGUE, j’envoie un
télégramme à DINARD, à mon cher mari, qui arrivera à LONDRES deux jours plus
tard. C’est dans la Gare de CHARING CROSS que nous nous retrouverons. Je passe
sous silence la joie de revoir.
La traversée a été bonne – 36 heures – à TILBURY où je débarque, les
Anglais me demandent des renseignements sur les armées allemandes qui sont à
ROUBAIX. Je retrouve à LONDRES mon frère Louis et des amis. La guerre semble
terminée pour moi avec le revoir de mon cher mari. Les épreuves recommenceront
vite avec la mort de mon cher papa à DINARD, celle d’Henry à Paris et de
JACQUES à ST GERMAIN.
De FOLKESTONE, nous partons pour DIEPPE. Le bateau est convoyé par des
avions car des sous marins sont signalés. Je ne crains plus rien maintenant que
mon mari est avec moi. Les Dames de St Maur à AUTEIL nous hébergent dans leur
pensionnat. Tous les maris éplorés viennent me demander des nouvelles de leurs
femmes et de leurs enfants restés à
ROUBAIX. Trois mois plus tard il y aura des trains de réfugiés. Je pars pour
DINARD (Septembre 1915) où je revois mon cher Papa qui mourra quelques semaines
plus tard. Puis c’est ST GERMAIN où Jacques sera opéré de l’appendicite et
mourra le 27 Avril 1916.
ST GERMAIN est loin de PARIS ; les communications sont difficiles et mon
mari ne peut revenir déjeuner. Les DOGUIN mettent à notre disposition le 56,
Rue du Docteur Blanche à AUTEUIL, maison spacieuse, quartier agréable. Les
enfants jouent sur la rue comme au village. L’hiver se passe tranquillement.
En Septembre 1917 commence l’idylle entre Nénette et Marcel. Ce dernier est
interné en Suisse, comme grand blessé, après avoir eu une conduite héroïque
pendant la guerre. Blessé très gravement en Septembre 1914, il reste plusieurs
jours sur le champ de bataille ; ses plaies s’infectent et il est transporté
mourant, comme prisonnier de guerre en Allemagne. Quelques mois plus tard, a
lieu l’échange des grands blessés et il est dans les premiers à être interné en
Suisse. Après l’enfer de la guerre, ce séjour est pour lui un paradis
terrestre. Il demande la main de Nénette qu’il connut avant la guerre, revient
en France : première rencontre à Notre Dame des Victoires, et ce sont les
fiançailles, puis le mariage en l’église de l’Assomption : beau militaire en
uniforme bleu horizon de la couleur de ses yeux, médaille militaire, légion
d’honneur. Puis c’est le repas : 50 personnes à table, repas du grand traiteur
de PARIS : POTEL & CHABOT; quelque noce après ces années de privations,
chant des enfants composé par Père. L’hiver 17 se passe tranquillement et
tristement. En Avril 18 les Allemands tirent sur Paris avec la grosse Bertha
installé en secret. C’est la fuite générale. Nous partons pour le VAL ANDRE où
Henry est hospitalisé, et c’est le début de la grande offensive dirigée par
FOCH et qui mettra fin à la guerre. Le 12 Juin c’est la naissance de mon 16me,
Louis ; baptême à PLENEUF, dragées lancées aux enfants, et le 4 Août, la joie
recommence avec la naissance de Marcel Fils. Comme l’hiver sera dur au Val
André où il n’y a ni charbon, ni électricité, nous refaisons des bagages pour
la 10me fois et nous partons pour la BAULE, avec Henry cette fois, qui a été
réformé. François et Claire y font la scarlatine et sont soignés par une bonne
sœur … qui n’a de bon que le nom. Henry devenant plus malade et l’armistice
étant conclu, adénite généralisée suite des gaz, nous retournons rue du Dr
Blanche où Henry mourra le 7 Mai 1919. Il sera enterré dans la crypte de la
chapelle espagnole, par faveur, en attendant le retour de son corps à ROUBAIX.
Puis nous passons l’été au BOUQUETOT, près de Pont l’Evêque. Et c’est le retour
à ROUBAIX en Septembre 1919. Il nous manquait Henry et Jacques, morts
tous deux saintement : Que la volonté de Dieu soit faite. »
Albert-Félix Prouvost
« Notre père (Albert-Félix
Prouvost) avait insisté vivement auprès de notre mère
pour la décider à quitter Roubaix. Par sa position au Peignage, son titre de
président du tribunal de Commerce, il jugeait que son devoir impérieux était de
rester à son poste » Albert-Eugène Prouvost
Il avait été emprisonné comme notable puis
relaché en sa qualité de Consul d’Espagne, il avait défendu pied à pied nos usines contre
les réquisitions de l’ ennemi. Il était
un des dirigeants du Comité général d’aide sous toutes ses formes à la
population ouvrière très éprouvée ; il décéda des suites d’une opération bénigne
après avoir écrit des lettres empreintes
des mêmes sentiments de foi en Dieu et dans une France renouvellée par l’ épreuve.
