Les cousins poètes
Amédée III Prouvost (à droite), Charles Droulers-Prouvost (au centre), Pierre Amédée Lestienne –Prouvost (à gauche);
manque Léon Wibaux-Prouvost. Photographiés par Pierre-Lestienne-Prouvost père.
Amédée III
Prouvost (1877-1909)
Lauréat de l’Académie française (prix Archon-Despérouse),
et Lauréat de la Société des Sciences et des Arts de Lille, il a publié :
« L’âme voyageuse », poèmes (1903) ; « Le Poème du Travail et du Rêve (1905): - « Sonate au clair de
Lune »- poèmes couronnés par l’ Académie française (I906); -Conte de Noël,
saynète en vers illustrée par André des Gachons (1907). Extraits de l’ ouvrage
du chanoine Lecigne, « Amédée Prouvost », chez Grasset 1911.
Amédée III Prouvost,
sa mère Marie et ses sœurs au château d’Estaimbourg
Photo-Hervé-Toulemonde
« Dès l’ âge
de cinq ans, Amédée Prouvost se sentit dépositaire d’une tradition et comme l’ héritier
présomptif d’une royale lignée : Il apprit un à un le nom de ses prédécesseurs et
que chacun d’eux signifiait depuis quatre siècles et demi, beaucoup d’honneur,
de travail et de foi chrétienne. On ne voulut pas qu’il puisse méconnaître ce passé et, si, par
impossible, il lui arrivait d’être
infidèle, qu’il eût l’ excuse de l’ ignorance. Un jour le père prit la plume
et, sans orgueil , sans autre prétention que de donner à ses enfants la
conscience intégrale de leurs origines, il écrivit les annales de sa famille. Avant tout,
il songea à celui qui était son premier
né, l’ espérance de la dynastie ; il s’adressa à lui : « Je
crois utile , mon cher fils , dès tes premiers pas dans ta vie d’écolier, de
t’initier à ce que tes Maîtres ne
pourront t’enseigner avec autant de persuasion que ton père, j’entends l’ amour
de la famille, le respect de ses traditions d’honneur, un attachement
inébranlable aux convictions religieuses de nos pères, et leur fidélité aux
traditions monarchiques. Je considère comme un devoir de te donner comme modèle
cette lignée d’ancêtres . Si elle ne compte pas d’hommes illustres , il doit
nous suffire de dire avec Pierre Prouvost en 1748 : « Voilà la
description des descendants des Prouvost et de ceux qui se sont alliez jusques
à la fin de cette année mille sept cens quarante huit. Et on peut dire sans
vanité, que lesdits du surnom Prouvost, ont toujours vécu en gens de biens,
d’honneurs et de bonne réputation en la foi catholique apostolique et romaine
et les plus notables des villages qu’ils ont habitez » Et puis, ayant dit
cela, il le conduisit devant la muraille où s’alignaient les portraits des
aïeux paternels. Ce ne fut pas une revue fastueuse, théâtrale, comme on en voit
dans le drame romantique.
Devant
la figure
de Jean Prouvost, seigneur de Wasquehal en 1460, échevin de
Roubaix en 1474,
le père ne dit pas à son enfant : C’est
l’ ainé, c’est l’ aïeul, l’
ancêtre,
le grand homme! Il lui rappela seulement
qu’Il avait vécu en honnête homme et en
brave chrétien. Le suivant s’appelait Guillaume Prouvost, lequel fut à la fois
laboureur de terres et chef d’industrie. Il est
le modèle de la race: Il associe ses fils à son labeur et à ses affaires.
On peut dire qu’après lui « cette habitude de travail se transmit de père en Fils et fut, dans la famille
Prouvost enseignée comme une loi, inculquée et imposée comme une obligation
envers Dieu et envers le pays».
La généalogie se continue ; chacun des portraits est celui d’un laborieux
et d’un dévoué. Les épouses valent les
époux ; elles sont la main qui se tend vers les pauvres et qui répand l’aumône.
Vers 1681, Marguerite de Lespaul, veuve de Pierre Prouvost, lègue à la paroisse
de Wasquehal cent trente livres parisis à charge de prières « et le reste
des revenus à achèter des camisoles pour les pauvres vieil hommes ». Dans
la famille Prouvost, les femmes se haussent facilement jusqu’à l’ héroïsme. »
Au sujet d’Amédée le poète : « Sa
maison était comme un petit musée de
bibelots rares, de tableaux et de beaux
livres. » Léon Bocquet, La revue française.
Autre extrait
d’un ouvrage sur les poètes du Nord :
« Amédée Prouvost,
Lauréat de l’ Académie française (prix Archon-Despérouse) et Lauréat de la Société des Sciences et des
Arts de Lille, a publié : « L’ âme voyageuse », poèmes
(1903) ; « Le Poème du Travail et du Rêve
(1905) ; « Sonate au clair de Lune »- poèmes couronnés par l’ Académie
française (I906);- Conte de Noël, saynète en vers illustrée par André des
Gachons (1907). « Le volume de M. Amédée Prouvost : « Sonates au
clair de lune» contient de jolies pièces d’un charme délicat, d'une inspiration
familiale et tendre. Le vers est aisé,
noble. Ferme, d'un mouvement poétique souvent heureux » a dit Gaston
Boissier, de l’ Académie française, dans son rapport sur les prix littéraires. Il
a collaboré au « Beffroi », à la « Revue septentrionale »,
à la « renaissance latine », à Durendal, au
« Correspondant »; aux « Annales », à la « Revue de Lille
». M. Prouvost a passé un à l’ Université de Bonn (Allemagne) comme étudiant en lettres , il a diverses reprises: voyage en Italie, Egypte,
Palestine, Turquie, Grèce, Tunisie. « Amédée Prouvost, fils de Roubaix, la Cité
aux grandes cheminées fumeuses, est un des fidèles du Beffroi », A ce
double titre, il appartient à la jeune phalange des Lettres Septentrionales"
Docteur en droit, Ecrivain, Poète,
Industriel
fils de Joséphine Prouvost,
cousine germaine de Charles I Prouvost
et fille d’Amédée I Prouvost, 1845-1919,
né le 29 mars 1872
– Roubaix, décédé le 17 février 1945
- Chenoise (77, Seine-et-Marne), à l'âge de 72 ans.
Grand voyageur, d’une débordante activité, il est
l’auteur de trois recueils : « Les Rimes de Fer », « Les
Mansuétudes » et « Feux Errants ».
« Sans qu’il les ait traités avec un égal
bonheur, nul des grands thèmes lyriques, toutefois n’a été négligé par lui. La
grandeur ne manque pas à ces évocations et elles pourront charmer et fortifier
plus d’une âme selon le vœu du poète parvenu la maturité ». (André Mabille
de Poncheville).
Charles Droulers, industriel et poète, préside les
Jardins Populaires fondés en 1906. Il sera le secrétaire rapporteur des congrès
d'après-guerre de la Ligue du coin de terre et du foyer.
C'est à la fin du XIXe siècle que l'abbé Jules Lemire,
originaire d'Hazebrouck, lance les jardins ouvriers en France. Il y en aura
jusqu'à 32.000 dans la seule ville de Roubaix !
Œuvres:
Charles Droulers, Le marquis de Morès, 1858-1896 Paris Plon 1932
Les Feux
Errants Charles
Droulers
Charles Droulers
et Léon Bocquet. Les Poètes de la Flandre française et l'Espagne Charles Droulers (Auteur),
Léon Bocquet (Auteur)
Droulers, Charles : Chemin faisant avec
l'abbé
Paris : Libr. Marcel
Rivière, 1929
Charles Droulers, Madame Clément-Carpeaux, André
Mabille de Poncheville, Paul Gsell, Maurice Goguet, Fernand Sabatté, Louis
Mestre, Ernest Laut, Jean-Baptiste Carpeaux, Gustave Crauk.