Dans les trois derniers mois, il marque
sur ses carnets ceux chez qui il fut
invité : les Emile Masurel, Edmond
Masurel, Madame Auguste Vanoutryve, Amédée Prouvost, Henri Mulliez, Ernest et
François Roussel, René et Joseph Wibaux, Eugène Mathon ; le 31 mars :
« dîner chez les Edmond Masurel ». Le 5 avril, il succomba à son embolie.
Albert-Eugène Prouvost
Albert-Eugène Prouvost : « Comme
en 14-18, nos usines furent arrêtées par manque de laine. Nous fimes le maximum
de résistance passive, aidé dans toute la mesure possible l’ armée clandestine
. Pendant les quatre ans de guerre, nous
avons lutté pied à pied pour faire échec à la main mise teutonne. Nos sociétés
ont constamment refusés à remettre les listes nominatives réclamées avec
insistance et menaces par l’ ennemi ; nous avons, au contraire, fait travailler
avec de fausses cartes d’identité, de nombreux réfractaires. Des laines
soustraites aux allemands ont permis à la Lainière d’équiper en chandails,
sous-vêtements et chaussettes les 1200 premiers combattants du maquis de l’ Isère
et d’habiller complètement 400 enfants de fusillés. On imprima plusieurs
centaines de tracts à plusieurs exemplaires portant instructions de combat pour
différents groupes régionaux des forces françaises de l’ Intérieur.
« Pendant la guerre furent tués Paul Lefebvre, mon beau frère Eugène Motte, Georges Florin ; en juin 1915,à Hébuterne en Artois, un de nos régiments fut particulièrement frappé : mon cousin germain, l’héroïsme Abbé Henri Lestienne, André Masurel, François Motte entr’autres tombèrent au champ d’honneur. Mon beau frère, le lieutenant Jean Cavrois avait été désigné pour faire partie du corps expéditionnaire en orient : brave parmi les plus braves, il fut tué en entrainant sa section à l’assaut sur un champ de bataille de Serbie. »
"" C’est dans les mêmes
dispositions de foi et de courage qu'il devait mourir prés de dix ans plus tard. ».
Les familles du Nord eurent leurs figures de résistance.
Industriel, héritier de la famille des Motte-Bossut, ancien maire de la ville entre
1902 et 1912, Eugène Motte refuse en 1915 de fabriquer pour les Allemands des
sacs destinés, une fois remplis de terre, à la protection de leurs tranchées. «
Nous ne pouvons accepter le rôle de collaborateurs de l’ ennemi. Vous pouvez
réquisitionner nos biens, vous ne pouvez réquisitionner nos personnes. »
Cela lui vaut d’être arrêté puis interné en Allemagne avec 150 autres otages roubaisiens."
Mobilisé le 3 août 1914, je fus chargé
d’utiliser ma voiture et fit pendant six mois l’évacuation de matériel. ;
fin 1915, je m’inscrivis à l’école d’officiiers de beauvais et, au début de
1916, on me confiait, comme sous-lieutenant, le commandement d’une section
Saniataire automobile pour chercher les blessés : je vis de près le courage et la souffarnce.
Un
roubaisien fut particulièrement à l’honneur,
le commandant Bossut. Chargé du transport des malades, je fus
légèrement blessé. Ma Section Sanitaire 111
reçut plusieurs Croix de Guerre :
j’en reçu une : « Le sous-lieutenant
Prouvost, Albert Eugène, de la
SSA : pendant les deux périodes de séjour en secteur
de la division, a
exercé avez zèle, intelligence et dévouement, le
commandement de sa
section » par des routes très bombardées.
Le gouvernement français demanda à mon frère
Jean Prouvost de créer à Elbeuf un peignage qui utiliserait le matériel du
peignage de Reims ; Albert-Eugène reçut un ordre de mission pour se
procurer de la laine brute en Argentine : en janvier 1918, il arriva à
Buenos-Aires avec Rita et mes enfants. Il avait son bureau à l’hôtel Plaza avec
sa secrétaire Rita.
L’immense tragédie nouos avait tous marqués
pour la vie. C’en était fini de notre belle et insouciante jeunesse d’avant
1914. Nos villes et nos demeures avaient été à peu près épargnées ; notre
mère décida de quitter le boulevard de Paris pour rejoindre sa mère au Vert-Bois ;
elles retrouvent le fidèle Clovis et la chère Irma.