Libraire: Dhouailly et Cie (Paris, France)
Droulers Charles-Choix de poésies- préface André M.De
Poncheville- in 12 br.,69pp.,vignette en couverture et en page de titre,
édit.,Cahiers de l'amitié de France & Flandre, 1920
Socialisme et colonisation. Une colonie socialiste au
Paraguay la Nouvelle Australie, par Charles Droulers, 39 pages, Impr. de L.
Tremaux (1895)
Charles
Droulers. Le désert, poème,
Charles
Droulers. les mansuétudes
Quelques souvenirs :
Madame Amédée I Prouvost « était jeune
et avait des enfants si jeunes que, lorsque M. Droulers vint faire la demande
en mariage de la part de son jeune frère pour solliciter la main de la fille
ainée de Mme Prouvost, il prit celle-ci pour la fiancée éventuelle et sa
confondit ensuite en excuses sur sa méprise. »
« Amédée II Prouvost s'était rendu avec
son beau-frère Droulers, aux funérailles du dernier Bourbon de la branche ainée
à Göritz en 1883.
Chez
Amédée II
Prouvost : « Face à la porte
d'entrée, s'élevait une sorte de
coupole destinée à mettre à l’abri de la
pluie les équipages et leurs
passagers. Cette coupole avait reçu en famille le nom de «
pâté chaud ».
L'oncle Amédée, jeune, espiègle et taquin, avait
peu après sa construction
envoyé un télégramme à l’architecte
pour lui annoncer que le « pâté chaud»
s'était écroulé, ce qui ne s'était produit
que dans son imagination.
L'architecte prit mieux cette plaisanterie que ne le fit l’oncle,
légitimiste a
tout crin, qui reçut un jour un télégramme lui
annonçant que le Comte de Chambord
lui ferait l’honneur de lui rendre visite dans sa
propriété du Biez. L'oncle
attendait son hôte illustre à la gare voisine, et eut la
surprise de voir descendre
du train son gendre René Wibaux, auteur du
télégramme. »
« Charles Droulers, industriel et poète,
préside les Jardins Populaires fondés en 1906. Il sera le secrétaire rapporteur
des congrès d'après-guerre de la Ligue du coin de terre et du foyer. Une autre
oeuvre, les jardins du Progrès, est fondée en 1909.
« Le 50,
Boulevard de Paris comportait au dernier étage un immense grenier inutilisé.
Dans leur passion du Théâtre, mes parents eurent l'idée d'y construire une
petite scène et d'y jouer la comédie entre amateurs. Naquit donc vers 1892 ce
qu'on nomma par la suite « le Théâtre Albert ». Plus tard, entre 1900 et
1910, de nouveaux jeunes premiers accédèrent aux planches du théâtre Albert.
Trois de mes cousins germains y furent particulièrement appréciés : Amédée
Prouvost, Léon Wibaux et Charles Droulers. Ils y jouèrent la comédie, puis en
association écrivirent chaque année une petite revue, dans laquelle ils
montraient autant de verve que d'esprit: Ces revues étaient le clou de la
soirée « théâtre Albert» du 1" janvier. L'un après l'autre tous les
cousins et toutes les cousines de tous âges (y compris mon frère, mes sœurs, ma
femme et moi-même) ont tenu un rôle dans ces revues ou joue la comédie. Aucun
de nous n'a perdu le souvenir des joyeuses répétitions et des émotions -
quelquefois du trac - de la générale et de la grande première. Ces soirées de
l’An nouveau réunissaient dans la joie parents et enfants. »
Le château du Biez
LA MAISON
A l’heure où la servante
ouvre les volets bleus,
A l’heure où l’aube lente,
aux teintes vaporeuses,
Caresse la maison de ses
rayons joyeux.
Une agreste rumeur remplit
toute la plaine.
Les oiseaux s’éveillant
mêlent leurs gazouillis.
L’eau s’élance, plus vive,
au creux de la fontaine.
Le cri du vieux berger
rassemble les brebis.
On meurt ; et l’on
entend dans la chambre voisine
Une femme qui range et la
laine et le lin ;
Et bientôt, sous l’effort
d’une main enfantine,
Une corde grincer dans le
petit jardin.
Une angoisse glacée étreint
votre poitrine
Pendant que le repas fume
sur le foyer,
Et pendant que le repas
fume sur le foyer,
Et pendant que l’horloge,
au mur de la cuisine,
Marque à chaque labour son
rythme régulier.
Qu’importe à la Nature
indifférente et belle
De notre dernier jour le
terme douloureux !
Mais toi, Maison, mais
toi ! Vas-tu faire comme elle,
Vas-tu, sans t’attrister,
nous voir fermer les yeux ?
LE BEFFROI Art et littérature moderne, CH. Tallandier
éditeur Paris, Lille.
Rédaction, 198 Rue Nationale, Lille.
Liste des collaborateurs annoncés au 1er numéro : Paul Avis, Paul Berret,
Edmond Blanguernon, Emile Blémont, Léon Bocquet, Jules Breton, Paul Castiaux,
Albert Colleaux, Auguste Dorchain, Charles Droulers, Jacques d'Estoc, E.-M.
Gossez, Peters Hamer, Jean Hizarne, Emile Langlois, Marc Legrand, Raymond Lesage,
Abel Letalle, Josselin
Mer, J. Pierson, Henri Potez, A. de Saint-Marc,
Albert Samain,
Achille Segard, Pierre Turpin, Jacques Wappers.
http://livrenblog.blogspot.com/2009/05/bibliogrphie-de-la-revue-le-beffroi.html
Charles Droulers épousa le 6 février 1902 Madeleine Thureau-Dangin 1878-1954,
fille de Paul Thureau-Dangin,
Membre de l'Académie française (n° 473, 2
février 1893 –
Secrétaire perpétuel de l'Académie Française
en 1908.
auditeur au Conseil d'Etat
Historien et publiciste,
Chevalier de la Légion d’honneur
Plaque au 11, rue Garancière à Paris 6°
Né le 14 décembre 1837 - Paris XIe, décédé le
24 février 1913, 75 ans
son Histoire de la Monarchie de Juillet a
obtenu deux fois le prix Gobert.
Rédacteur du Correspondant.
Il a été élu le 2 février 1893 en
remplacement de Camille Rousset, et reçu le 14 décembre 1893 par Jules
Claretie.
Il a prononcé en novembre 1903 son discours
sur les prix de vertu, qui donna lieu à un incident.
Paul Marie Pierre Thureau-Dangin (14 décembre
1837 à Paris - 24 février 1913) est un historien français.
De formation juridique, il est auditeur au
Conseil d'État, mais se fait surtout connaître par ses travaux historiques. Son
œuvre majeure est l'Histoire de la Renaissance catholique en Angleterre au XIXe
siècle. Cette étude magistrale est comparée en son temps au Port-Royal de
Sainte-Beuve. Il est aussi l'auteur d'une Histoire de la Monarchie de Juillet
publiée en 1884.
Politiquement, Paul Thureau-Dangin est un
catholique libéral de la deuxième génération, celle qui fit ses premières armes
à la fin du Second Empire et au début de la Troisième République. Il défend
l'idée d'un catholicisme qui serait compatible avec la modernité, et notamment
avec un régime républicain.
Thureau-Dangin s'est intéressé au renouveau
des idées catholiques en Grande-Bretagne.
Il est élu à l'Académie française en 1893 et
en devient le Secrétaire perpétuel. Son fils Jean sera député puis sénateur
sous la Troisième République.
J.M. Mayeur et Y.M. Hilaire (dir.), Histoire
du monde religieux dans la France contemporaine, tome 9, Paris, Beauchesne,
1996.
Élu en 1893 au fauteuil 37
Prédécesseur : Camille ROUSSET
Successeur : Pierre de LA GORCE
Œuvres de Paul THUREAU-DANGIN
1872 |
Paris capitale pendant la Révolution
française |
|
1874 |
Royalistes et républicains |
|
1876 |
Le parti libéral sous la Restauration |
|
1879 |
L’Église et l’État sous la Monarchie
de Juillet |
|
1884-1892 |
Histoire de la Monarchie de Juillet, 7
vol |
|
1896 |
Saint Bernardin de Sienne |
|
1899-1906 |
La renaissance catholique en
Angleterre au XIXe siècle, 3 vol. |
Discours et
travaux académiques : Discours de réception et
réponse de Jules Claretie, 14 décembre 1893.
Son successeur fut Pierre de LA GORCE (1846-1934), Élu en 1914 au fauteuil 37, Chevalier de la Légion d'honneur.
Pierre Amédée
Lestienne 1872-1947
&1894
Marie-Louise
Toulemonde 1874-1957
Pierre-Amédée
Lestienne-Toulemonde était le petit fils d’Amédée Prouvost ; il avait 16 enfants , magnifique famille.
Il participe dès 1910 à l’action de la section
roubaisienne de la Ligue populaire des pères et mères de familles nombreuses
fondée par Simon Maire en 1908. La famille s’était pris de passion pour la
photographie. Merci à François
Olivier-Six pour cette série admirable.
poète, écrivain, industriel, membre du
mouvement littéraire du « Beffroi » avec ses cousins Amédée III
Prouvost, Charles Droulers, épousa la délicieuse cadette Gabrielle Marie Prouvost,
1863, Roubaix, décédée 1920, fille d’Amédée l Prouvost.
Sa sœur Stéphanie Wibaux 1865-1928 épousa en
1889 à Roubaix, Léon Paul Cordonnier, 1861-1941 Général, Commandeur de la
Légion d’honneur.
Une autre sœur, Anna Thérèsa Wibaux 1854-1906, épousa Carlos
Eugène Cordonnier, 1845-1921,
frère du précédent, zouave pontifical ;
on le trouve à Loigny et Patay.
9-3-2, Leur
frère fut l’autre Théodore WIBAUX, Zouave pontifical à 18 ans pour la
défense des états Pontificaux et Jésuite, né à Roubaix, le 13 février 1849, dans une
famille de treize enfants. Son père était directeur d’une filature. Son
éducation fut pieuse. Les enfants étaient réunis tous les soirs pour la
prière, dans le vestibule devant la statue de Notre Dame, appelée par
eux la Vierge de l’escalier. Il fit ses études dans un institut de Roubaix, puis
comme interne à Marcq. Il devint membre de la Conférence de Saint-Vincent de
Paul et s’occupa d’un patronage, le dimanche en fin d’après-midi.
D' après un récit de Louis Dumoulin, paru en
1902 in Les Contemporains « En 1865, le gouvernement de Napoléon III
décida de retirer ses troupes des Etats pontificaux, cédant aux instances du
royaume du Piémont qui voulait unifier l’Italie. Il ne resta plus qu’à Pie IX à
faire appel aux Zouaves et aux troupes volontaires venant de France, de
Belgique, de Hollande et d' autres pays. Le Pape ne voulait être démis de
ses Etats comme un fait accompli.
Théodore se sentit appelé au combat ; mais son père, d’abord inquiet puis fier
de la résolution de son fils, lui demanda d’attendre encore un an, afin de
se préparer moralement et physiquement.
Théodore écrivit à Louis Veuillot qui lui répondit dans une lettre enthousiaste
:
" Saint Pierre n’a pas maintenant besoin de soldats. C’est nous qui avons
besoin de lui en offrir, qui devons désirer que notre sang coule pour racheter
l’abominable défection de la France (...). Le terrible écroulement qui se
prépare à Rome pour le châtiment du monde sera-t-il honoré du dernier combat ?
Aurons-nous un second Castelfidardo qui nous ménagerait une rançon future
?
Je n’ose l’espérer. Nous avons affaire à des sages qui redoutent de jeter les
fondements de leur édifice dans le sang des martyrs et qui aiment mieux
construire avec la boue des apostasies. Ils se sentent assez forts pour
atteindre leur but, et peut-être avons-nous assez péché pour que Dieu ne nous
permette plus le glorieux rachat du
sang.
Je ne peux donc vous donner un avis décidé ; néanmoins, je penche pour que vous
alliez vous offrir. C’est quelque chose d’avoir fait acte de bonne volonté. Une
bénédiction rayonnera sur toute votre vie...Je me recommande à vos prières.
Louis Veuillot. "
Théodore Wibaux entra dans Rome le 8 décembre 1866, jour de l'Immaculée
Conception. Une trentaine de volontaires français, belges, hollandais et
allemands l’accompagnaient. A la caserne, il fit ses armes et fut vite apprécié
de ses camarades par sa simplicité et sa candeur. Il fit sa première
expédition, le 15 mai 1867, à Corneto, contre une quarantaine de garibaldiens
qui voulaient franchir la frontière à coup de carabines. Ils furent mis en
fuite, sains et saufs... Malheureusement à l’été, le choléra frappa la région
d' Allbano. Théodore ne fut pas le dernier à soigner les malades et à
réconforter les mourants. A 18 ans, lui qui n’avait jamais vu souffrir, il fit
son devoir. La tactique des garibaldiens était de multiplier les attentats dans
les campagnes, afin de masser les troupes pontificales aux frontières et de
faire ainsi le vide à Rome, pour pouvoir d’emparer par la suite de la Ville
Eternelle. Les batailles se succédaient dans la province de Viterbe. Resté à
Rome, dans la garnison, Théodore est aux premières loges, lorsque le 22 octobre
la révolte éclate. La caserne Serristori, minée par les Piémontais, explose,
provoquant la mort d’une vingtaine de personnes. En même temps, Garibaldi s’est emparé de Monte Rotondo défendu par 300
zouaves. Théodore avec une quinzaine d’hommes s’occupe de la défense d’un
bastion, près de la porte Saint-Pancrace. Il ' a pas d’artillerie...Le 30
octobre 1867, les Français, si longtemps attendus, font leur entrée dans Rome.
Sur le champ, Garibaldi riposte à Mentana. Le 2 novembre, une colonne de 5000
hommes, des zouaves, des carabiniers suisses, des légionnaires, sous le
commandement du général de Polhès, se dirige vers Mentana. La bataille sera
affreuse. Les garibaldiens sont mis en déroute. L’action du lieutenant-colonel
de Charette fut décisive. De retour à Rome, le 6 novembre, les troupes
pontificales furent accueillies en triomphe. Théodore Wibaux eut l' honneur d'
une audience particulière de Pie IX, le 3 janvier 1868. Elle dura un quart
d’heure, pendant laquelle il reçut la bénédiction pour sa famille et la
décoration de chevalier de l’Immaculée-Conception. Il reçut aussi le titre de
citoyen romain... Au bout de deux années d’engagement, une permission de
quelques jours lui fut accordée pour se rendre à nouveau dans sa famille.
Mais les événements à son retour allaient se précipiter. En juillet 1870,
la guerre entre la France et la Prusse fit rappeler les dernières troupes
françaises de Rome. En septembre, 70 000 Piémontais envahirent Rome. Les
zouaves rentrèrent en France à bord de l’Orénoque, laissant le Pape prisonnier
de ses murs du Vatican dans une nouvelle Italie... Le bataillon de Théodore se
rendit à pied à Châteaudun où il arrivA
le 11 novembre. Il fut incorporé, en tant que sergent-major, dans le
corps des Volontaires de l’Ouest. Il prit part aux combats de Brou contre les
Prussiens, sous les ordres du général de Sonis ; puis à la bataille de Patay,
où le général et les zouaves devaient s’immortaliser sous les plis de la
bannière du Sacré-Coeur. Beaucoup de Français furent tués, ainsi qu’à la bataille
de Loigny, le 2 décembre 1870.
" Il n’y a plus qu’à invoquer la
religion à son secours et à se jeter à corps perdu dans les bras de la Providence
: c' est ainsi que la Foi console et fortifie ; c' est elle qui fait de
la douleur un sujet d' invincible espérance. " écrit-il à ses parents.
Aux premiers jours de 1871, Charette fut nommé général de brigade et Théodore
sous-lieutenant. Le 13 août, les trois bataillons dont se composaient les
Volontaires de l’Ouest assistaient pour une dernière fois à la messe militaire
de l’aumônier en chef. Après la messe, ils se transfomèrent en carrés, et le
général de Charette annonça le licenciement officiel du régiment. Les zouaves
n’existaient plus ! Quelques jours plus tard, ce fut la république... Théodore
Wibaux, sur le conseil d' un cousin jésuite, fit une retraite dans le
collège de la Compagnie à Saint-Acheul à Amiens : " Je ne voudrais pas
sortir d' ici avec le désespoir dans l' âme, j’y voudrais rester ; mais je ne
me sens pas digne. " Il faiblit toutefois à l’idée de quitter le monde; il
veut entrer dans les troupes d' Afrique. La crise dura peu de temps. Ce que
Théodore avait été aux zouaves, il le fut au noviciat des Jésuites.
Ensuite il fut envoyé à Boulogne, comme
professeur au collège Notre-Dame. Avec 35 enfants de 11 ans, il développa une
émulation incroyable. Le Père Wibaux menait ses élèves comme sur un champ de
bataille et ils se prêtaient avec ardeur à ce jeu ! Il suivit ses élèves jusqu'
à la classe de troisième. La joie fut bien grande lorsqu' un jour arriva
de la part de Pie IX une magnifique gravure adressée à l’ancien zouave avec une
bénédiction spéciale pour ses élèves et toute une phrase écrite de la main du
Pontife. En 1880, les lois de la IIIème république dispersèrent les Jésuites
qui durent s’exiler à Jersey...
Le Père Wibaux fut alors un ardent zélateur de la consécration des familles au
Sacré Coeur, dans les pages du " Messager du Sacré-Coeur ". Lorsqu'
il atteint ses 33 ans, il dit à son supérieur : " Je mourrai cette année !
". A la fin du mois de mai se déclara une maladie d’entrailles, et le 10
juin1882 le sacrifice était consommé... décède à Saint Helier à Jersey le 10
juin 1882 ; Dans son testament, il avait déclaré : "
Je fais le sacrifice de ma vie au Sacré Coeur, je l’offre pour la France,
l’Eglise, la Compagnie, la canonisation de Pie IX (aujourd’hui bienheureux...),
le régiment, Charette, le Pape régnant (Léon XIII) et pour tous les miens.
" D' après un récit de Louis Dumoulin, paru en 1902 in Les Contemporains.
Bibliographie : R.P. du Coëtlosquet, Théodore Wibaux, Zouave pontifical et
Jésuite. R. Billard des Portes, Histoire des zouaves pontificaux. Le Père
Wibaux est un exemple parmi d’autres de tant de vocations du XIXème siècle
empreintes de sacrifice et d’amour de la Patrie. Je ne sais pas si son souvenir
est encore conservé. S’il n’est pas déclaré officiellement saint, puisse
néanmoins sa mémoire aider les âmes hésitantes devant les choix d'
aujourd’hui ! Lien : http://www.loire1870.fr/volontaire2.htm
Illustration : le colonel de Charette sous la bannière du Sacré Coeur, à
côté de Jeanne d' Arc (vitrail de l' église de La Guerche, Ille-et-Vilaine
) ;
Autres Zouaves pontificaux
apparentés, outre Théodore Wibaux et son beau-frère,
Carlos Eugène Cordonnier.
Victor Charvet 1847-1933, zouave
pontifical, aveugle à 30 ans, épouse Gabrielle Locoge; il fut zouave
pontifical à la suite d’une visite rendue par Charrette à ses parents (en
décembre 1866, Athanase de
Charette de la Contrie devient lieutenant-colonel des zouaves
toujours sous le commandement d'Allet.). Il fut blessé, le 25 novembre, à
Jura l’Evèque sur le plateau d’Alvain. CHARVET Victor 13-juin-97 Grenoble
Isère Grenoble Isère Zouave 16-avr-17 le Godat 1917. Victor Charvet est un cousin issu de germains de
Charles I Jérôme Prouvost. |
Ubalde Arsène Joseph Dewavrin, fils de Philippe Auguste
Joseph DEWAVRIN, né 1801 - Tourcoing, décédé 1872, Filateur de coton, marié à
Roubaix avec Delphine Pélagie
BULTEAU, né le 7 juin 1832 à Tourcoing ; Ubalde décéda le 11 juillet 1864 en Italie et inhumé
dans la cathédrale San Pietro à Frascati ; semble faire partie de la
troisième liste ("table alphabétique des sous-officiers, caporaux et
hommes de troupe français ayant appartenu aux corps des Tirailleurs
franco-belge et des zouaves pontificaux). Il est cousin issu de germain de Charles I Prouvost-Scrépel.
Gaspar Desurmont, fils de
Gaspard Desurmont 1823-1895 et Eugénie Motte 1825-1889, marié le
15 octobre 1913 avec Gabrielle Duchange en 1893, lui aussi engagé sous la
bannière de Charrette, tué au mans à 22 ans. Il y a aujourd’hui la 12°
génération portant le prénom de Gaspar Desurmont…
André Bernard, comte romain
et Bernard (1er, 18
mars 1913), né le 3 février 1844,
Lille, décédé le 25 octobre 1913,
Paris (69 ans), zouave pontifical, marié
le 27 octobre 1868,
Lille, avec Mathilde Tilloy,
née le 14 juin 1851,
Lille, décédée le 21 juillet 1892,
Courrières (Pas-de-Calais) (41 ans), dont
André, comte Bernard (2e), né le 27 novembre 1869, Courrières (Pas-de-Calais), décédé le 19 novembre 1909, château de La Mazure (Mayenne) (39 ans), officier de cavalerie, marié le 12 juin 1900, Laval (Mayenne), avec Marie Le Marié , née le 5 janvier 1881, décédée le 4 janvier 1923, château de La Mazure (Mayenne).
Ils collaborent à la revue septentrionale : Le Beffroi
« Il y a à Lille une vaillante
revue, le Beffroi; elle a déjà fait parler d'elle par un plébiscite bizarre
visant à créer dans les rêves bleus, une Académie de Poètes élus par le
suffrage universel; elle a pris la défense de l'orthographe menacée par les
cruels romanistes; elle fait mieux, elle publie des livres de vers de ses
collaborateurs. Il en est d'excellents celui de M. Amédée Prouvost, à la Gloire
du travail, le Promeneur, de M. Francis Eon, une série de nobles poésies de M.
Roger Allard, la Divine aventure, et de M. Théo Varlet. »
Définir
des
livres d’un écrivain, c'est définir l’
écrivain lui-même. Amédée Prouvost est
tout entier dans ses deux recueils « l’ âme
voyageuse », le
« Poème du travail et du
Rêve » ; c’est de ce dernier que,
spécialement, que nous parlerons, étant, sinon le
meilleur, du moins le plus
récent. Amédée Prouvost qui est en même
temps l’ un des heureux de ce monde, le
fils du pays de l’ usine, jette un regard d’artiste, mais
d’artiste seulement,
sur le grouillement noir ou s’exténue le travail moderne.
Les rimes, non
vulgaires, sont toutes bruissantes du frémissement farouche des
machines en
marche et la courbe précise du vers dessine à nos yeux
minutieusement le geste
même de l’ ouvrier attentif aux mouvements des engrenages.
Parfois, une pesée
de songe vient déchirer la brume opiniâtre et c’est
« Le rouet des grand’mères »
ou la « Navette agile du vieux tisserand à la
main » qui s’évoquent.
Un coin d’horizon s’entrouvre au bout du canal où
passent les chalands et voici
s’élargir tout l’ espace. Voici des prairies en
perspective et d’innombrables
troupeaux dont la dépouille compose les tissus de l’
usine. Un lyrisme continu
et mesuré signale ces sonnets d’une rare maitrise
d’exécution. Avant toute
choses, Amédée Prouvost est un consciencieux. Son talent
est fait de précision,
d'équilibre et de sérénité et sa technique,
traditionnellement pure, n’emprunte
rien aux véhémences prodigieuses d'un Verhaeren, Tout est
pondération et
sagesse en sa poésie et, à ce titre, elle apparaît,
avant toutes choses, comme
une grande leçon morale. Il dit sa vie
égale et attentive d'industriel délicat et lettré et cela est beau".